Pourquoi les policiers auront droit à la gratuité dans les trains

POLICE - “Les propos du ministre supposent que l’on avance.” Lundi 29 mars, à l’occasion d’un déplacement en Moselle du côté de Thionville, Gérald Darmanin a fait une sortie largement commentée depuis. Le ministre de l’Intérieur a effectivement...

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Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé la gratuité prochaine des trajets entre le lieu de travail et la résidence familiale pour les policiers (photo d'illustration prise le 25 mars à l'occasion d'un déplacement de Gérald Darmanin à Bordeaux).

POLICE - “Les propos du ministre supposent que l’on avance.” Lundi 29 mars, à l’occasion d’un déplacement en Moselle du côté de Thionville, Gérald Darmanin a fait une sortie largement commentée depuis. Le ministre de l’Intérieur a effectivement annoncé que les policiers pourraient bénéficier, à compter du 1er janvier 2022, de la gratuité des voyages en train entre leur résidence familiale et le lieu de travail, sur tous les TGV et Intercités. 

Une idée qui n’est pas neuve, loin de là. Elle faisait notamment partie des chantiers sur lesquels travaillaient le ministère et les syndicats de la police nationale depuis la signature d’un protocole en 2016. Plus récemment, les syndicats Unsa et Alliance avaient même conditionné leur participation au Beauvau de la sécurité au fait que cette promesse -entre autres- devienne réalité. 

Or Gérald Darmanin s’était engagé dans les négociations avec la SNCF auprès des syndicats policiers. “Le ministre confirme ses engagements, il confirme ce qu’il nous avait dit et ce qu’il nous avait écrit dans son courrier avant l’ouverture du Beauvau”, réagit auprès du HuffPost Thierry Clair, le secrétaire général adjoint d’Unsa Police. “On sera vraiment satisfaits quand la mesure concrète nous sera présentée, en fonction des conditions qui nous seront soumises”, précise-t-il toutefois. 

Les policiers favorisés? 

Sur les réseaux sociaux, la déclaration de Gérald Darmanin a en tout cas fait couler beaucoup de pixels, de nombreux internautes s’insurgeant contre ces avantages accordés aux policiers. 

Et d’opposer notamment le traitement réservé aux cheminots (statut qui n’est plus accordé aux nouveaux employés de la SNCF), lesquels avaient été pointés du doigt dans un rapport de la Cour des comptes de 2019 qui dénonçait par exemple les “facilités de circulation”, ces billets gratuits ou presque auxquels leurs familles et eux ont droit. Estimant le surcoût causé par de tels avantages à plusieurs dizaines de milliers d’euros en 2019, la Cour des comptes préconisait à l’époque de limiter leur spectre. 

Pour Thierry Clair, le syndicaliste de l’Unsa, des raisons propres au fonctionnement de la police nationale expliquent pourtant ce traitement réclamé par les policiers.

Isolement et “blocage statutaire”

À commencer par un “blocage statutaire” qui fait qu’un policier n’a pas le droit d’être muté tant qu’il n’a pas passé au moins cinq ans sur le lieu de sa 1ère affectation. “80% des sorties d’école de police débouchent sur une affectation en Île-de-France”, détaille-t-il, et ce quelle que soit la région d’origine du jeune fonctionnaire. “Cela crée des situations d’isolement, des policiers qui ne peuvent pas assumer le coût des transports pour rentrer chez eux, d’autant qu’ils doivent déjà se loger en région parisienne où les loyers sont très élevés”, déclare encore le syndicaliste, évoquant une “mesure sociale”.  

Thierry Clair rappelle aussi qu’au sein du ministère de l’Intérieur, les policiers cohabitent avec les gendarmes, des militaires qui ont, en comparaison, plusieurs avantages de taille: prise en compte de 75% de leurs frais de transport en train par l’État ou logement de fonction par exemple. 

À noter enfin que si les annonces de Gérald Darmanin portaient sur les trajets au niveau national, des accords de gratuité existent déjà dans plusieurs régions, où les policiers peuvent emprunter gratuitement les TER: Pays de la Loire, PACA, Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, selon la liste édictée par Thierry Clair. En Île-de-France, les policiers ont également accès sans payer aux transports en commun opérés par la RATP lorsqu’ils ne bénéficient pas déjà d’un véhicule de fonction. 

Reste désormais à voir à quelles modalités obéira cette gratuité, dont les contours n’ont pas encore été détaillés par Gérald Darmanin ou le ministère. Des négociations sont encore en cours entre les organisations syndicales, l’Intérieur et la SNCF. Les syndicats espèrent par exemple élargir le prisme de la gratuité, alors que certains représentants évoquent l’idée de policiers armés qui se signaleraient au contrôleur à leur embarquement à bord d’un train pour pouvoir être sollicités en cas de besoin. 

À voir également sur Le HuffPost: Après de nouvelles accusations de violences policières, Gérald Darmanin réitère sa confiance au préfet de police de Paris, Didier Lallement