Que sait-on de l'efficacité des vaccins contre le variant Delta
SCIENCE - Une croissance “stratosphérique”. C’est avec ces mots que le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a décrit la 4e vague de Covid-19 en France ce lundi 19 juillet. Il faut dire que la hausse des cas enregistrée n’a jamais été...
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SCIENCE - Une croissance “stratosphérique”. C’est avec ces mots que le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, a décrit la 4e vague de Covid-19 en France ce lundi 19 juillet. Il faut dire que la hausse des cas enregistrée n’a jamais été aussi rapide. Pour tenter d’en limiter les dégâts, Emmanuel Macron a fait le pari de pousser les Français à se vacciner grâce à un pass sanitaire élargi.
Si les prises de rendez-vous et les doses de vaccin injectées ont bondi, reste à voir si cette hausse va continuer sur le long terme et, surtout si cette stratégie sera suffisante pour endiguer la vague de variant Delta. D’autant que cette nouvelle souche est moins sensible au vaccin que la version originale du coronavirus. Mais il ne faut pas croire que tout est perdu. La vaccination peut faire beaucoup contre Delta.
Une moindre efficacité de la 1ère dose, mais...
La vaccination n’est pas une solution miracle qui se suffit à elle-même, en tout cas pas avec la couverture française. Il suffit de voir ce qu’il se passe au Royaume-Uni, où l’on est plus vacciné qu’en France, et où le variant Delta a créé une nouvelle vague épidémique qui est en train de se transformer en vague hospitalière.
Les mécanismes exacts ne sont pas clairs. Une récente étude publiée le 22 juin estime que Delta est à la fois plus transmissible que la souche originale et que le variant Alpha (anglais), mais pas autant qu’on le pense. Le problème, c’est que cet avantage pour le virus se cumule avec un autre: réussir à échapper partiellement à notre immunité.
Les autorités de santé britanniques (PHE), qui publient chaque semaine un état des lieux très détaillé des caractéristiques de Delta, estiment sans certitude qu’il y a peut-être un risque de réinfection pour les personnes qui ont déjà été contaminées. Surtout, les données montrent avec des preuves très importantes qu’une personne vaccinée avec une seule dose est bien moins protégée que face aux autres souches du coronavirus.
L’efficacité de la 1ère dose passe de 49% avec Alpha (variant anglais) à 31% avec Delta. Pour les personnes entièrement vaccinées, l’efficacité baisse aussi, mais reste très élevée: 80% (contre 88% pour le variant Alpha) en moyenne. À noter qu’il y a, dans les études anglaises et écossaises à l’origine de ces chiffres, une nuance: avec un schéma vaccinal complet, Pfizer est plus efficace qu’AstraZeneca (88% contre 60%). Il l’est également face au variant Alpha (93% contre 66%).
En clair: les 32 millions de Français partiellement vaccinés sont à risque face au variant Delta, même s’ils sont un peu plus protégés que les non-vaccinés. Seule une couverture complète donne une protection acceptable.
Un risque d’hospitalisation plus faible dès la 1ère dose
Pour autant, une accélération de la vaccination, même partielle, pourrait avoir un effet extrêmement positif sur la courbe des hospitalisations. En effet, l’efficacité des vaccins (Pfizer et AstraZeneca) contre l’hospitalisation avec une dose est de 75% pour Delta et 78% pour Alpha. Avec un schéma vaccinal complet, on passe à plus de 90%.
“L’efficacité des vaccins contre l’hospitalisation est très élevée, même après une seule dose, quel que soit le vaccin et quel que soit le variant”, rappelle sur Twitter Meaghan Kall, épidémiologiste au PHE.
En clair, la vaccination permet quoiqu’il arrive et dès la 1ère dose de réduire les formes graves de la maladie et l’effet de la nouvelle vague hypothétique de variant Delta sur la pression hospitalière. Mais pour l’empêcher tout court, vacciner entièrement l’écrasante majorité de la population sera nécessaire.
Une immunité collective loin d’être acquise
Vacciner la majorité de la population pour stopper le virus, c’est le pari de “l’immunité collective”. Le virus se répand si son taux de reproduction (R) est supérieur à 1, si une personne en contamine plus d’une autre.
Imaginons un virus où chaque personne infectée en contamine 3. Il faut que les deux tiers de la population soient vaccinés pour que le virus s’éteigne. Pourquoi? Car si une personne en contamine normalement 3 et si sur celles-ci, deux sont vaccinées, le virus ne peut plus en contaminer qu’une. Le R ne peut alors dépasser 1 et l’épidémie régresse.
Avec le coronavirus d’origine, les chercheurs estimaient (très théoriquement, la réalité est bien plus difficile à cerner) qu’environ 70% de la population devait être vaccinée. Mais ça, c’était avec un virus dont le taux de reproduction de base (R0) était situé entre 2 et 3.
Malheureusement, le R0 du variant Delta semble beaucoup plus important, sûrement entre 6 et 7, selon les études publiées à ce sujet. Avec un tel taux de reproduction, rappelle sur Twitter l’épidémiologiste Adam Kucharski, et en admettant que les vaccins restent tous très efficaces pour empêcher d’être malade et donc de transmettre le virus (85% d’efficacité), il faudrait que... 98% de la population soit vaccinée.
“Si le R est plus important ou si la transmission est moins réduite (ce qui semble probable pour certains vaccins) alors l’immunité collective n’est pas atteignable avec les vaccins actuels”, note le chercheur. Évidemment, cela est un calcul théorique, qui ne prend notamment pas en compte la population déjà contaminée, qui augmente malheureusement chaque jour (et qui réduit logiquement le R de Delta, car ces guéris rejoignent le rang des vaccinés dans l’équation).
Il convient également de rappeler que si la suppression semble quasi-impossible à atteindre, une population en très grande partie vaccinée entraînera une vague hospitalière (et surtout de décès) bien plus faible que sans la vaccination. Le vaccin n’est pas une solution miracle face au variant Delta, mais c’est la plus efficace à notre disposition, mis à part un confinement infini.
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