Quand #MeToo s'invite doublement devant la cour d'appel
#MeToo - On a beaucoup prononcé l’anglicisme “hashtag” à la cour d’appel de Paris, ce mercredi 27 janvier. Plus de trois ans après la déflagration de #BalanceTonPorc et #Metoo, deux femmes tentaient de faire renverser leur condamnation pour...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
#MeToo - On a beaucoup prononcé l’anglicisme “hashtag” à la cour d’appel de Paris, ce mercredi 27 janvier. Plus de trois ans après la déflagration de #BalanceTonPorc et #Metoo, deux femmes tentaient de faire renverser leur condamnation pour diffamation, après avoir dénoncé publiquement, dans des affaires distinctes, des faits de harcèlement ou d’agression sexuelle.
La cour a d’abord entendu l’écrivaine Ariane Fornia, de son vrai nom Alexandra Besson et fille de l’ancien ministre Éric Besson, qui avait été condamnée en janvier 2020 à verser un euro symbolique de dommages et intérêts, ainsi que 3000 euros au titre des frais de justice à Pierre Joxe. Une condamnation qui faisait suite à la publication d’un billet de blog dans lequel elle accusait un “ancien ministre de Mitterrand” d’agression sexuelle.
Puis, ce fut le tour des avocats de Sandra Muller (retenue aux États-Unis en raison de la pandémie de Covid-19), condamnée en septembre 2019 à 15.000 euros de dommages et intérêts au titre du préjudice moral, après avoir nommément accusé de harcèlement sexuel Éric Brion, ex‐patron de la chaîne Équidia, sur Twitter.
Des “juges en dehors de ce qui se passe”
Au cours de ces audiences, toutes les parties civiles ont invoqué, parfois pour des intérêts diamétralement opposés, l’actualité. “Notre responsabilité est immense. Il n’y a pas que Sandra Muller dans cette salle aujourd’hui”, a fait valoir Jade Dousselin, avocate de la journaliste, déplorant un premier jugement “comme si tout ça n’avait pas servi”.
S’il n’y pas d’inflexion de la justice, “on dira que les juges vivent en dehors de ce qui se passe, que si vous parlez avec vos tripes et pas avec votre code pénal, on vous fera taire”, a ajouté son collègue Francis Szpiner.
Le 13 octobre 2017, Sandra Muller avait tweeté le message suivant: ”#balancetonporc!! toi aussi raconte en donnant le nom et les détails un harcèlent (sic) sexuel que tu as connu dans ton boulot. Je vous attends”. Le message avait été suivi quatre heures plus tard par un second tweet: ”‘Tu as des gros seins. Tu es mon type de femme. Je vais te faire jouir toute la nuit’ Eric Brion ex patron de Equidia #balancetonporc”.
Dans son jugement de septembre 2019, le tribunal avait entendu les arguments d’Éric Brion et de ses avocats, en estimant que, en l’absence de la “répétition” ou de la “pression grave” nécessaire pour constituer le délit de harcèlement sexuel, Sandra Muller avait usé de termes calomnieux. “Nous sommes pas sur Légifrance, mais sur Twitter, avec le ressenti d’une victime”, a justifié mercredi maître Szpiner.
Mercredi, Éric Brion a raconté avoir vu sa vie “totalement brisée” par des propos “déformés”. “J’ai perdu les missions de ma jeune société, ma compagne et ma réputation. J’ai été insulté et menacé de mort”, a détaillé le père de famille, qui déplore qu’un “tweet fasse office de vérité”.
Une décision “insupportable”
Venue à la barre, Ariane Fornia a regretté une première décision pour elle “insupportable” et pour Pierre Joxe “complaisante”.
Également en octobre 2017, la femme de 31 ans avait accusé, sur son blog, l’ex-président de la Cour des comptes de lui avoir mis à plusieurs reprises la main sur la cuisse, la remontant “vers (son) entrejambe” lors d’une représentation à l’Opéra Bastille à Paris en mars 2010. Les faits sont aujourd’hui prescrits.
En première instance (et comme ce mercredi), l’avocat de Pierre Joxe, Jean-Yves Dupeux, avait plaidé “l’invraisemblance” du récit d’Ariane Fornia. “Mme Besson est romancière... peut-être a-t-elle raconté quelque chose qui lui est peut-être arrivé, mais qui n’était pas le fait de Pierre Joxe”, a-t-il renouvelé devant la Cour d’appel, pointant une “base factuelle inexistante”.
Dans sa décision, début 2020, le tribunal avait rappelé que l’écrivaine “n’a pas déposé plainte, que Monsieur Joxe n’a pas été inquiété judiciairement pour ces faits et qu’il n’y a pas de témoignage direct des faits dénoncés par Madame Alexandra Besson”.
Pour l’avocat de cette dernière, Jean-Marc Fedida, “nous savons qu’il est difficile de reconstituer au millimètre près les faits, des années après”.
“Il me semble que nous sommes passés à côté du sujet”, a relevé Ariane Fornia, face aux incohérences soulevées. Face aux juges, la femme de 31 ans a ensuite pointé un dilemme pour les femmes: “Quand on ne cite pas de nom, on manque de crédibilité, quand on cite, on est attaqué en diffamation”.
Pour les deux affaires, le délibéré est prévu le 31 mars.
À voir également sur Le HuffPost : Avec cette statue, #MeToo revisite le mythe de Médusa