Pour libérer les brevets des vaccins, médecins, ONG et syndicats lancent un "appel de Paris"

VACCIN - Face à la pénurie, l’idée continue d’essaimer. Jeudi 11 mars, plusieurs ONG, syndicats, médecins et intellectuels ont lancé un “appel de Paris” pour “libérer la production des vaccins” contre le Covid-19, lors d’une conférence de presse...

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Un soignant tient un flacon du vaccin britannique AstraZeneca.

VACCIN - Face à la pénurie, l’idée continue d’essaimer. Jeudi 11 mars, plusieurs ONG, syndicats, médecins et intellectuels ont lancé un “appel de Paris” pour “libérer la production des vaccins” contre le Covid-19, lors d’une conférence de presse organisée en visioconférence. Dans la mire des signataires: la “défense acharnée des brevets” par l’industrie pharmaceutique.

“Les vaccins sont là, nous savons les produire, mais ils ne sont toujours pas accessibles au plus grand nombre”, déplore le texte signé, entre autres, par Médecins du Monde, Sidaction, l’ex-ministre et directrice générale d’Oxfam France Cécile Duflot ou encore Laurent Ziegelmeyer, représentant de la CGT Sanofi.

Pour contrer “l’iniquité dans l’accès au vaccin”, ces derniers réclament “la réquisition des outils de production” et la levée des brevets, en suspendant temporairement les Accords sur les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce (ADPIC). Une option actuellement en négociation au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à l’initiative de l’Inde et de l’Afrique du Sud.

Début février, des élus du Parti communiste avaient manifesté devant le siège de Pfizer à Paris pour formuler les mêmes demandes (restées sans réponse), comme vous pouvez le voir dans notre reportage ci-dessous.

Une évidence stratégique

Pour les signataires de cet appel, la libération des brevets serait donc une évidence d’un point de vue moral, en matière d’inégalités d’accès au soins, mais aussi de la stratégie sanitaire.

“Si nous ne vaccinons pas l’ensemble de la population mondiale, l’apparition de variants pourraient rentre inopérant les vaccins qui existent aujourd’hui”, a expliqué Cécile Duflot. Selon Ofxam France, les pays riches vaccinent aujourd’hui une personne toutes les secondes, alors que 70 pays n’auraient reçu aucune dose.

Cette campagne de vaccination ”à deux vitesses” doit donc cesser, urgent les signataires. “Les systèmes de santé des régions les plus démunis sont mis à rude épreuve par ce virus. Il faudra donc aider les États les plus fragiles”, avance Juliana Veras, représentante de la Coordination SUD, regroupement de 170 ONG françaises.

En France, “la pénurie (de vaccin), les soignants la vivent en première ligne. Ils savent le nombre de morts et de séjours en réanimation qui auraient pu être évités si on avait une vaccination massive”, a rappelé Richard Bennarous, ex-directeur du département maladies infectieuses de l’Institut Cochin, pour qui les vaccins devraient être une “une ressource publique mondiale”, à l’instar de “la séquence du virus identifiée par la recherche publique”. 

Après un départ poussif, la campagne de vaccination française a trouvé un rythme de croisière avec un peu plus de 100.000 doses de vaccins injectées chaque jour. Mais si le gouvernement se veut confiant, le fait est que les doses prévues aujourd’hui pour les semaines et mois à venir ont bien changé par rapport aux premières estimations, notamment à cause de divers retards de production des laboratoires, comme le montrent plusieurs graphiques élaborés par Le HuffPost

À voir également sur Le HuffPost : En Bretagne, un “vaccimobile” contre le Covid-19 pour les personnes âgées isolées