Pourquoi et comment lutter contre la dépression pré et postnatale - BLOG

GROSSESSE - La santé mentale périnatale, de la mère, du couple et du bébé, est un enjeu majeur de la naissance. Trop souvent éclipsée, car tabou et anxiogène dans nos sociétés, le constat n’en est pas moins accablant: alors que 54% des femmes...

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Beaucoup d’idées reçues circulent sur la grossesse: un moment qui se veut

GROSSESSE - La santé mentale périnatale, de la mère, du couple et du bébé, est un enjeu majeur de la naissance. Trop souvent éclipsée, car tabou et anxiogène dans nos sociétés, le constat n’en est pas moins accablant: alors que 54% des femmes enceintes sont dans un état d’angoisse*, parmi elles 37% souffrent de dépression prénatale**.

Après la naissance, 20% de toutes les femmes ayant accouché souffrent d’une dépression maternelle postnatale. C’est considérable. Prendre en charge très tôt ces patientes est donc primordial! Ce sujet, s’il est connu du corps médical, doit être mieux appréhendé. Et cette prise de conscience dans nos sociétés doit avoir lieu à travers des programmes de soin adaptés, évidemment, mais aussi directement par les premiers intéressés: les futurs parents.

En effet, beaucoup d’idées reçues circulent sur la grossesse: un moment qui se veut “exceptionnel” pour les femmes, de connexion avec le bébé, sur lesquelles pèsent beaucoup d’attentes et “d’obligation au bonheur”. Et c’est comme cela que honte et sentiment d’incompréhension s’ajoutent à la maladie.

La grossesse, une étape charnière

Tout comme à l’adolescence, la grossesse est une étape charnière de la vie qui dévoile les forces et les fragilités des futurs parents. Pendant cette période, la femme passe du statut d’enfant de ses propres parents à celui de mère d’un enfant encore inconnu. Un changement aux conséquences émotionnelles lourdes, lié à la transformation du corps et à des modifications de la vie psychique.

La nature et l’ampleur de la crise que peuvent causer ces bouleversements sont variables, allant de la normalité jusqu’à des manifestations graves. De plus, les premiers liens avec l’enfant se créent pendant toute la période de grossesse, et seront le socle de son développement, conférant encore plus d’importance à l’état émotionnel maternel et parental pendant les “mille premiers jours” de la naissance.

Il est du devoir des gynécologues, des sages-femmes, des pédiatres et des médecins traitants de mieux accompagner et d’identifier les situations à risque, le plus précocement possible en période prénatale, afin de définir avec les femmes et les couples des stratégies de soins adaptées à leurs besoins. Cet effort de dépistage doit être pleinement intégré à l’entretien prénatal précoce (EPP), obligatoire depuis le 1er mai 2020. Car au-delà de permettre la construction d’un parcours de soin adapté pour tous les parents, cet entretien est un cadre privilégié qui permet d’identifier les situations à risque comme les antécédents familiaux ou, les pathologies chez les parents et les facteurs psychosociaux, afin de faire émerger la stratégie de prévention ou de soin la plus pertinente.

Établir un programme de soins

Mais cela ne s’arrête pas là. Une fois le dépistage établi, il est nécessaire de proposer aux patientes identifiées à risque, simultanément aux outils de soins déjà répandus (consultations spécialisées, psychothérapies, médication), des dispositifs de soin, validés scientifiquement œuvrant pour la sécurité émotionnelle. Et ce processus doit se poursuivre après la naissance de l’enfant, au regard des 25% d’enfants qui souffrent de troubles précoces*** du développement quand leur mère a connu une dépression maternelle postnatale.

Selon les préconisations des “Mille premiers jours, programme promu actuellement par le ministère des Solidarités et de la Santé, “les 1000 premiers jours (de lenfant), sont essentiels, pour son développement, mais aussi pour la santé globale de ladulte qu’il deviendra”. Les femmes enceintes, les couples et les nouveau-nés, identifiés à risque lors de leur parcours à la maternité doivent bénéficier d’un programme de soins, promouvant la sécurité émotionnelle maternelle, avant la naissance, et la sensibilité maternelle et le maternage dans la rencontre avec l’enfant.

Il s’agit ainsi de garantir une continuité entre la période prénatale et la période postnatale, et de faire de la sécurité psychologique des femmes, des couples et des bébés, dès le prénatal, une ambition et un engagement pour les prochaines années.

Nous disposons donc d’un socle scientifique suffisant pour comprendre que la tendresse, l’empathie, l’accueil de la différence, la capacité à s’adapter et à discerner la réalité des citoyens de demain se jouent, pour notre société, aujourd’hui.

__________________________________
* Lee, Obstet Gynecol 2007 Nov ; 110(5):1102-12

** Lee, Obstet Gynecol 2007 Nov ; 110(5):1102-12

*** L. Murray, J Child Psychol Psychiat, 1992, 33, 543-561

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