Pour la rentrée, les enseignants sont-ils plus vaccinés contre le Covid?

VACCINATION - Cours préparés, copies corrigées, profs vaccinés… ou pas. Neuf jours après l’ouverture de “créneaux dédiés” pour la vaccination des enseignants, élèves et professeurs reprennent le chemin des classes ce lundi 26 avril. Mieux protégés...

Pour la rentrée, les enseignants sont-ils plus vaccinés contre le Covid?

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Des pompiers attendant des volontaires devant un centre dédié à la vaccination des enseignants et forces de l'ordre, le 18 avril 2021 à Paris dans le 13e arrondissement.

VACCINATION - Cours préparés, copies corrigées, profs vaccinés… ou pas. Neuf jours après l’ouverture de “créneaux dédiés” pour la vaccination des enseignants, élèves et professeurs reprennent le chemin des classes ce lundi 26 avril. Mieux protégés contre le coronavirus? Difficile à dire. 

Depuis le samedi 17 avril, une partie du personnel de l’Éducation nationale, dont les enseignants, a été annoncée comme prioritaire pour la vaccination. L’objectif? Calmer une grogne qui s’est amplifiée au fil des retards successifs du calendrier et rassurer pour la rentrée en présentiel -dès ce lundi pour le 1er degré, à partir du 3 mai pour le secondaire. 

Comment fonctionnent ces “créneaux dédiés” qui permettent d’éviter une trop longue attente? Au HuffPost, Guislaine David, co-secrétaire générale et porte-parole du SNUipp-FSU explique que les dispositifs diffèrent selon les centres et les départements. “Dans certains, les personnels se rendent sur le centre de vaccination avec une fiche de salaire pour montrer qu’ils sont bien dans l’éducation nationale, et puis ils sont pris en charge dans l’ordre d’arrivée. Dans d’autres, il a fallu réserver des créneaux et prendre rendez-vous”, détaille la représentante du 1er syndicat du 1er degré.

Voilà pour le process. Mais a-t-il eu l’efficacité escomptée? À J+10 du lancement du dispositif, impossible d’avoir des données chiffrées pour se faire un avis objectif. La DGS, contactée par Le HuffPost, renvoie vers le ministère de l’Éducation nationale. Lequel a d’ores et déjà été sollicité par les syndicats sur ce point, en vain pour l’instant. 

Sans estimations officielles, il faudra donc se contenter des remontées de terrain. Et à ce niveau, les instances syndicales sont unanimes: “La majeure partie des enseignants qui seront dans les classes lundi ne seront pas vaccinés. Et dans les semaines à venir, ils ne le seront toujours pas”, résume Guislaine David.

 “Il n’y pas eu de véritable priorité”

L’annonce de Jean Castex sur ce dispositif spécial avait laissé une partie des concernés sceptique: la vaccination étant déjà ouverte aux 55 ans et plus, ces créneaux, limités à la même tranche d’âge, allaient-ils vraiment permettre d’accélérer la vaccination au sein de la profession? 

Au HuffPost, la secrétaire nationale de la Sgen-CFDT Laetitia Aresu explique “ne pas avoir de remontées” sur la façon dont cette vaccination s’est déroulée, car la plupart des personnes interrogées par le syndicat étaient déjà vaccinées, soit en raison de leur état de santé, soit parce qu’elles avaient pu bénéficier de surplus de doses. Ce qui interroge un peu plus sur l’opportunité de la stratégie de priorisation par âge. 

Du côté du Snuipp-FSU, les données sont plus nombreuses. Et diverses, selon les territoires. “C’est très variable d’un département à l’autre. Dans certains, il y a eu une bonne communication (du département, NDLR) et plusieurs centres de vaccination où des créneaux étaient réservés”, explique la porte-parole.

Mais ailleurs, en Moselle par exemple, les choses ne se sont pas faites aussi simplement. La faute, selon le syndicat, à un manque d’anticipation du gouvernement, doublé d’une mauvaise communication. Dans un communiqué publié le 23 avril, le SNES-FSU évoque lui aussi des “contacts en catastrophe des principaux concernés le vendredi après-midi (avec parfois des informations très tardives rendant impossible l’inscription comme ces collègues qui ont reçu un mail les informant de cette vaccination du week-end….après le week-end).”

“Il n’y a pas eu de véritable priorité. La priorité que l’on réclame, c’est d’ouvrir sur les autres tranches d’âges”, répète avec lassitude Guislaine David.

L’écueil d’une priorisation par âge

C’est le nerf de la guerre pour les syndicats. Depuis le début, le gouvernement - conseillé par la HAS et le Conseil scientifique - fait reposer sa stratégie vaccinale sur l’âge, les formes les plus graves de la maladie se développant principalement chez les personnes âgées. C’était en tout cas le cas avant l’apparition des variants, qui ont entraîné une nette diminution de l’âge moyen des personnes en soins intensifs. Pour suivre le pas, le gouvernement a peu à peu abaissé l’âge d’accès au vaccin. 

Mais pour les membres de l’Éducation nationale, la limite de 55 ans reste encore trop haute par rapport à l’âge moyen de la profession: 42,7 ans, nous précise la représentante Sgen-CFDT. En moyenne, les plus de 50 ans représentent environ un quart des enseignants du 1er degré. Limité aux 55 ans et plus, il n’y a plus que 13,4% d’éligibles à la vaccination. “On est davantage sur une tranche 42-45 ans que sur des 50-55 ans”, précise Laetitia ARESU.

Unanimement, tous les syndicats réclament donc un changement de stratégie au sein de l’éducation nationale. Ou a minima, d’abaisser l’âge d’accès au vaccin: “La tranche d’âge 40-49 ans, c’est 36% des enseignants dans le 1er degré. Quand on regarde de 40 ans à plus de 55 ans, on est à 63% de la profession. Donc quand on aura vacciné tous les plus de 40 ans, on aura plus de 60% des enseignants du 1er degré qui seront vaccinés”, fait valoir Guislaine David.

Elle imagine aussi une stratégie plus territorialisée lorsque la situation s’y prête. En Seine-Saint-Denis par exemple, où le taux d’incidence dépasse les 600, et où les 45-64 ans sont la catégorie qui enregistre à ce jour le plus d’hospitalisation. Or, dans ce département, la population enseignante est particulièrement jeune. Et donc loin d’avoir accès à la vaccination, si l’on s’en tient à une priorisation par l’âge.  

Rendez-vous “en mai juin”? 

Vendredi 23 avril, Jean-Michel Blanquer, pressé par les journalistes, a évoqué sur franceinfo les mois de “mai-juin” pour la vaccination de l’ensemble des enseignants. “Un peu plus vite que tout le monde”, a-t-il affirmé. 

Interrogés par Le HuffPost, les syndicats restent de marbre face à cette nouvelle échéance. “On va prendre notre mal en patience”, souffle Laetitia ARESU du Sgen-CFDT. “On verra bien. On entend l’annonce, on ne se réjouit ni plus ni moins”, ajoute-t-elle. La représentante Snuipp-FSU pointe de son côté un créneau “super large” où in fine, la vaccination des moins de 50 ans ne commencera pas avant fin juin. C’est-à-dire à la fin de l’année scolaire 2020-2021.

Plus nuancé, le Sgen-GFDT fait également le même constat: “On ne va pas dire qu’il est trop tard, parce qu’on sait bien que l’épidémie risque de perdurer et que tous les moyens sont bons pour que les personnels soient protégés. Maintenant, oui, on peut dire que ça traine.”

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