Présidentielle 2022: y aura-t-il des primaires, pour le meilleur et pour le pire?

On les disait mortes et enterrées, mais, à moins d’un an de l’élection présidentielle, les primaires font leur grand retour. On pourrait craindre le pire, mais on peut aussi en espérer le meilleur. En 2017, tous les partis juraient la main...

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La tribune avant un discours d'Alain Juppé, qui était le favori à la primaire de droite, lors d'un atelier politique qu'il avait organisé à Chatou, en banlieue parisienne, le 27 août 2016. (Crédit photo LIONEL BONAVENTURE/AFP via Getty Images)

On les disait mortes et enterrées, mais, à moins d’un an de l’élection présidentielle, les primaires font leur grand retour. On pourrait craindre le pire, mais on peut aussi en espérer le meilleur. 

En 2017, tous les partis juraient la main sur le cœur que, non, jamais plus jamais, ils n’auraient recours à une primaire pour choisir leur candidat. Il faut dire que le résultat n’avait été guère concluant. La primaire de la droite avait conduit à éliminer Nicolas Sarkozy –qui avait l’expérience des campagnes victorieuses– et Alain Juppé –ultra favori des sondages– pour choisir l’outsider François Fillon, qui ne parvint finalement pas à se qualifier pour le second tour. La primaire de la gauche avait tourné au fiasco, Benoît Hamon ne récoltant que 6% au 1er tour, tandis que la quasi-totalité de ses concurrents décidaient d’aller soutenir Emmanuel Macron. Enfin Yannick Jadot, choisi par les Verts au terme d’une primaire interne, renonçait à être candidat. 

Quatre ans après, si les deux favoris des sondages, Emmanuel Macron et Marine Le Pen, seront candidats sans passer par la case primaire, la question se pose pour la plupart des autres partis. Les écologistes ont déjà prévu d’organiser leur scrutin en septembre, et les candidats sont déjà nombreux, de Delphine Batho à Sandrine Rousseau, en passant par Yannick Jadot et Éric Piolle. La droite républicaine ne semble pas pouvoir échapper à un scrutin, réservé aux militants ou ouvert à tous les sympathisants. Xavier Bertrand a beau dire qu’il n’y participera pas, il aura du mal à tenir cette ligne, car tous les ténors de la droite semblent prêts à s’y plier et il n’a pas creusé l’écart avec Valérie Pécresse, qui est sa principale concurrente aujourd’hui. Enfin, à gauche, Anne Hidalgo et Jean-Luc Mélenchon peuvent bien clamer haut et fort qu’ils sont contre l’organisation d’une primaire, leur crédibilité diminue à mesure que leurs cotes dans les sondages restent coincées largement en-dessous des 10%. 

 

Les partis politiques ayant renoncé depuis longtemps à discuter sur le fond, à trancher leurs différents dans le cadre de congrès et à faire des propositions, seules des primaires permettent de revivifier le débat idéologique.

 

Pendant ce temps, à bas bruit, des citoyens engagés ont décidé de bousculer le jeu politique avec une “primaire populaire”. Le collectif “Rencontre des justices”, qui regroupe des activités des luttes environnementales, féministes, antiracistes, sociales et même des Gilets jaunes, en est à l’initiative. Fin juillet, ces citoyens ont reçu le soutien, dans L’Obs, de 178 élus de gauche et écologistes, et de personnalités de la société civile, comme l’économiste Julia Cagé, la sociologue Dominique Méda, le climatologue Jean Jouzel, le réalisateur Cyril Dion ou encore l’actrice Juliette Binoche. 

Nul ne sait si leur initiative débouchera, mais ils ont le mérite de placer les candidats socialistes, écologistes et insoumis face à leurs contradictions. En effet, si l’objectif de tous ces candidats est d’incarner une alternative au duel annoncé entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron, pourquoi refuser de tenter de se rassembler, de s’unir autour d’une plateforme commune, de faire primer le collectif sur les ambitions personnelles et les intérêts des boutiques partisanes?

Car au fond, le souvenir des accidents Fillon, Hamon et Jadot de 2017 ne doit pas faire oublier que la primaire reste le meilleur mode de sélection démocratique des candidats à l’heure actuelle. Aux États-Unis, elles viennent une nouvelle fois de faire leur preuve, en permettant aux démocrates de choisir Joe Biden, qui a battu sèchement Donald Trump, malgré les contestations de celui-ci. En France, les partis politiques ayant renoncé depuis longtemps à discuter sur le fond, à trancher leurs différents dans le cadre de congrès et à faire des propositions, seules des primaires permettent de revivifier le débat idéologique, en contraignant les candidats à produire des idées et à accepter la contradiction avec leurs concurrents, chacun pouvant se faire son opinion en suivant les échanges sur internet et, surtout, à la télévision. 

Formons donc le vœux que le mythe bonaparto-gaulliste de la rencontre d’un homme avec son peuple ne l’emporte pas au cours des prochains mois, mais que le processus de sélection des candidats fasse prévaloir le sens du collectif sur les égos et les idées sur la simple affirmation d’un désir d’exercer le pouvoir.

 

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