Pourquoi la visite de Castex en Algérie est annulée à la dernière minute
POLITIQUE - La visite du Premier ministre français à Alger, prévue ce dimanche 11 avril et perçue comme un signe de réchauffement entre les deux pays aux relations complexes, a été reportée sine die, officiellement pour cause sanitaire, mais...
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POLITIQUE - La visite du Premier ministre français à Alger, prévue ce dimanche 11 avril et perçue comme un signe de réchauffement entre les deux pays aux relations complexes, a été reportée sine die, officiellement pour cause sanitaire, mais en réalité pour des raisons diplomatiques, selon des sources proches du dossier.
“L’épidémie de Covid-19 ne permet pas à ces délégations de se retrouver dans des conditions pleinement satisfaisantes”, ont annoncé les services de Jean Castex à l’AFP jeudi 8 avril en début de soirée. Le comité intergouvernemental franco-algérien, cadre prévu pour cette rencontre, “est donc reporté à une date ultérieure, lorsque le contexte sanitaire sera plus favorable”, selon les mots de Matignon.
Mais, de sources concordantes françaises et algériennes à l’AFP, le format de la délégation française, réduit en raison de l’épidémie, a été jugé insuffisant par les autorités hôtes, mécontentes, ce qui a précipité cette annulation tardive.
Une visite en “sous-format”?
“Le format de la délégation n’est pas à la hauteur” selon Alger, a ainsi indiqué une source française ayant connaissance du dossier. “La visite à été réduite à une seule journée et la délégation à quatre ministres. C’est un sous-format alors qu’il y avait beaucoup de dossiers bilatéraux à étudier”, a confirmé une source algérienne.
La visite du Premier ministre français devait marquer une nouvelle étape dans le réchauffement bilatéral engagé par les présidents Emmanuel Macron et Abdelmadjid Tebboune.
Après des tensions lors du soulèvement populaire du Hirak il y a deux ans, Emmanuel Macron a opté pour un soutien ouvert au président Tebboune, dont l’élection fin 2019 a été massivement rejetée par la population et qui reste contesté dans la rue. Un appui qui suscite des critiques au sein du mouvement pro-démocratie.
Les deux pays entretiennent des relations tumultueuses depuis des décennies, fruit de l’histoire coloniale et de la guerre d’indépendance algérienne (1954-1962). En France comme en Algérie, cette histoire partagée est un sujet sensible pour une frange importante de la population.
Emmanuel Macron, 1er président français né après la guerre d’Algérie, a fait certains gestes d’ouverture pour tenter d’apaiser cette relation, comme la reconnaissance de l’assassinat d’un militant indépendantiste, ou encore une ouverture des archives françaises de la période de la guerre.
Les initiatives d’Emmanuel Macron font partie des recommandations mémorielles de l’historien Benjamin Stora dont le rapport a été critiqué en Algérie notamment parce qu’il ne préconise pas d’“excuses” de Paris.
La France qualifiée d’“ennemi traditionnel et éternel”
Le chef de l’Etat algérien a réaffirmé dimanche 4 avril que la mémoire nationale “ne saurait faire l’objet de renonciation ni de marchandage” alors que les gouvernements algériens successifs ont utilisé la guerre d’indépendance contre la France comme ciment politique.
Tandis que certains médias algériens vantaient le réchauffement franco-algérien, le ministre du Travail et de la Sécurité sociale, Hachemi Djaâboub, a lancé jeudi devant le Sénat une virulente attaque contre la France, qualifiée d’“ennemi traditionnel et éternel”, selon le site en ligne TSA.
La réunion de dimanche avait pour but de tenir pour la 1ère fois depuis décembre 2017 un “comité intergouvernemental de haut niveau” (CIHN), co-présidé par Jean Castex et son homologue Abdelaziz Djerad, afin de faire le point notamment sur la coopération économique entre les deux pays.
Le mouvement de protestation populaire du “Hirak” qui a conduit à la chute du président Abdelaziz Bouteflika en 2019, la crise sanitaire, mais aussi l’état de santé du président Tebboune, n’ont pas permis la tenue récente d’une nouvelle édition de ce CIHN.
Plusieurs sujets étaient sur la table -économique, sécuritaire, éducation, culture- et des accords “dans quelques domaines de coopération” devaient être signés, avaient indiqué les services du Premier ministre français, sans préciser.
En préambule à la visite désormais reportée, le chef d’Etat major des armées français, le général François Lecointre, a été lui reçu à Alger jeudi par le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) Saïd Chanegriha pour un déplacement non annoncé au cours duquel le militaire algérien a sollicité l’assistance de Paris pour la “réhabilitation” des sites des essais nucléaires français au Sahara il y a 60 ans.
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