Policiers: Pourquoi Darmanin calme-t-il le jeu avec Pulvar?
POLITIQUE - Une main tendue pour sortir du cyclone. Moins de deux jours après avoir annoncé son intention de porter plainte contre Audrey Pulvar, le ministre de l’Intérieur propose désormais à la candidate socialiste aux régionales en Île-de-France...
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POLITIQUE - Une main tendue pour sortir du cyclone. Moins de deux jours après avoir annoncé son intention de porter plainte contre Audrey Pulvar, le ministre de l’Intérieur propose désormais à la candidate socialiste aux régionales en Île-de-France de la rencontrer Place Beauvau.
C’est en tout cas ce qu’il indique ce mardi 25 mai sur Twitter, là où s’est jouée cette nouvelle polémique, dans un message en forme de rétropédalage. “J’ai entendu, ce matin, les propos de madame Audrey Pulvar sur LCI explicitant clairement que, pour elle, la police n’était pas raciste. J’en prends acte”, écrit ainsi le “1er flic de France” qui s’évertuait, la veille, à dénoncer les propos “scandaleux” de l’ancienne journaliste, l’accusant de “diffamer” les forces de l’ordre pour avoir jugé “glaçant” leur récent rassemblement devant l’Assemblée nationale.
Car au-delà de la droite parisienne, d’une partie de la majorité ou de certains syndicats de police, la manoeuvre de Gérald Darmanin n’a pas rencontré un vif succès dans la sphère politique ou médiatique. En affichant sa volonté de porter cette affaire en justice, le ministre ne s’est pas seulement attiré les foudres d’une gauche unie derrière la candidate socialiste. Il a également crispé son propre camp... jusqu’à la numéro 3 du gouvernement, Barbara Pompili.
Le cas Darmanin embarrasse (encore) la majorité
Interrogée ce mardi 25 mai sur la plainte de son collègue, la ministre de la Transition écologique a fait entendre sa petite musique en plaidant pour des échanges d’idées, loin du terrain judiciaire.
“D’une manière générale, le débat politique peut vivre sans passer par les tribunaux. On est dans un pays de droit, dans un pays de liberté et la liberté c’est aussi la liberté d’expression. Je crois qu’il y a une place pour le débat, y compris dans des périodes électorales, même un peu musclé”, a-t-elle ainsi fait valoir sur Europe 1, avant d’ajouter, avec une pointe de regret: “Là, le choix a été fait de mettre ces débats devant les tribunaux, dont acte.”
Visiblement gênée par la tournure des événements -avant le signe d’apaisement de Gérald Darmanin-, l’ancienne élue d’Europe Écologie les Verts n’est pas la seule, dans la majorité, à afficher une ligne différente de celle du ministre de l’Intérieur. Et comme elle, certains n’hésitent pas à le faire à visage découvert. Huges Renson, le vice-président (LREM) de l’Assemblée nationale s’est par exemple fendu d’un tweet, lundi, dont le destinataire ne laissait que peu de place au doute. “La démocratie suppose d’accepter les désaccords, même les plus fondamentaux. C’est aux Français, par leur vote, qu’il appartient de les trancher. Pas à l’autorité judiciaire”, écrivait ainsi le fondateur -avec Barbara Pompili- du parti ‘En Commun’, censé incarner l’aile gauche de la majorité.
La démocratie suppose d’accepter les désaccords, même les plus fondamentaux.
— Hugues Renson (@huguesrenson) May 24, 2021
C’est aux Français, par leur vote, qu’il appartient de les trancher. Pas à l’autorité judiciaire.
D’autres préfèrent critiquer le locataire de la Place Beauvau en gardant l’anonymat. Un “ministre” s’épanche ce mardi auprès de franceinfo et reproche à son collègue “d’aller chercher des allume-feu” en s’en prenant ainsi à Audrey Pulvar. Elle “est à peine à 10% d’intentions de vote. Quel besoin d’aller lui tirer dessus à coups de lattes?”, s’interroge cette source, quand une autre, un “macroniste parisien” estime que “tous les démocrates ne peuvent qu’être gênés” par la démarche et les attaques de Gérald Darmanin.
Une plainte sans fondement?
Autant de petites bisbilles internes à la majorité qui en rappellent de nombreuses autres, certes sur différents sujets, mais souvent avec le ministre de l’Intérieur comme dénominateur commun. D’autant que s’il s’attache désormais à apaiser la situation, l’ancien cadre des Républicains n’a pas l’intention de renoncer à porter l’affaire en justice, et ce en dépit des doutes sur le bien-fondé juridique de son action. “Par ce tweet, il ne renonce pas à la plainte. Il salue les propos clairs d’Audrey Pulvar ce matin et souhaite échanger avec elle”, tient à préciser l’entourage du ministre à l’AFP.
Précisément, sa plainte vise -au-delà des déclarations de la candidate PS sur le récent rassemblement policier- une vidéo de juin 2020, exhumée samedi sur Twitter par Pierre Liscia, porte-parole de Libres!, le mouvement de Valérie Pécresse, candidate à sa réélection en Île-de-France. L’ancienne journaliste y dénonçait “le racisme dans la police” en France, lors d’une manifestation à Paris en hommage à George Floyd, cet Afro-Américain tué par un policier à Minneapolis il y a un an, presque jour pour jour.
Des propos sans doute frappés de prescription puisque le délai en matière de diffamation est de trois mois. Interrogé par l’AFP à ce sujet, l’entourage de Gérald Darmanin répondait, lundi, qu’ils pouvaient être malgré tout “versés en accompagnement de la plainte pour l’étayer”. Peu convaincant pour la candidate PS en Île-de-France qui répondait alors en annonçant plusieurs actions en justice, dont une plainte pour “dénonciation calomnieuse” devant être instruite par la cour de justice de la République.
Reste désormais à savoir si la rencontre entre les deux protagonistes Place Beauvau permettra à cette affaire de quitter le terrain judiciaire pour regagner le débat politique. “Je suis contente que le ministre de l’Intérieur ait entendu mon propos dans son intégralité, qui était le même propos que celui que j’ai toujours tenu”, martelait Audrey Pulvar ce mardi en acceptant avec “enthousiasme”, la “main tendue” de Gérald Darmanin. Gageons en tout cas que ces futurs échanges seront plus apaisés et constructifs que les différentes réactions sur les réseaux sociaux.
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