Pourquoi on vous demande toujours d'activer les cookies (et pourquoi c'est difficile de dire non)
TECHNO - Des cookies, encore des cookies, mais que faire de tous ces cookies? Lorsque l’on consulte un site internet pour la 1ère fois, une petite interface jaillit pour nous alerter de l’utilisation des fameux “cookies”, que l’on connaît tous...
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TECHNO - Des cookies, encore des cookies, mais que faire de tous ces cookies? Lorsque l’on consulte un site internet pour la 1ère fois, une petite interface jaillit pour nous alerter de l’utilisation des fameux “cookies”, que l’on connaît tous sans précisément savoir à quoi ils servent.
Puis s’affiche généralement une explication obscure, dans un langage bien plus complexe que le contenu que vous vouliez consulter et une impression de perte de temps. L’air de rien, cette petite interface est au cœur d’une tempête brassant des millions d’euros et des milliards de cliques.
Depuis ce 31 mars 2021, la Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL) renforce ses contrôles sur la toile, pour s’assurer que les sites web vous demandent correctement votre autorisation avant de recueillir vos données à l’aide de petits fichiers informatiques appelés “cookies”.
Cette application plus stricte du règlement général sur la protection des données (RGPD), un ensemble de directives européennes, peut potentiellement faire perdre de l’argent aux entreprises du web, particulièrement inquiètes pour leurs revenus publicitaires.
En effet, les données récupérées par les cookies, en plus de fluidifier la navigation en ligne, permettent de faire de la publicité ciblée et participent au financement des sites gratuits, dépendant essentiellement des revenus de la pub. Si les utilisateurs refusent de laisser leurs données, les tarifs publicitaires risquent de s’effondrer.
Le HuffPost vous explique tout sur ce bouleversement digital et législatif et sur ces petits fichiers informatiques omniprésents sur les Internets.
Qu’est-ce qu’un cookie ?
Les cookies sont des petits fichiers informatiques, quelques lignes de code déposées sur votre ordinateur par les sites que vous consultez. Ils sont partout. Vous avez 23 articles dans votre panier d’achat sur un site de e-commerce ? Les cookies aident le site à garder en mémoire vos choix. Vos pages préférées chargent vite et retiennent les onglets que vous visitez le plus ? Les cookies, encore eux.
Il existe six familles de cookies. Pour résumer, on peut dire qu’il existe trois grandes catégories de cookies :
Les cookies nécessaires : ceux qui vous aident, qui gardent votre panier d’achats, vos identifiants de connexion. Grâce à eux, vous naviguez plus vite sur le web. Sans eux, c’est un peu comme si tout le monde était obligé de naviguer sur une version 2008 d’Internet Explorer.
Les cookies statistiques : ceux qui suivent vos actions. Ils sont déposés par le site que vous consultez. Par exemple, si vous lisez cet article, sachez que le HuffPost vient de vous déposer des cookies, après avoir recueilli votre consentement. Ils seront utiles aux analystes qui évalueront si l’article trouve son public, garde le lecteur sur le site et lui donne envie de consulter d’autres contenus (ndlr: Ah bon, vous êtes déjà parti ?). Ces statistiques peuvent être utilisées pour améliorer votre expérience ou pour soigner la rentabilité du site.
Les cookies “tiers” : ces cookies ne sont pas générés par le site que vous consultez mais par les publicités qu’il héberge et diffuse. Vous voyez la bannière publicitaire à gauche qui clignote pour vous faire acheter de superbes sneakers à -30% qui vous correspondent particulièrement ? Elle apparaît grâce à ce type de cookies. Les cookies tiers sont les plus intéressants en termes de revenus publicitaires car ils permettent de suivre l’activité des utilisateurs de site en site, et de cibler les annonces.
Voilà pourquoi les baskets pour lesquelles vous êtes à deux doigts de craquer clignotent sur tous les sites que vous consultez. Et voilà aussi pourquoi les articles du HuffPost peuvent être entièrement gratuits. Les marques reversent de l’argent au service publicitaire du média, pour que leurs publicités soient visibles sur notre site et surtout pour pouvoir vous proposer des offres ciblées, qui collent avec vos goûts grâce aux cookies (ndlr: ce processus est indépendant du fonctionnement de la rédaction, de ces choix et traitement des sujets d’actualité).
Qu’est-ce qui change au 31 mars ?
