Pourquoi, en Birmanie, les manifestants sont dans des piscines gonflables?

BIRMANIE - Les trottoirs de Rangoun avaient des allures de parc aquatique ce mercredi 10 février. Pour un cinquième jour consécutif, des milliers de Birmans sont descendus dans les rues pour protester contre le coup d’État du 1er février. Et...

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BIRMANIE - Les trottoirs de Rangoun avaient des allures de parc aquatique ce mercredi 10 février. Pour un cinquième jour consécutif, des milliers de Birmans sont descendus dans les rues pour protester contre le coup d’État du 1er février. Et certains d’entre eux ont usé d’inventivité pour respecter la loi comme vous pouvez le voir dans notre vidéo en tête d’article.

Au lendemain d’un raid nocturne de l’armée contre le siège du parti d’Aung San Suu Kyi, de jeunes manifestants ont gonflé des piscines en caoutchouc devant l’ambassade du Japon pour réclamer le soutien de la communauté internationale. 

Cette action astucieuse leur a permis de contourner l’interdiction des rassemblements de plus de cinq personnes imposée le 8 février dans les principales villes du pays par les militaires, qui ont invoqué des “fraudes” lors des législatives de novembre pour justifier leur coup d’État. Une façon aussi de rappeler que le mouvement se veut pacifiste, alors que la police réprime les manifestations avec des balles en caoutchouc depuis ce lundi à Naypyidaw et Mandalay.

“Nous réfléchissons toujours à comment être plus créatifs et comment attirer l’attention internationale”, a expliqué à l’AFP Moe Myat Theingi, étudiante de l’Université technologique de Rangoun. “C’est la toute première fois que notre génération est confrontée à une protestation et nous sommes inspirés par des jeunes d’autres pays. Nous sommes jeunes et indomptables, mais nous ne voulons pas mettre qui que ce soit en danger. Notre génération Z est donc intelligente et nous allons protester intelligemment.”

Ces derniers jours, des centaines de milliers de manifestants ont défilé à travers le pays, réclamant la libération des personnes détenues, la fin de la dictature et l’abolition de la constitution de 2008, très favorable à l’armée. Depuis le coup d’État le 1er février, le nombre de personnes arrêtées a atteint 190, selon une ONG d’aide aux prisonniers politiques.

Slogans percutants et signes symboliques

Leurs pancartes le martèlent: la junte militaire est “pire qu’un ex”-petit ami, que d’avoir “ses règles”. Depuis le début de la crise politique, la jeunesse connectée n’hésite pas à protester à l’aide de slogans percutants, qui trouvent un large écho sur les réseaux sociaux.

Le commandant en chef de l’armée, Min Aung Hlaing, est particulièrement pris pour cible, après le putsch qui a renversé le gouvernement civil d’Aung San Suu Kyi. “Nos rêves sont plus grands que M.A.L.”, une inscription à la main, fait ainsi allusion à la petite taille du commandant en chef. Autre véritable cri du coeur, la phrase “Min Aung Hlaing, je te déteste plus que mes règles” figure sur une pancarte brandie par la fenêtre d’une voiture.

Des photos de ces slogans ont été partagées des milliers de fois sur les réseaux sociaux, avec des retweets et des commentaires d’utilisateurs à Hong Kong, aux États-Unis ou ailleurs.

Parmi les sources d’inspirations du mouvement, la contestation de 2014 en Thaïlande après le coup d’État militaire. De cette protestation, la jeune génération birmane a repris le salut à trois doigts, une symbolique que l’on doit au film “Hunger Games”, comme vous pouvez le revoir dans notre vidéo ci-dessous.

Le rôle clé d’internet

Rien de tout cela n’aurait été possible il y a dix ans. Avant que la Birmanie n’entame sa transition démocratique en 2011, des cyber cafés étaient présents dans les grandes villes, mais l’accès à Skype, Gmail et Facebook était restreint, en raison de l’isolement imposé par les militaires.

Malgré l’explosion de l’usage des smartphones dans le monde entier, seule la Corée du Nord avait moins de téléphones portables que la Birmanie, où les cartes SIM coûtaient des milliers de dollars.

Cette situation a changé en 2013, quand le gouvernement a mis fin au monopole d’Etat sur les télécommunications et quand les prix des cartes SIM ont chuté, tandis que des téléphones chinois bon marché, avec Facebook préchargé, sont devenus largement accessibles.

Les militaires ont déjà essayé ces derniers jours de réduire l’accès à internet, mais des utilisateurs ont alors contourné la censure en utilisant des VPN ou des cartes SIM étrangères, avant que cet accès ne soit rétabli. Comme le dit l’un des slogans qui prolifèrent en Birmanie, les militaires ont “plaisanté avec la mauvaise génération”.

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