Que risque Francis Lalanne avec son appel à renverser Macron

POLITIQUE - Francis Lalanne est-il conscient des conséquences du texte qu’il vient de signer? Le chanteur fantasque, qui s’était notamment engagé aux côtés des gilets jaunes, a publié vendredi 22 janvier sur le site complotiste “FranceSoir”...

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Francis Lalanne photographié aux obsèques de Juliette Greco le 5 octobre 2020 à Paris (illustration)

POLITIQUE - Francis Lalanne est-il conscient des conséquences du texte qu’il vient de signer? Le chanteur fantasque, qui s’était notamment engagé aux côtés des gilets jaunes, a publié vendredi 22 janvier sur le site complotiste “FranceSoir” un appel à renverser le chef de l’État Emmanuel Macron.  

Plus précisément, il demande à l’armée de prendre les armes pour mettre hors d’état de nuire le président de la République. En cause selon lui, le fait que le gouvernement “est en train de commettre insidieusement un coup d’État au nom de la COVID”. Très critique des décisions prises dans le cadre de la lutte contre la pandémie (un terme qu’il conteste), le chanteur propose un texte décousu, mêlant concepts juridiques abstraits et interprétations contestables des différents épisodes de la crise sanitaire. 

Au cours de sa démonstration, arrive le “chapitre 3” intitulé: “Appel à la mobilisation des forces armées pour se porter au secours du peuple dans la reconquête de sa souveraineté”. Une sous-section dans laquelle Francis Lalanne demande aux “plus hauts dignitaires de l’armée française” de “faire cesser le trouble social et politique dont souffre depuis trop longtemps la Nation”.

Et donc, “de mettre fin à l’exercice du mandat de l’actuel président de la République”. Une fois Emmanuel Macron arrêté par l’armée, le chanteur demande aux militaires de se constituer en “Haute Cour” afin de le juger pour “haute trahison”. Un appel fantaisiste qui pourrait néanmoins avoir de sérieuses conséquences pour Francis Lalanne et Xavier Azalbert, le directeur de publication du site. 

Des faits passibles de 75.000 euros d’amende

Comme l’ont souligné plusieurs professionnels du droit sur Twitter, les écrits du chanteur peuvent en réalité être passibles de poursuites en vertu de l’article 413-3 du Code pénal. Inscrit dans la section portant sur les “atteintes à la sécurité des forces armées et aux zones protégées intéressant la défense nationale”, l’article est assez clair. “Le fait, en vue de nuire à la défense nationale, de provoquer à la désobéissance par quelque moyen que ce soit des militaires ou des assujettis affectés à toute forme du service national est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende”, peut-on lire.

En outre, “lorsque la provocation est commise par la voie de la presse écrite ou audiovisuelle, les dispositions particulières des lois qui régissent ces matières sont applicables en ce qui concerne la détermination des personnes responsables”. Ce qui signifie que le parquet de Paris pourrait s’autosaisir, et lancer des poursuites visant à la fois l’auteur du texte (Francis Lalanne) et le directeur de publication, Xavier Azalbert. Contacté par Le HuffPost, le parquet n’a, pour l’heure, pas donné suite. 

Une pétition contre FranceSoir   

Hasard du calendrier, la publication de cet appel intervient dans un contexte où les anciens du vrai titre (aujourd’hui disparu) France Soir se mobilisent contre le site, accusé de “répandre en toute impunité de fausses informations et des thèses complotistes dangereuses pour la société”. Ces journalistes, qui ont lancé une pétition, jugent que “Xavier Azalbert outrage la mémoire des fondateurs de ces titres, de tous ceux qui y ont travaillé et y ont consacré leur carrière professionnelle”.  

Interrogé par Libération, Xavier Azalbert a fait part de sa stupéfaction, estimant que cette pétition “porte atteinte à la liberté d’expression”. Pour mémoire, le documentaire conspirationniste “Hold Up” (lequel comporte un nombre conséquent de contre-vérités que nous avons compilé ici) a bénéficié d’une large promotion sur ce site.

Sur un autre thème, FranceSoir a notamment publié des contenus contestant les résultats de l’élection présidentielle américaine. Repéré par Libération, un texte faisant référence à “la pédocriminalité sataniste institutionnalisée” comme étant “la base religieuse de l’organisation et du fonctionnement des psychopathes qui manipulent le monde” est encore en ligne sur le site. Un champ lexical directement emprunté à la mouvance complotiste Qanon, très représentée lors de l’invasion du Capitole. Le point commun avec le texte de Francis Lalanne? Un terreau idéologique conspirationniste propice aux appels séditieux.    

Avoir également sur Le HuffPost: Quand Macron se faisait l’avocat des “66 millions de procureurs” en France