Que vaut “RRR”, le blockbuster indien qui a reçu l’Oscar de la meilleure chanson originale ?

Tout dans RRR est fait pour décontenancer le·s spectateur·ices habitué·es aux seuls films américains : d’une durée d’un peu plus de trois heures (entracte compris), ce film réalisé par S. S. Rajamouli ose et fait tout ce qu’on avait cessé de...

Que vaut “RRR”, le blockbuster indien qui a reçu l’Oscar de la meilleure chanson originale ?

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Tout dans RRR est fait pour décontenancer le·s spectateur·ices habitué·es aux seuls films américains : d’une durée d’un peu plus de trois heures (entracte compris), ce film réalisé par S. S. Rajamouli ose et fait tout ce qu’on avait cessé de chercher dans les films à “grand spectacle”.

Pourquoi les gentils ne sont-ils jamais des révolutionnaires qui s’intéressent à la politique ? Pourquoi les héros font des blagues qui ne font rire que celles et ceux qui les ont écrites ? Pourquoi les scènes d’action too much devraient-elles être prises au 1er degré ? À toutes ces impasses, RRR (pour “Rise Roar Revolt”) répond par un plaisir honnête et contagieux à filmer deux héros sauver une jeune fille des mains de l’Empire britannique. 

Mais à travers un récit plutôt convenu, c’est l’affirmation de toute une culture du divertissement qui importe. Rama et Komaram sont en effet deux révolutionnaires ayant vécu dans l’Inde des années 1920, mais ils ne rechignent jamais à donner une leçon de danse (franchement impressionnante) aux Anglais : “Not salsa, not flamenco, my brother. Do you know… naatu?

Sautant tête la 1ère dans la surenchère, le film s’offre une scène de comédie musicale unique et jamais vue, un pur produit indien qui exprime toute sa vigueur et sa vitalité, entouré des robes, costumes et châteaux du peuple oppresseur. En bref, une scène qui méritait bien un Oscar.

Grandeur et rareté

Quand on découvre, béat, un tel spectacle, conviant à la fois un combat contre un tigre et une histoire d’amour, une histoire de fraternité et une fresque épico-politique, l’on se demande naturellement quelle est la nature de ce “jamais vu”.

Tous les blockbusters indiens, à commencer par ceux de S. S. Rajamouli, sont-ils aussi intenses que celui-ci, ou sort-il véritablement du lot ? Il s’agit en effet d’un cinéma auquel nous sommes peu habitués, et qui cartonne partout dans le monde (le week-end de son lancement mondial, il détrônait par exemple The Batman). Ces dernières années, quelques films indiens ont été diffusés dans des multiplexes français, où un marché s’est véritablement constitué à partir de cette demande précise. Et pourtant, au visionnage d’un tel film, impossible de ne pas se dire : “Si tous les films à gros budgets ressemblaient à celui-ci…

Car derrière la démesure brandie à tout va par les fans de RRR se cache tout de même une véritable créativité, beaucoup d’inventivité, une mise en scène vivante au service des personnages et de leurs péripéties. En témoigne la scène d’action en ouverture du film, scène aux mille figurant·es (et autant de coups de matraque assénés), faite de cascades rocambolesques et de chorégraphies de combat irréalistes. L’intérêt se situe surtout dans la savante gestion de l’espace des foules et du policier qui s’y meut comme un oiseau.

En témoigne aussi la scène finale dans la forêt, dans laquelle Rama décime les Anglais à coups de flèches enflammées, cheveux aux vents et trajectoires au ralenti de l’arc jusqu’à la gorge. C’est parce que RRR est tout ça à la fois, qu’il en a conscience et qu’il s’amuse à rendre la fresque historique amusante, qu’il est un grand film. Et puis quel plus bel hommage que celui qu’effectue S. S. Rajamouli, en faisant rencontrer grâce à la fiction deux frères d’armes et en prolongeant leurs luttes cent ans après, grâce au cinéma ?