“Preacher’s Sigh and Potion” : le bel album “perdu” de Matthew Dear

Figure de proue du label Ghostly International, Matthew Dear se distingue par son rythme de production autant que par sa capacité d’exploration. Sous son propre nom, il creuse depuis un peu plus de vingt ans la voie d’une musique électronique...

“Preacher’s Sigh and Potion” : le bel album “perdu” de Matthew Dear

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Figure de proue du label Ghostly International, Matthew Dear se distingue par son rythme de production autant que par sa capacité d’exploration. Sous son propre nom, il creuse depuis un peu plus de vingt ans la voie d’une musique électronique bigarrée aux mutations passionnantes. Révélé avec l’album Leave Luck to Heaven (2003), qui distille une techno minimale très organique et mélodique, il a évolué par la suite vers une forme de pop electro expérimentale, dont le superbe album Black City (2010) offre un exemple remarquable.

En parallèle, il a activé divers projets, chacun opérant dans une zone spécifique de la sphère électronique. Avec deux (excellents) albums et une flopée de EP au compteur, Audion – impulsé en 2004 et voué à une techno virulente, aux forts relents d’acid – s’avère le plus productif de ses avatars. Baptisé Brain, le dernier en date est venu au monde en 2020 via le EP The World, paru sur Planet E, le label de Carl Craig. Au fil de cinq longs et obsédants morceaux, dont un de près de 25 minutes (Tantricity) sur la version vinyle du EP, ce nouveau rejeton, gravitant dans l’orbite de la techno de Detroit, témoigne de la créativité en expansion continue de son géniteur.

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JJ Cale de l’ère du laptop

En 2020, Matthew Dear a par ailleurs mis en ligne sur bandcamp Backstroke 2 et Backstroke 3, deux compilations de morceaux inédits, issus de différentes périodes (sans précision de date). Prolongeant cette démarche d’exhumation de ses archives personnelles, il fait paraître maintenant Preacher’s Sigh and Potion: Lost Album, nouveau long format dont le matériau – mis de côté et récemment retrouvé – date de 2008-2009. Natif du Texas, très exposé au rock et à la country pendant ses jeunes années, le musicien américain – installé depuis longtemps à Detroit, Michigan – a réalisé les morceaux ici réunis sous l’influence revendiquée de plusieurs icônes country-folk, notamment Emmylou Harris et Townes Van Zandt, et dans le sillage spirituel de son père, qui fut guitariste professionnel.

Ayant lui-même joué de la guitare durant son adolescence, il s’est attaché à conjuguer songwriting country-folk et production électronique. En résultent onze compositions hybrides, ballades cotonneuses aux boucles doucement entêtantes, qui donnent souvent l’impression (tout à fait délicieuse) d’entendre un JJ Cale de l’ère du laptop. Muscle Beach, Hikers Y, Heart To Sing et Gutters and Beyond s’insinuent spécialement dans l’esprit. Très différent de son précédent, le plantureux et énergique Bunny (2018), ce nouvel album laid-back révèle encore une nouvelle facette de Matthew Dear, ménestrel postmoderne décidément imprévisible.

Preacher’s Sigh and Potion: Lost Album (Ghostly International/Modulor). Sorti depuis le 25 juin