Pour une révolution institutionnelle face aux féminicides
FÉMINICIDES - 1382: c’est le nombre de féminicides depuis 10 ans en France. Au moins deux ont eu lieu ces 4 derniers jours: lundi 6 septembre à Montélimar, une femme a été poignardée par son ex-conjoint devant ses 4 enfants, et mardi 7 septembre...
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FÉMINICIDES - 1382: c’est le nombre de féminicides depuis 10 ans en France. Au moins deux ont eu lieu ces 4 derniers jours: lundi 6 septembre à Montélimar, une femme a été poignardée par son ex-conjoint devant ses 4 enfants, et mardi 7 septembre un homme en attente de deux jugements pour violences conjugales a tué sa compagne par étouffement. D’année en année, les tragédies se suivent et se ressemblent, et nous continuons à compter nos mortes.
Révolution budgétaire
Malgré les annonces en grande pompe, la lutte contre les violences machistes n’est en rien une priorité de Bercy. Nous investirons 1 milliard par an sur la lutte contre les violences faites aux femmes, dont la moitié sera pilotée directement par le ministère des droits des femmes (soit 12 fois plus que les 40 millions actuels). Une somme dont il faut relativiser l’importance, si on la compare aux 95,6 milliards annuels que nous coûte la masculinité toxique.
Elle permettra de soutenir pleinement les associations et collectifs qui écoutent, accueillent, accompagnent, protègent les femmes et leurs enfants. 4000 places d’hébergement spécialisé supplémentaires seront déployées partout en France. Aucun. e jeune ne sortira de l’école sans avoir abordé le sujet des violences sexistes et sexuelles chaque année, comme la loi le prévoit. Ces mesures créeront en outre 20.000 emplois. À la clé ce sont aussi 20.000 emplois utiles.
Ce budget permettra aussi de se doter d’une administration digne de ce nom, capable d’impulser et de piloter concrètement la lutte contre les violences faites aux femmes sur le terrain et de financer la formation obligatoire de tou.te. s les acteurs et actrices susceptibles de jouer un rôle dans la protection des femmes.
Révolution institutionnelle
Nous refusons d’entendre l’argument de “dysfonctionnements” qui coûtent régulièrement la vie à des femmes, à l’instar de Chahinez Daoud en mai 2021 à Mérignac. Nous remettrons à plat la chaîne de protection des femmes dans le cadre d’un conseil stratégique de lutte contre les féminicides, qui évaluera chaque trimestre l’atteinte des objectifs de chaque ministère. Nous préconisons la création de parquets spécialisés sur les violences sexuelles et conjugales, dotés de compétences civiles et pénales et des moyens qui leur font défaut. C’est nécessaire pour assurer la cohérence des décisions de justice, leur bonne mise en œuvre, la rapidité des mesures de protection des victimes et de sanction des auteurs, et le fait que ces dernières soient à la hauteur de la gravité des faits commis.
Le gouvernement prétend que 90% des personnes portant plainte pour violences conjugales sont satisfaites de leur accueil en commissariat: c’est un mensonge.
Près d’une femme tuée sur 5 avait porté plainte
Notre police ne traite pas les victimes comme elles devraient l’être. Il est encore couramment proposé de faire des mains courantes ou de demander un certificat médical pour porter plainte: c’est illégal et cela met en danger les victimes. Les discours qui relativisent les violences subies ou culpabilisent les victimes aussi.
De nombreux policiers et policières font de leur mieux, dans des conditions très difficiles. Mais les faits sont là: près d’une femme tuée sur 5 avait porté plainte. Nous proposons la mise en place d’équipes spécialisées, dotées de moyens spécifiques et dont la mission 1ère sera la protection des femmes, par des mesures pouvant aller jusqu’à la protection rapprochée en fonction du degré de danger. Il faudra démultiplier l’utilisation des téléphones grave danger et des bracelets électroniques que la France utilise 15 fois moins que l’Espagne, où il y a proportionnellement 2 fois moins de féminicides qu’en France. Possibilité de déposer plainte 24 h/24 et 7 jours sur 7, l’hôpital ou dans les maisons des femmes, convocation systématique sous 24 h des auteurs présumés suite à une plainte, confiscation des armes à feu du conjoint supposé violent dès le dépôt de plainte: toutes ces mesures peuvent sauver des vies, nous les mettrons en place immédiatement.
La question qui se pose est celle de la valeur que notre République accorde à la vie des femmes. Nous disons que ces vies n’ont pas de prix, et que les sauver nécessite une révolution.
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Ont également signé cette tribune:
- Éva Joly
- Christian Metairie, Maire d’Arcueil
- Clément Rossignol Puech, maire de Bègles
- Anne-Claire Boux, Adjointe écologiste à la politique de la Ville, Mairie de Paris
- Charlotte Soulary, Militante féministe et membre du Bureau Executif d’EELV
- Laura Slimani, Adjointe au Maire de Rouen en charge de l’égalité femmes hommes, Fondation des femmes
- Aurélien Taché, député
- Raymonde Poncet, Sénatrice
- Guillaume Gontard, Sénateur
- Aurélien Taché, Député
- Claire Lejeune, militante écologiste et doctorante en philosophie
- Jérôme Gleizes, Conseiller de Paris
- Julie Muret, conseillère municipale déléguée ville et genre de Malakoff, ancienne porte-parole d’Osez Le Féminisme
- Charles Fournier, Vice-président région Centre-Val de Loire
- Marie Coiffard, Co-responsable de la Commission Féministe d’EELV
- Béatrice Vessillier, Vice-présidente à la Métropole de Lyon
- Jean-Charles Kohlhaas, Vice-président à la Métropole de Lyon
- Nour Durand-Raucher, Conseiller de Paris
- Antoine Maurice, Conseiller municipal de Toulouse
- Fabienne Greberg, Conseillère régionale AURA
- Cyrielle Chatelain, membre du CN EELV
- Soukaina Larabi, militante féministe
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