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Kindertotenlieder de Virgil Vernier C’est à la célèbre séquence de Lettre de Sibérie de Chris Marker que l’on pense devant Kindertotenlieder, le nouveau film de Virgil Vernier. En quelques minutes, Marker, utilisant à trois reprises les mêmes...
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Kindertotenlieder de Virgil Vernier
C’est à la célèbre séquence de Lettre de Sibérie de Chris Marker que l’on pense devant Kindertotenlieder, le nouveau film de Virgil Vernier. En quelques minutes, Marker, utilisant à trois reprises les mêmes images mais changeant à chaque relecture le commentaire et la musique qui les accompagnent, y faisait la géniale et implacable démonstration de leur malléabilité et de leur impossible objectivité. En composant entièrement son nouveau film d’images issues des journaux télévisés de TF1, diffusés entre le 27 octobre et le 17 novembre 2005, Virgil Vernier poursuit cette réflexion mais par une voie nouvelle, comme prise dans l’autre sens.
Dénuées de voix off explicatives et de sentences journalistiques, les images sont ici rendues à leur pur état documentaire. Ce qui nous guide, les lie entre elles, ce ne sont donc plus les commentaires inquiets mais le montage qui ainsi fabrique le récit. Nous sommes en 2005, à Clichy-sous-Bois et deux adolescents, Zyed et Bouna, viennent de trouver la mort dans un poste électrique après avoir été pourchassés par des policiers. Le film débute sur ce drame et en retrace la généalogie jusqu’aux révoltes, donnant la parole aux habitant·es, les laissant exprimer leur peur, leur colère, leur désarroi, le tout entrecoupé des réactions d’une classe politique sourde et belliqueuse. Kindertotenlieder est un chant funeste - son titre fait référence au recueil de poèmes de Friedrich Rückert, écrit après la mort de ses deux enfants. Un chant funeste et mélancolique qui, par son ingénieux dispositif, ne vise pas tellement à rétablir une vérité mais d’avantage à restaurer son régime de représentation pour préserver la mémoire des deux garçons mais aussi celle d’une ville et d’une vie de quartier. Cinéaste-archéologue, Virgil Vernier a souvent su trouver dans le présent des traces d’un temps ancien. C’est ici l’inverse qui s’opère. A la fin du film, les images d’une voiture brûlée puis plus loin celle d’un hélicoptère tournoyant autour des tours allumées apparaissent. Elles crépitent dans le silence, elles sont d’hier mais pourraient être d’aujourd’hui.
A voir : samedi 13 mars à 18h ; dimanche 14 mars à 13h