Pourquoi la subvention de cette mosquée à Strasbourg provoque un tollé

POLITIQUE - “Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée”. Dans un tweet publié dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 mars, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a pris pour cible...

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Gérald Darmanin photographié en session de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale le 2 mars (illustration)

POLITIQUE - “Vivement que tout le monde ouvre les yeux et que la loi séparatisme soit bientôt votée et promulguée”. Dans un tweet publié dans la nuit du lundi 22 au mardi 23 mars, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a pris pour cible la mairie EELV de Strasbourg. En cause, le projet de subvention de 2,5 millions d’euros visant à financer 10% de la mosquée Eyyub Sultan, laquelle deviendrait la plus grande d’Europe. 

Or, derrière ce projet pharaonique figure l’organisation Millî Görüş. Ce qui fait bondir le ministre de l’Intérieur, qui accuse la maire écologiste Jeanne Barseghian et ses adjoints d’aider une association islamiste. “La mairie verte de Strasbourg finance une mosquée soutenue par une fédération qui a refusé de signer la charte des principes de l’islam de France et qui défend un islam politique”, a accusé Gérald Darmanin sur Twitter.  Dans un second tweet, le ministre de l’Intérieur indique avoir saisi le préfet pour contester cette subvention devant le tribunal administratif. 

Du côté de la mairie, on justifie une procédure banale, en indiquant qu’il s’agit du pourcentage habituel pour le subventionnement des lieux de culte dans la capitale alsacienne. Mais pas de quoi calmer les critiques, notamment du côté de la majorité, qui y voit l’occasion de rouvrir le procès en “islamogauchisme” à l’encontre des écolos.

“La municipalité de Strasbourg remporte le Prix Erdogan récompensant le conseil municipal le plus communautariste de France”, s’emporte sur Twitter le député LREM du Cher François Cormier-Bouligeon. “Ainsi EELV soutient et même encourage l’islam politique. Strasbourg a pourtant souffert. Une telle dérive est incompréhensible et inqualifiable”, renchérit la députée des Français de l’étranger, et porte-parole de LREM, Anne Genetet.   

Dans le même temps, le conseil municipal strasbourgeois est également accusé d’avoir rejeté lors de cette même session une résolution contre l’antisémitisme. “Quelles motivations derrière cet abandon de la lutte contre l’antisémitisme sous toutes ses formes? À mesure que les digues sautent, les masques tombent”, a accusé la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon. 

L’organisation Millî Görüş dans le viseur

Si Gérald Darmanin monte au créneau, c’est en raison de la réputation controversée de l’association Millî Görüş, une organisation politico-religieuse d’origine turque, qui a d’abord vu le jour en Allemagne. En France, la Confédération islamique Millî Görüş (CIMG) gère 71 mosquées et compte 10.000 adhérents. Membre du Conseil français du culte musulman, l’association fait partie de celles qui ont refusé de ratifier la charte de l’islam de France. Mais au-delà de ce rejet qui sonnait déjà comme un mauvais signal du côté de l’exécutif, l’association est soupçonnée, voire accusée, de promouvoir au sein de la communauté turque en France l’agenda politico-religieux du président Recep Tayyip Erdoğan. 

“C’est du soft power. Depuis 2014, les Turcs de l’étranger peuvent voter aux élections, cela permet à Erdogan de consolider sa base pour les futures élections. Voir une telle association, presque au service d’une puissance étrangère, prendre de l’ampleur sur le sol français est inquiétant. L’Etat doit s’en alarmer”, analysait au mois de septembre pour Le Parisien, Jean Marcou, professeur à Sciences-Po Grenoble et spécialiste de la Turquie contemporaine. Selon le chercheur, cette association très conservatrice sur le plan des valeurs nourrit “le même projet que les Frères musulmans: faire de l’islam politique”. À Strasbourg, les pratiques douteuses de l’association en lien avec la construction de la mosquée avait attiré l’attention de la presse d’investigation locale.  

Autant d’éléments qui offrent au ministre de l’Intérieur une sorte de “cas d’école”, dans l’application du projet de loi séparatisme, lequel vise entre autres à lutter contre l’ingérence étrangère via le culte musulman. Par ailleurs, cette confrontation à distance avec cette association turque est à observer dans le prolongement de la dissolution des Loups Gris, annoncée en novembre par Gérald Darmanin. Une “association de fait” et ultra-nationaliste également accusée d’être au service de Recep Tayyip Erdoğan sur le sol français. 

Pour ce qui est de la mosquée Eyyub Sultan à Strasbourg, le versement effectif de la subvention, critiquée par l’opposition municipale, fera prochainement l’objet d’un nouveau vote.

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