La CNIL ne plaisante plus. Jusqu’ici, elle tolérait certains comportements qui ne respectent pas le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), la législation européenne qui protège la vie privée en ligne. Le RGPD stipule que vous devez donner votre consentement libre et éclairé pour recevoir ces petits fichiers informatiques. Désormais la CNIL sanctionne les entreprises contrevenantes.
Sur le web, beaucoup de sites se sont déjà mis à appliquer ces directives, pour éviter d’avoir à payer des amendes, parfois très lourdes. Le 10 décembre 2020, la CNIL a estimé que Google et Amazon avaient dépassé le seuil de tolérance de la CNIL en déposant sans l’autorisation de l’utilisateur des cookies sur son ordinateur. Résultat, les deux géants du numérique ont dû s’acquitter de 100 et 35 millions d’euros d’amende.
Si le RGPD est respecté, un formulaire vous accueille à l’entrée des sites web, tel un videur de boîtes de nuit (si, si, vous savez, ces endroits fermés depuis 2020 où l’on partageait allègrement nos miasmes). Avant d’accéder aux contenus, vous devez cliquer sur “accepter” ou “refuser/paramétrer les cookies”. Ce formulaire permet de recueillir le consentement des internautes avant de déposer les fichiers informatiques.
La CNIL impose désormais un “acte clair” permettant de recueillir le consentement. Auparavant, certaines plateformes considéraient qu’en continuant à naviguer vous acceptiez tacitement de recevoir des cookies. Un acte, très peu “clair” s’il en est. D’autres avaient recours à des effets visuels pour donner l’impression qu’accepter les cookies était une obligation pour accéder au site. Une définition quelque peu problématique du consentement, selon la CNIL.
Certaines entreprises mettaient en place de véritables stratégies de dissuasion, pour s’assurer que vous acceptez les cookies. Appelés “sludge”, ces techniques s’appuient sur les sciences cognitives et comportementales pour faire en sorte que refuser les cookies soit désagréable.
Par exemple, certains sites simplifiaient l’option “tout accepter” et complexifiaient l’option “paramétrer les cookies”, à outrance. Face à une liste de 40 cookies au nom incompréhensible pour le grand public, les utilisateurs préfèrent souvent accepter les cookies. Pour la CNIL, c’est de la triche. Pour éviter d’être sanctionnés, les sites doivent désormais faire en sorte que refuser les cookies soit aussi aisé que de les accepter.
Pourquoi c’est important ?
Le sujet est clivant. Pour les défenseurs de la vie privée, la CNIL est trop laxiste. Cette mise en place de sanction intervient plus de trois ans après l’adoption des nouvelles règles du RGPD, alors que les cookies sont au cœur des scandales liés à la data.
Certaines entreprises sont capables de reconstruire notre vie numérique, à force de récolter nos informations personnelles et tirer de cette expertise beaucoup de pouvoir et d’influence. Pendant la campagne présidentielle américaine de 2016, l’entreprise Cambridge Analytica a récolté suffisamment de données pour proposer d’aider Donald Trump à convaincre les internautes de voter pour lui.
Si la CNIL est conciliante, c’est parce que les entreprises du numérique, notamment les médias, s’attendaient à d’étouffantes pertes de revenus, dues au fait que les utilisateurs donneraient moins leur accord pour recevoir des cookies. Refuser les cookies ne supprime pas la pub vue sur les sites gratuits, mais fait baisser les rémunérations de ces entreprises, car les annonces non ciblées valent moins cher.
Les dernières estimations du taux d’acceptation des cookies semblent leur donner tort. Selon les propos recueillis par Mind Media, les grandes entreprises médiatiques françaises voient leur taux d’acceptation chuter de 10 à 20%, loin des baisses drastiques attendues.
Certains médias comme Le Monde et Le Figaro et le Washington Post, qui se rémunèrent également par abonnements ont tout de même pris les devants, à la lecture de ces chiffres. Pour éviter de perdre de l’argent, ils proposent à l’utilisateur le choix entre accepter les cookies ou payer une adhésion. Ce principe, appelé cookie wall est autorisé par la CNIL, et en phase de test sur plusieurs sites.
Cette alternative n’est possible que pour les médias proposant de l’abonnement et sur lesquels les utilisateurs n’ont pas accepté les cookies dans un 1er temps. Les médias qui reposent uniquement sur de la publicité ne peuvent pas proposer ce “second choix”.
Les entreprises du numérique espèrent qu’à terme, l’application du RGDP ne portera pas trop atteinte à leur modèle économique fragilisé par la baisse des tarifs publicitaires . Pas assez de cookies, et les médias restent sur leur faim.
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