Pourquoi le coffret 20 ans/20 films de Shellac est un indispensable ? 

Dans la chaîne alimentaire de la culture, il existe une place à la fois prestigieuse et indispensable mais aussi parfois ingrate et souvent précaire : celle de l’accoucheur·euse de talents, ces personnes dont le précieux instinct consiste en...

Pourquoi le coffret 20 ans/20 films de Shellac est un indispensable ? 

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Dans la chaîne alimentaire de la culture, il existe une place à la fois prestigieuse et indispensable mais aussi parfois ingrate et souvent précaire : celle de l’accoucheur·euse de talents, ces personnes dont le précieux instinct consiste en une capacité à flairer le potentiel de jeunes artistes et à accompagner les prémices de leur œuvre, avant de les laisser poursuivre ailleurs. Cette place, Shellac l’occupe depuis maintenant vingt ans.

Créée en 2002 par Thomas Ordonneau, qui en assure toujours la direction aujourd’hui, cette société de production, de diffusion et d’exploitation, baptisée Shellac (acronyme de Société Héliotrope de Libre Action Culturelle) n’a quasiment pas d’équivalence en terme de rayonnement sur le cinéma d’auteur indépendant français, mais aussi européen. 

Le talent du pas de côté

Modèle de décentralisation (toujours basée à Marseille, la société y gère l’exploitation de deux cinémas, La Baleine et Le Gyptis), Shellac a également acquis la gestion en 2021 du Saint-André des Arts à Paris avec, à la clé, un dynamisme retrouvé, qui en fait aujourd’hui l’une des places fortes de la cinéphilie parisienne. Mais, plus que ses activités d’exploitation et de diffusion via une plateforme de VOD maison, le cœur de l’activité de Shellac est la production et la distribution. Et c’est justement cette richesse que célèbre le magnifique coffret qui commémore cet anniversaire en alignant 20 films qui, de 2003 à 2023, disent l’importance de Shellac dans le paysage du cinéma d’auteur contemporain. 

Avoir 20 ans, c’est être déjà adulte, mais il s’agit d’un paradoxe puisque l’une des forces de Shellac est de toujours jouer les Peter Pan du cinéma d’auteur. Chevillé à la jeune création, Thomas Ordonneau n’a cessé de croire à des 1ers films en dehors des sentiers rabattus, comme cette année les excellents Lucie perd son cheval de Claude Schmitz et Mourir à Ibiza de Anton Balekdjian, Léo Couture et Mattéo Eustachon. On le disait, il y a une dimension ingrate puisqu’après ce coup d’essai, les cinéastes découvert·es iront souvent voguer vers des producteur·ices et des distributeur·ices plus doté·es financièrement, à l’image de Justine Triet. Son 1er film, La Bataille de Solférino, présent dans le coffret, a été produit par Ecce Films (autre acteur majeur de jeune cinéma d’auteur français) et diffusé par Shellac. 

Parmi les autres pépites françaises découvertes, comment ne pas citer Virgil Vernier, Serge Bozon, Emmanuel Mouret, Antonin Peretjatko, Damien Manivel et Léonor Serraille dont on retrouve ici les 1ères œuvres . Tous·tes ont depuis confirmé leur talent dans leurs films suivants, avec à la clef moult récompenses : Palme d’or pour Triet, Lumière du meilleur film pour Mouret, prix Jean-Vigo pour Bozon. 

Des choix validés par le public

Et si Shellac ne récolte pas d’autres lauriers que ceux du prestige d’avoir cru en ces jeunes auteurs et que les entrées en salles ne sont pas toujours au rendez-vous, les succès publics existent aussi : Martin Eden de Pietro Marcello a par exemple rassemblé 150 000 spectateur·ices tandis que Tabou de Miguel Gomes en a intéressé 200 000. Le génial réalisateur portugais est justement une des exceptions du catalogue Shellac puisqu’il leur est fidèle de films en films. Sauvagerie et Grand Tour, ces deux prochains projets, sont coproduits par Shellac. À l’international et en plus de Gomes et Marcello, Lav Diaz, Lucrecia Martel, Angela Schanelec ou encore Cristi Puiu font partie des cinéastes produit·es et/ou distribué·es.

Alors si on se gardera bien de définir ce qu’est “un film Shellac”, on dira tout de même qu’il se situe souvent à la marge, soit géographique avec un attrait particulier pour la nature et la campagne (Le Parc, Secteur 545, Ce cher mois d’août, La Fille du 14 juillet, Mouton, Music) plus que pour la ville, d’ailleurs souvent filmée comme une jungle urbaine (La Bataille de Solférino, Mercuriales), soit sociale avec des personnages en rupture avec la société et dont la Jeune femme de Léonor Serraille est le meilleur exemple, soit formelle avec des mises en scènes toujours audacieuses. Pour saisir l’importance de Shellac dans la création cinématographique, on se souviendra que représenter les marges, c’est comme le disait Godard “c’est ce qui permet aux pages de tenir ensemble”

Commander le coffret ici. 

LISTE DES FILMS :

  • Mods, de Serge Bozon (2003)
  • Secteur 545, de Pierre Creton (2005)
  • Changement d’adresse, de Emmanuel Mouret (2006)
  • Les Bureaux de Dieu, de Claire Simon (2008)
  • Ce cher mois d’août, de Miguel Gomes (2009)
  • La Fille du 14 juillet, de Antonin Peretjatko (2013)
  • La Bataille de Solférino, de Justine Triet (2013)
  • Mouton, de Marianne Pistone et Gilles Deroo (2014)
  • Mercuriales, de Virgil Vernier (2014)
  • Norte, la fin de l’histoire, de Lav Diaz (2015)
  • The Other Side, de Roberto Minervini (2015)
  • La Jeune fille sans mains, de Sébastien Laudenbach (2016)
  • Le Parc, de Damien Manivel (2017)
  • Jeune Femme, de Léonor Serraille (2017)
  • Western, de Valeska Grisebach (2017)
  • Zama, de Lucrecia Martel (2018)
  • Genèse, de Philippe Lesage (2019)
  • Martin Eden, de Pietro Marcello (2019)
  • Malmkrog, de Cristi Puiu (2020)
  • La Légende du roi crabe, de Alessio Rigo de Righi et Matteo Zoppis (2022)
  • Music, de Angela Schanelec (2023)

EN SUPPLÉMENT

  • Un livret de 40 pages
  • Un 21e film