Pourquoi “Selon la police” est la parfaite antithèse de “Bac Nord”

En France et contrairement aux États-Unis, le film sur la police n’est pas un sous-genre du film policier, mais un genre en soi. Il se déploie en dehors des ressorts habituels du polar. Le nouveau film de Frédéric Videau, dix ans après À moi...

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En France et contrairement aux États-Unis, le film sur la police n’est pas un sous-genre du film policier, mais un genre en soi. Il se déploie en dehors des ressorts habituels du polar. Le nouveau film de Frédéric Videau, dix ans après À moi seule, est dans la lignée de Tchao Pantin de Claude Berri, du Petit Lieutenant de Xavier Beauvois, de Polisse de Maïwenn ou des Misérables de Ladj Ly. Mais il est aussi saupoudré d’une dose d’onirisme qui tord le cou à la simple chronique sociale racontant le quotidien des flics. 

On y suit plusieurs policier·ères de Toulouse, chacun·e se débattant avec une crise de vocation plus ou moins aigüe. Reprenant en partie la critique formulée par Pasolini lorsqu’il défendait la police en 1968, le postulat du film est de voir les force de l’ordre, à la fois comme une force d’oppression, mais une force elle-même dominée par le pouvoir politique, qui lui demande de colmater tant bien que mal les dégâts causés par les inégalités sociales. 

Ma police va craquer

À l’image du très beau personnage de flic joué par Patrick d’Assumçao, qui brûle son insigne dès la 1ère scène du film, la police y est montrée à bout, esseulée, ayant pour seule amie une pluie qui suspend un instant la criminalité urbaine. Dans ce film las et hébété, qui essuie toute la merde de la société française, au propre comme au figuré, on traque le réenchantement. Il se niche d’abord dans les nappes de synthé féériques de Florent Marchet et prend corps lors de quelques scènes furtives et sublimes, dont la plus belle est une séquence où le flic à la dérive répète à un jeune qui tente de le provoquer à sortir son arme, le mot “doucement”. 

S’il ne fait pas l’économie des dérives sexistes, racistes, homophobes et des bavures policières, dont les exemples peuplent notre actualité, un léger sentiment de gêne nous étreint tout de même en voyant cette vision fantasmée d’une police dont le doute est incarné par un élégant casting (Laetitia Casta, Alban Lenoir, Corentin Fila, Agathe Bonitzer, Simon Abkarian et la révélation du film Sofia Lesaffre). La beauté et la douceur sont-elles suffisantes pour nettoyer la merde ? Non évidemment. C’est la tragédie qui est au cœur de Selon la police. Constat d’une impasse comme Bac Nord, mais totalement affranchie des caricatures qui gangrènent le film de Jimenez, Selon la police indique que notre seule chance d’en sortir est la pratique d’une douce désobéissance et d’une violente remise en cause.

Selon la police de Frédéric Videau, en salle le 23 février