Pourquoi la proposition de loi contre la maltraitance animale écarte les sujets les plus sensibles

POLITIQUE - C’est l’histoire d’un texte contre la maltraitance animale qui écarte d’emblée des débats sur la chasse à courre, la corrida ou encore l’élevage intensif. Si cela peut paraître surprenant, c’est bien le choix qui a été fait concernant...

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Un activiste du groupe

POLITIQUE - C’est l’histoire d’un texte contre la maltraitance animale qui écarte d’emblée des débats sur la chasse à courre, la corrida ou encore l’élevage intensif. Si cela peut paraître surprenant, c’est bien le choix qui a été fait concernant cette proposition de loi qui sera examinée à l’Assemblée nationale à partir de ce mardi 26 janvier. Le texte porté par les députés LREM Laëtitia Romeiro Dias et Loïc Dombreval, ainsi que leur collègue Agir Dimitri Houbron écarte en effet volontairement les sujets qui fâchent. 

Un choix qui est en réalité parfaitement assumé. “Il fallait se focaliser sur des objectifs réalisables. Je ne voulais pas que ça tourne en guerre civile dans la majorité”, explique au HuffPost un pilier du parti macroniste, qui a activement œuvré en coulisses pour écarter la chasse du texte, qui se souvient des passes d’armes au moment de la proposition de loi faite par Cédric Villani.

Visons, abandons et animaux sauvages

“C’était un choix politique de construire un consensus sur quelques axes et de reporter le débat sur d’autres sujets sur lesquels le consensus est aujourd’hui impossible en France”, renchérit auprès du Monde le député LREM des Français d’Amérique du Nord, Roland Lescure.

Pour les défenseurs de la proposition de loi, ce choix ne doit pas cacher le fait que ce texte reste le plus ambitieux jamais étudié au Palais Bourbon sur cette question. Parmi les mesures étudiées, l’interdiction (progressive) de l’exploitation des animaux sauvages dans les cirques itinérants, les delphinariums ou encore les émissions télévisées (à l’image de Ford Boyard). Par ailleurs, le texte prévoit l’interdiction sous cinq ans d’élever des visons d’Amérique du Nord pour leur fourrure. 

Autre volet important abordé par le texte, l’abandon des quelque 100.000 chats et chiens déploré chaque année en France, un record en Europe. Pour lutter contre ce phénomène, la proposition de loi prévoit l’instaurant d’un “certificat de connaissance” avant chaque acquisition d’un animal de compagnie. Une disposition visant à lutter contre la défense de certains propriétaires, qui avancent qu’ils ne “savaient pas”.

Par ailleurs, le texte entend également durcir les sanctions pénales contre les sévices commis envers les animaux: trois ans d’emprisonnement et 45.000 euros d’amende si les sévices ont entraîné la mort de l’animal. En cas de condamnation, les auteurs pourront être interdits de détenir un animal, et un un stage de sensibilisation pourrait leur être imposé. 

“Bonne conscience”  

Malgré ces dispositions, l’absence des dossiers sensibles fait l’objet de critiques. Saluant les “avancées” du texte, le député Insoumis, Bastien Lachaud, dénonce néanmoins une “loi insuffisante” servant à donner “bonne conscience” aux élus LREM. “Rien sur les méthodes cruelles de chasse”, déplore-t-il, regrettant que les amendements déposés par son groupe, notamment sur l’élevage intensif, aient été jugés irrecevables.

Très impliqué sur ce thème, le député ex-LREM Matthieu Orphelin déplore également que nombre de sujets aient été écartés. Le proche de Nicolas Hulot a notamment déposé plusieurs amendements, sur la chasse à courre et l’élevage en cages notamment. 

Des initiatives qui risquent de se heurter au refus de La République en Marche, qui ne veut surtout pas que le texte bute sur des sujets clivants, d’autant que la proposition de loi bénéficie d’une forme de consensus rare au sein de la majorité. À titre d’exemple, le député LREM de l’Aude, Alain Péréa, qui co-préside le groupe d’études chasse pêche et territoire, a apporté son soutien au texte. Une infime minorité de marcheurs (trois députés) ont affiché une distance avec la proposition de loi, à l’image du député LREM de la Creuse (et agriculteur) Jean-Baptiste Moreau, qui a refusé de signer le texte.    

Pour rappel, près de 7 Français sur 10 (69%) considèrent que les animaux sont mal défendus par les politiques, selon le baromètre Ifop pour la Fondation 30 Millions d’Amis. Et ce ne sont pas les angles morts de ce texte qui devraient les faire changer d’avis.

À voir également sur Le HuffPost: Pourquoi l’Assemblée n’a pas voté la fin des animaux sauvages dans les cirques