Premières représailles américaines contre l'EI en Afghanistan, tension extrême à l'aéroport

REPRÉSAILLES - Les Etats-Unis ont mené une frappe de drone contre une cible du groupe Etat islamique en Afghanistan samedi 28 août, au moment où le pont aérien entrait dans une phase finale d’extrême tension, entre risques persistants de nouveaux...

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Des soldats américains à l'aéroport de Kaboul, en Afghanistan, le 26 août 2021.

REPRÉSAILLES - Les Etats-Unis ont mené une frappe de drone contre une cible du groupe Etat islamique en Afghanistan samedi 28 août, au moment où le pont aérien entrait dans une phase finale d’extrême tension, entre risques persistants de nouveaux attentats et passe d’armes médiatique talibans/Américains à propos de l’aéroport.

“La frappe aérienne sans pilote s’est produite dans la province de Nangarhar en Afghanistan. Selon les 1ères indications, nous avons tué la cible”, a précisé dans un communiqué Bill Urban, du commandement central, disant n’avoir connaissance “d’aucune victime civile”.

Cette frappe, la 1ère de l’armée des Etats-Unis depuis l’attentat survenu jeudi 26 août à l’aéroport de Kaboul qui a fait au moins 85 morts dont 13 soldats américains, a été lancée depuis l’extérieur de l’Afghanistan.

Après l’attaque revendiquée par l’Etat islamique au Khorasan (EI-K), le président Joe Biden avait promis des représailles. “Nous vous pourchasserons et nous vous ferons payer”, a-t-il affirmé à l’adresse des auteurs de l’attaque la plus meurtrière contre l’armée américaine en Afghanistan depuis 2011. “Nous répondrons avec force et précision quand nous le déciderons, où et quand nous le choisirons”, avait-il ajouté depuis la Maison Blanche. 

Le risque d’autres attentats persiste, selon Washington. “Nous estimons qu’il y a toujours (...) des menaces précises et crédibles”, avait prévenu  vendredi John Kirby. L’attachée de presse du président Biden, Jen Psaki, citant des experts sécuritaires, a estimé une autre attaque “probable”. Les prochains jours seront “la période la plus dangereuse à ce jour”, a-t-elle ajouté.

Contrôle de l’aéroport

Vendredi 27 août, dans la soirée, comme la veille de l’attentat, l’ambassade des Etats-Unis à Kaboul a demandé aux ressortissants américains de quitter “immédiatement” les abords de l’aéroport dans une alerte de sécurité. “En raison des menaces pour la sécurité à l’aéroport de Kaboul, nous continuons à conseiller aux citoyens américains d’éviter de se rendre à l’aéroport et d’éviter les portes de l’aéroport”, a rappelé l’ambassade.

Une passe d’armes de communication entre talibans et Américains avait alourdi la tension déjà très forte, à quelques jours de la date-butoir du 31 août prévue pour le retrait des soldats américains d’Afghanistan après 20 ans de guerre, synonyme de fin des évacuations.

Les nouveaux dirigeants du pays “ne s’occupent d’aucune des portes d’embarquement ni d’aucune des opérations à l’aéroport. C’est toujours sous le contrôle de l’armée américaine”, a déclaré le porte-parole du Pentagone, John Kirby.

Plus tôt, les talibans avaient annoncé avoir pris le contrôle de plusieurs parties de l’aéroport: “Aujourd’hui, trois endroits importants de la partie militaire de l’aéroport de Kaboul ont été évacués par les Américains et sont sous contrôle de l’Emirat islamique”, avait tweeté l’un de leurs porte-parole, Bilal Karimi.

Vendredi, la situation est demeurée calme à Kaboul, notamment autour de l’aéroport où les vols affrétés par les Occidentaux ont repris sur le tarmac de l’aéroport, la dernière enclave occupée par les forces occidentales en Afghanistan.

109.000 personnes évacuées

Quelque 5400 personnes sont actuellement réfugiées dans l’enceinte de l’aéroport, attendant de monter dans un avion, a dit le général américain Hank Taylor, précisant que les exfiltrations se dérouleraient “jusqu’au dernier moment”.

Au total, environ 109.000 personnes ont été évacuées depuis le 14 août, veille de la prise de pouvoir des talibans à Kaboul, selon les derniers chiffres du gouvernement américain.

L’Otan et l’Union européenne avaient appelé à poursuivre les évacuations malgré l’attentat.

La France a mis fin vendredi soir à son pont aérien qui a permis d’évacuer “près de 3.000 personnes, dont plus de 2.600 Afghans” selon la ministre des Armées, Florence Parly.

Une délégation française a rencontré jeudi à Doha des représentants des talibans pour la 1ère fois depuis qu’ils ont pris le pouvoir en Afghanistan le 15 août. Ces discussions ont porté sur la situation à l’aéroport de Kaboul et les opérations d’évacuations, selon les deux parties.

La Suisse, l’Italie, l’Espagne et la Suède avaient également annoncé vendredi avoir terminé leurs vols d’évacuation, comme l’Allemagne, les Pays-Bas, le Canada ou l’Australie avant elles.

Côté britannique, les exfiltrations connaissent leurs “dernières heures”, a estimé le Premier ministre Johnson. Mais Londres remuera “ciel et terre” “pour aider à sortir” les Afghans éligibles à l’asile.

“Le droit inné” de travailler

Les talibans se sont efforcés depuis leur retour d’afficher une image d’ouverture et de modération. Mais beaucoup d’Afghans, souvent urbains et éduqués, redoutent qu’ils n’instaurent le même type de régime fondamentaliste et brutal que lorsqu’ils étaient au pouvoir entre 1996 et 2001. 

Ceux qui ont travaillé ces dernières années avec les étrangers ou le gouvernement pro-occidental déchu, notamment, ont peur d’être réduits au silence, voire traqués, et ont nourri le flot des nombreux candidats au départ.

Les femmes ont “le droit inné” de travailler, a cherché à rassurer Sher Mohammad Abbas Stanikzai, un ancien négociateur taliban dans les pourcausers de paix à Doha. “Elles peuvent travailler, elles peuvent étudier, elles peuvent participer à la politique et elles peuvent faire des affaires”, a-t-il énuméré au cours d’une conférence de presse.

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a convoqué les membres permanents du Conseil de Sécurité pour une réunion lundi sur la situation en Afghanistan.

Une conférence régionale samedi 28 août à Bagdad se penchera notamment sur l’Afghanistan. Sont notamment attendus les ministres iranien et saoudien des Affaires étrangères, le présidents égyptien Abdel Fattah al-Sissi et français Emmanuel Macron, et le roi de Jordanie Abdallah II.

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