Pour Portugal-France, Thomas Pesquet s'offre une place depuis l'ISS
EURO 2020 - Jour de match pour les Bleus! Les hommes de Didier Deschamps affrontent ce mercredi 23 juin le Portugal de Cristiano Ronaldo à Budapest pour la dernière rencontre des phases de poule. Et l’Équipe de France pourra compter sur un...
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EURO 2020 - Jour de match pour les Bleus! Les hommes de Didier Deschamps affrontent ce mercredi 23 juin le Portugal de Cristiano Ronaldo à Budapest pour la dernière rencontre des phases de poule. Et l’Équipe de France pourra compter sur un supporter supplémentaire en la personne de Thomas Pesquet!
Le spationaute français de retour dans la station spatiale internationale depuis le 24 avril va pouvoir visionner la rencontre sur son temps libre grâce au travail du “Crew support”. Cette équipe est chargée de prendre soin des spationautes en mission. Andreas Orth travaille depuis 2013 dans ce service de l’agence spatiale européenne (ESA) basé à Cologne en Allemagne. Il explique au HuffPost les spécificités et les contraintes d’une diffusion d’un match de l’Euro 2020 dans l’ISS.
Le HuffPost: Pouvez-vous nous expliquer le rôle du Crew Support?
Andreas Orth: La mission du Crew Support est d’aider les astronautes sur le plan personnel et de rendre leur vie à bord de l’ISS aussi “normale” que possible afin qu’ils puissent se concentrer pleinement sur leur mission. Le Crew Support recueille les demandes très personnelles des astronautes et y répond. Par exemple, nous organisons régulièrement des réunions vidéo avec les familles des astronautes.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous faites face pour diffuser un match en orbite?
Le 1er problème auquel nous sommes confrontés, que le match soit en direct ou non, est celui des droits numériques. Si vous regardez un match sur le site d’une chaîne de télévision française, il y a de fortes chances qu’il existe des géo-blocages qui vous empêchent de regarder le match depuis d’autres parties du monde. C’est la 1ère chose à laquelle nous devons faire face lorsque nous envisageons de diffuser un match sur l’ISS. Nous prenons contact avec les chaînes et leur expliquons la situation pour clarifier cela d’un point de vue juridique. Une fois que nous avons parlé aux bonnes personnes, nous parvenons toujours à trouver une solution. Ils peuvent débloquer une adresse IP très spécifique qui sera utilisée sur un ordinateur à Houston, au Johnson Space Center de la NASA.
Que se passe-t-il ensuite?
Cet ordinateur est utilisé pour établir la connexion des astronautes de l’ISS pour chaque événement en direct. Nous utilisons la même bande passante qui permet également d’organiser des conférences de presse ou des entrevues en direct. En dehors des heures de travail, nous leur diffusons généralement CNN, ESPN... toute chaîne de télévision que l’équipage choisit.
Nous faisons un test pour vérifier avec eux que Houston a accès à la diffusion en direct. Bien sûr, il y a beaucoup de problèmes de sécurité informatique. Nous devons nous assurer que tous les pare-feu autorisent l’accès, puis le processus est simple. La NASA, à Houston, diffuse simplement le flux en direct et l’envoie ensuite à l’ISS.
Est-ce vraiment du direct ou il y a un décalage?
Il y a peut-être un délai de trois ou quatre secondes au maximum. C’est donc presque en direct. Lorsque la France marque un but, Thomas le verra quasiment en même temps que tous les Français!
Rencontrez-vous d’autres problèmes?
Toutes les communications avec l’ISS se font par satellite. L’ISS est en orbite à seulement 400 km et va très, très vite. Les commandes, la télémétrie, tout ce que nous voulons envoyer aux astronautes passe par le réseau de satellites géostationnaires. Ce réseau ne tourne autour de la terre qu’une fois toutes les 24 heures, donc beaucoup plus lentement que l’ISS. Nous devons donc changer de satellite pour continuer à communiquer avec l’ISS toutes les 45 minutes. Il y a donc toujours une brève perte de signal à ce moment-là et cela se ressent évidemment lors du visionnage d’un match en direct. Cela peut durer quelques secondes à plusieurs minutes.
Peuvent-ils voir tous les matchs de la compétition?
Certains matchs sont diffusés l’après-midi, et les astronautes n’ont pas le temps de les regarder en raison de leur emploi du temps chargé sur l’ISS. C’est pourquoi le 1er match que Thomas pourra regarder en direct sera le match France-Portugal du 23 juin.
Nous leur envoyons également les matches en différé, mais cela n’a évidemment pas la même saveur pour eux qu’un match en direct. Thomas ne nous a pas dit s’il avait regardé la rencontre France-Allemagne. Peut-être n’en a-t-il pas parlé parce que ce n’était pas un bon match pour nous (Andreas Orth est Allemand, ndlr) et qu’il voulait être gentil!
À quel point est-ce important de divertir les astronautes de l’ISS ?
Au début, les missions sur l’ISS étaient relativement courtes, puis elles sont devenues de plus en plus longues, et maintenant les missions durent de six mois à un an. Vous pouvez être concentré à 200% parce qu’il y a beaucoup de travail et ne pas avoir besoin de temps libre pour vous pendant quelques semaines ou quelques mois. Mais au bout d’un moment, il faut se changer un peu les idées. Ils sont dans un espace confiné, ils sont seuls là-haut... alors on essaie d’organiser des petits moments dans la journée qui les font se sentir mieux pour qu’ils gardent le moral. Cela améliore même leur productivité. Ils sont bien formés, ils aiment leur travail mais il ne faut pas oublier le facteur humain dans ces missions spatiales.
En plus de voir des matches, vous leur permettez également de voir des films, comment ça marche?
Ils ont deux heures et demie d’exercice par jour et c’est ce moment qu’ils utilisent généralement pour regarder des films. Ils disposent d’une grande base de données dans laquelle ils peuvent choisir librement. C’est quelque chose de similaire à ce que nous pourrions avoir sur Terre, comme Netflix par exemple, sauf qu’il ne s’agit pas de streaming, tout est déjà chargé dans l’ordinateur. En plus de cela, Thomas peut demander d’autres films. La plupart des astronautes sont russes et américains et les films proviennent de ces pays. Thomas peut donc demander des productions françaises, par exemple. Nous avons le même processus : les fichiers sont envoyés à Houston qui se charge de les transmettre directement à l’ISS. Là encore, nous devons nous assurer que nous respectons toutes les lois concernant les droits numériques.
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