Pourquoi “Mourir peut attendre” est l’un des meilleurs “James Bond”
Rassemblée à l’UGC Normandie, la critique française avait rendez-vous mardi 29 septembre avec le 25e James Bond. Mainte fois repoussé à cause de la pandémie, Mourir peut attendre devait, sur le papier, à la fois être le théâtre des adieux de...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
Rassemblée à l’UGC Normandie, la critique française avait rendez-vous mardi 29 septembre avec le 25e James Bond. Mainte fois repoussé à cause de la pandémie, Mourir peut attendre devait, sur le papier, à la fois être le théâtre des adieux de Daniel Craig et offrir à 007 un tout nouveau costume, retouché par Phoebe Waller-Bridge (créatrice des géniales Fleabag et Killing Eve, des séries marquées, entre autres, par un renversement des codes assignés aux personnages féminins, et ici co-scénariste).
L’une des grandes réussites du film est d’avoir mêlé ces deux attentes et de les avoir largement dépassées. Sans rien dévoiler du film (et surtout de sa renversante conclusion), Mourir peut attendre est à la fois un crépuscule déchirant et une aube éblouissante.
Audacieuse mise à jour
Dire que ce nouvel opus brillamment mis en scène par Cary Joji Fukunaga (réalisateur de la 1ère saison de True Detective) impressionne par la radicalité de son scénario serait un euphémisme. De la révolution féministe à Black Lives Matter, en passant par le Covid, le film embrasse ce qui s’est passé de majeur durant ces quatre dernières années. Son génie est de faire de ces signes de notre contemporain la matière même du récit et non pas son habillage cosmétique, contrairement à de nombreux autres blockbusters. Si on imagine déjà que certains hurleront au scandale et diront que le “wokisme” a tué la saga, on se réjouit de notre côté de cette audacieuse mise à jour.
>> À lire aussi : “La Traversée” de Florence Miailhe : un 1er film éblouissantSorti de sa retraite pour une dernière mission, Bond combat à nouveau l’organisation terroriste Spectre, dirigée en sous-main par Blofeld (Christoph Waltz) depuis sa prison. Mais le grand méchant du film est Safin (Rami Malek), orphelin vengeur et détenteur d’une arme biologique qui utilise le génome humain pour frapper sa cible avec certitude. Au rayon des nouveaux personnages, on relève ceux interprétés par Ana de Armas, qui semble follement s’amuser dans le rôle d’une espionne cubaine; Lashana Lynch, dans la peau d’une nouvelle espionne de la Majesté; et Dali Benssallah (révélé dans le clip Territory de The Blaze), qui joue l’homme de main de Safin. Enfin, un mot sur Léa Seydoux : à nouveau géniale et dont le personnage de Madeleine Swann occupe ici une place centrale.
Daniel Craig et Léa Seydoux dans Mourir peut attendre (© DANJAQ, LLC AND MGM. ALL RIGHTS RESERVED.)À milles lieues des clichés virilistes, racistes et misogynes qui ont été par le passé au cœur des James Bond, ce dernier opus se conclut sur une tragédie amoureuse, à la fois sublime et déchirante – encore plus que celle de Casino Royale (2006).
Tout au long de ses 2 heures et 43 minutes (c’est le James Bond le plus long), le film se pose la question du prix qu’il faut payer pour se libérer de la toxicité, et fait du désir de former une famille le but ultime à la fois de Bond et de son ultime adversaire. Amour, famille plutôt que patrie, ce nouveau James Bond a tout changé.
Mourir peut attendre de Cary Joji Fukunaga. Avec Daniel Craig, Rami Malek, Léa Seydoux (États-Unis/Royaume-Uni, 2021, 2 h 43). En salle le 6 octobre.
>> À lire aussi : Dans “Les Intranquilles”, Joachim Lafosse filme l’intimité d’un foyer éreinté par la maladie psychique