Pour "Thalassa", Georges Pernoud avait fait construire sa péniche sur mesure

TÉLÉVISION - Georges Pernoud présentateur vedette... et aussi (presque) maître d’œuvre. Celui qui a animé pendant 42 ans le magazine de la mer est décédé ce lundi 11 janvier à l’âge de 73 ans. Et le journaliste avait réalisé l’un de ses rêves...

Pour "Thalassa", Georges Pernoud avait fait construire sa péniche sur mesure

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TÉLÉVISION - Georges Pernoud présentateur vedette... et aussi (presque) maître d’œuvre. Celui qui a animé pendant 42 ans le magazine de la mer est décédé ce lundi 11 janvier à l’âge de 73 ans. Et le journaliste avait réalisé l’un de ses rêves en faisant construire sur mesure une péniche pour préparer et enregistrer ses émissions, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

Lancé en 1975, le rendez-vous mensuel des amoureux de la mer et des beaux paysages est d’abord enregistré dans un studio... avant de prendre une autre dimension grâce à ses succès d’audience. Le programme devient hebdomadaire et rythme les vendredis soirs de France 3 dès la quatrième saison. Puis en 1986, Pernoud et son équip(ag)e déménagent quai Alexandre III pour investir une péniche qui appartient au Touring Club de France. Le navire construit en 1919 -encore à flot aujourd’hui à Clichy (péniche Touta)- est loué par France TV qui le transforme en bureaux pour préparer ses émissions jusqu’en 1998. 

Mais le bateau n’est pas totalement adapté aux tournages d’émissions de télévision et Georges Pernoud réussit à porter auprès de France Télévisions un projet un peu fou: celui de construire une péniche pour l’émission. Pour ce chantier très spécial, le service public fait appel au cabinet Flahault Design (aujourd’hui Chenet Design) pour concevoir ce lieu atypique en suivant le cahier des charges du présentateur de France 3.

Un croquis réalisé par

“C’était la première fois que nous concevions un bâtiment flottant stationnaire de ce type”, se souvient Pierre-Édouard Chenet, ancien associé d’Olivier Flahault, l’architecte qui a donné vie à ce projet. “On a dû concevoir dans un bateau des studios d’enregistrement, de montage, une salle d’archives dans les cales du navire et même un plateau télé.” Un chantier peu banal mené en un an aux Chantiers de la Haute-Seine à Villeneuve-le-Roi (Val-de-Marne). Coût des travaux: 1,9 million d’euros.

“Les nouveaux  souffraient du mal de mer”

Le studio flottant est finalement installé en 2000 sur le quai André Citröen (15e arrondissement), à deux pas des locaux de France Télévisions. En plus d’accueillir les équipes de “Thalassa”, le navire servait de bureau pour le magazine “Faut pas rêver” de France 3. En tout, une quarantaine de personnes travaillaient à bord de ce bureau flottant.

“Les nouveaux et les stagiaires qui avaient le mal de mer souffraient un peu les premiers jours et devaient sortir du bateau car ils n’arrivaient pas à tenir”, se remémore Juliette Lambot, journaliste depuis 1998 au magazine devenue rédactrice en cheffe. ”C’était un endroit chaleureux et convivial. On se retrouvait sur de grandes tables rondes et on se racontait nos histoires de tournages, nos galères.”

Les conférences de rédaction se tenaient quant à elles dans la cale du navire... quand celui-ci n’était pas pris dans les eaux! En juin 2016, la crue de la Seine pousse les équipes de “Thalassa” à plier bagages. “Cette péniche nous confrontait aux éléments naturels et quand la Seine débordait nous étions obligés de déménager.  Nous étions comme des marins en fait et cela nous mettait en condition pour nos tournages”, raconte la journaliste.

En 2017, Georges Pernoud avait expliqué sur le site internet de la ville de Paris les raisons de la construction de ce bateau devenu emblématique dans le PAF aux fils des années.

“On s’est dit, pourquoi ne pas construire un bateau à côté de France Télévisions? C’est ainsi qu’est née la péniche ‘Thalassa’. Comme elle n’a pas de moteur, un pousseur l’a amenée ici en 2000, on tenait à être en face du parc André Citroën qui est magnifiquement entretenu. Je préfère être ici, sur un petit bateau, peinard. Même s’il y a un clébard en particulier qui nous fait chier (sic), c’est marrant il aboie systématiquement quand certains journalistes sont en visionnage et ont besoin de se concentrer.”

Une seconde vie après la télé 

Au début des années 2010, certaines émissions ne sont plus proposées depuis la péniche éponyme. C’est notamment le cas en 2012, lorsque le phare de Saint-Mathieu dans le Finistère sert de toile de fond pour le magazine pendant toute une saison. En perte de vitesse, l’émission devient mensuelle en 2016, avant que Pernoud ne parte en 2017, à la suite de changements de programmation qu’il déplorait. Pour ses dernières émissions, les lancements n’étaient plus enregistrés dans la péniche mais en extérieur, comme lors de ses adieux tournés sur la plage à Saint-Malo, comme vous pouvez le revoir ci-dessous.

Après son départ, la péniche a trouvé une seconde vie grâce à “Wake up Café” qui l’a rachetée en décembre 2019. Cette association dont -France TV est partenaire- aide à la réinsertion d’anciens détenus passés par la prison. “Nous avions débuté notre projet il y a six ans sur un bateau à Meudon, puis sur une péniche à Boulogne-Billancourt et on s’est rendu compte des bienfaits d’avoir un lien avec l’eau et la nature pour ces personnes: symboliquement on les remet à flot”, explique au HuffPost Clotilde Gilbert, ancienne aumônier de prison et directrice de “Wake up Café”.

Après six mois de travaux, l’association a transformé le “Thalassa” en un restaurant associatif, devenant ainsi un haut lieu de l’économie sociale et solidaire à Paris. Ouvert depuis juillet 2020, le navire amarré au port de Javel Haut peut accueillir 500 personnes et permet à d’anciens détenus de se former aux métiers de la restauration.

Comme un clin d’œil à l’histoire de l’ancien studio flottant, le célèbre “carré Thalassa” où étaient tournées les émissions a été conservé ainsi que son canapé tournant, conçu lui aussi à la demande de Georges Pernaud. “On aime bien les histoires qui se poursuivent et on est assez fiers de cet héritage”, conclut la directrice de l’association.

Georges Pernoud en quelques chiffres

George Pernoud
Infogram

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