“Punch-Drunk Love” de Paul Thomas Anderson ou les délices du dérèglement amoureux

Héritier en droite ligne de Stanley Kubrick, PTA nous a habitué·es à des mises en scène verrouillées, tout en ultra maîtrise et poutres apparentes. Si Punch-Drunk Love échappe quelque peu à cette tendance, c’est que ce quatrième film de l’auteur...

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Héritier en droite ligne de Stanley Kubrick, PTA nous a habitué·es à des mises en scène verrouillées, tout en ultra maîtrise et poutres apparentes. Si Punch-Drunk Love échappe quelque peu à cette tendance, c’est que ce quatrième film de l’auteur américain se jette dans le chaos et l’extase du sentiment amoureux avec une candeur unique dans sa carrière. 

Adam Sandler (dans son meilleur rôle avec Uncut Gems des frères Safdie) y campe un célibataire ramolli par sa solitude, névrotique à souhait et dont l’existence est réglée comme du papier à musique. C’est justement par un harmonium et surtout par une petite musique, qui revient dans le film comme une Sonate de Vinteuil, accompagnée de couleurs irisées, qu’il va petit à petit décrisper son rapport au réel et se laisser envahir par l’ivresse provoquée par les sentiments qu’il éprouve pour une énigmatique femme (Emily Watson et son sourire de fausse bonne vivante et de vraie angoissée). 

Une œuvre libre

Prix de la mise en scène à Cannes en 2002, Punk-Drunk Love explique le bouleversement amoureux en le prenant par les deux bouts, celui de l’harmonie et de la pagaille. Que la rencontre amoureuse scelle une paix avec le réel ou au contraire nous permette d’un peu plus nous arc-bouter sur nos bizarreries (géniale scène des insultes et des bisous), il est dans une Punk-Drunk Love un sommet de burlesque tatiesque.

L’influence du cinéaste français s’y ressent au moins à égalité avec celle de Robert Altman, autre grand maître de PTA (dont il reprend d’ailleurs ici le titre He Needs Me, tiré de Popeye). Ce qu’il y a de stupéfiant dans le film, c’est que le cinéaste lui-même semble un instant emporter par les délices du dérèglement (amoureux) et suspendre un moment son absolue maîtrise pour signer l’œuvre la plus libre de sa filmographie. 

Punch-Drunk Love de Paul Thomas Anderson – reprise le 9 août 2023