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L’ombre des femmes de Philippe Garrel (2015), sur Arte Un mari et une femme, tous deux réalisateurs et infidèles, se redécouvrent sous un nouveau jour. Stanislas Merhar et Clotilde Courau, peut être dans leurs plus beaux rôles, forment un couple...
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L’ombre des femmes de Philippe Garrel (2015), sur Arte
Un mari et une femme, tous deux réalisateurs et infidèles, se redécouvrent sous un nouveau jour. Stanislas Merhar et Clotilde Courau, peut être dans leurs plus beaux rôles, forment un couple fragile, oscillant sans cesse entre la lâcheté de l’un et la douleur de l’autre. Pour la vingt-sixième page granuleuse de son journal intime en noir et blanc, Garrel dessine un conte cruel, passionnel et forcément saisissant. Au milieu d’un Paris intemporel, tout n’est peut-être pas perdu pour ceux qui s’aiment.
>> À lire aussi : La critique d'Emily Barnett
La Cérémonie de Claude Chabrol (1995), sur Netflix
Film phare de son auteur alors au sommet de sa carrière, La Cérémonie est une adaptation de L'Analphabète de Ruth Rendell portée par un duo inoubliable : la gouvernante Sandrine Bonnaire et la postière Isabelle Huppert. Chabrol signe une satire sociale décapante et met à mal la famille bourgeoise à grands coups de carabine. Implacable et sévère, son scénario orchestre la vengeance minutieuse de ces deux Nemesis avec une délicieuse cruauté. Rare sont ceux qui en ressortiront indemnes.
>> À lire aussi : Quelle grille de lecture pour les films de Chabrol en 2021 ?
À Noël, offrez 5 héroïnes chabroliennes dans un coffret
Atlas d'Antoine d'Agata (2013), sur Mubi
Atlas est un obscur voyage au bout de la nuit, dans les bas-fonds de Kiev ou de La Havane, en passant par ceux de Mumbai et de Beyrouth. Pour son troisième et dernier film en date, le photographe Antoine d’Agata filme des corps en peine, à commencer par le sien, courant après les doses. Les prostituées se succèdent pour dire leur solitude en voix off, le tout dans un saisissant dénuement. Cette cruelle et envoûtante autobiographie apparaît comme une déambulation mélancolique, où la beauté finit toujours par surgir du sordide.
>> À lire aussi : La critique de Jacky Goldberg
Palm Springs de Max Barbakow (2020), sur Amazon
C’est d’un principe connu dont s’empare Palm Springs, popularisé par l’inoubliable Un jour sans fin et son infernale journée de la marmotte : la boucle temporelle. Andy Samberg et Cristin Milioti se réveillent chaque matin en plein mariage, au cœur du désert californien. Si le premier s’est fait à cette condition, profitant du buffet à volonté pour l’éternité, la deuxième s’y refuse et tente de fuir cette cage dorée. Évitant brillamment les écueils du genre, le premier long-métrage de Max Barbakow se vit comme une inventive parenthèse ensoleillée.
>> À lire aussi : La critique de Théo Ribeton
Be Natural : l'histoire inédite d'Alice Guy-Blaché de Pamela B Green (2018), sur MyCanal
Rares sont ceux qui connaissent son nom. Alice Guy est pourtant considérée comme la première réalisatrice de fiction de l'histoire du cinéma et sa vie a tout d'une success story. Débutant comme secrétaire chez Gaumont, la jeune femme assistera à la présentation du Cinématographe des frères Lumière et ne tardera pas à s’emparer de l’objet révolutionnaire. Elle s’envolera même pour les États-Unis monter sa propre société de production, Solax Films. Entre l'enquête de détective et le biopic, le film de Pamela B Green retrace la carrière injustement oubliée d’une pionnière, autrice de plus de 1000 films.
>> À lire aussi : Comment Alice Guy, pionnière du cinéma, a été oubliée parce qu'elle était une femme
BlacKkKlansman de Spike Lee (2018), sur OCS
Au début des années 1970, la lutte pour les droits civiques bat son plein et plusieurs émeutes raciales éclatent aux États-Unis. Dans ce contexte explosif, Ron Stallworth (John David Washington) devient le premier officier noir engagé par la police de Colorado Springs. Pour impressionner ses chefs, il se donne pour mission d’infiltrer les rangs du Ku Klux Klan avec l’aide de son collègue Flip Zimmerman (Adam Driver). Avec cette histoire inspirée de faits réels, Spike Lee réalise une farce anti-Trump corrosive et il s’en donne à cœur joie.
>> À lire aussi : la critique de Jean-Baptiste Morain
Bergman, une année dans une vie de Jane Magnusson (2018), sur Mubi
L’année 1957 est l’année la plus extraordinairement productive du cinéaste suédois Ingmar Bergman : il réalise pas moins de trois films - dont le Septième Sceau et Les Fraises sauvages -, met en scène quatre pièces de théâtre et tente de conjuguer le travail acharné avec sa vie intime tumultueuse (une femme, deux amantes et six enfants). Jane Magnusson tente de percer le mystère : qui est l’homme derrière toutes ces œuvres et surtout que cherche-t-il à fuir ? La réalisatrice remonte le temps, vient démentir sa propre autobiographie et tente de sonder au plus près la personnalité de ce génie névrotique.
Tous les autres s'appellent Ali de Rainer Werner Fassbinder (1974), sur La Cinetek
Fan inconditionnel du roi des mélodrames Douglas Sirk, le fougueux Fassbinder décide d’adapter l’intrigue de Tout ce que le ciel permet dans l'Allemagne des années 1970. Une veuve sexagénaire et un immigré marocain tombent follement amoureux. Leur idylle devra faire face au racisme ordinaire comme le traduit peut-être mieux le titre allemand : La peur dévore l’âme. Le film est le plus accessible de l’œuvre si riche du jeune cinéaste mort prématurément. Comme à son habitude, Fassbinder se penche sur le destin des ostracisés avec une infinie bienveillance et lucidité, loin du glamour et du misérabilisme.
>> À lire aussi : 8 films de Fassbinder pour réapprendre à vivre, malgré tout
L’île aux oiseaux de Maya Kosa et Sergio da Costa (2019), sur Shellac
Après une longue maladie qui l’avait isolé des autres, Antonin, jeune homme à la fatigue chronique, est engagé dans un centre de soins pour les oiseaux sauvages. Dans cet espace qui accueille toutes les âmes en peine, volatiles ou non, il prendra la relève de Paul, un éleveur de souris qui part à la retraite. Au centre, on guérit ou on meurt, les deux moments font partie intégrante de la vie du lieu et de son harmonie. D’une apparente simplicité, à la croisée de la fiction et du documentaire, L’île aux oiseaux est une parabole tendre et poétique sur la convalescence.
>> À lire aussi : la critique de Marilou Duponchel
André Téchiné, cinéaste insoumis de Thierry Klifa (2019), sur Arte
Habituellement très secret, André Téchiné se livre pour la première fois sous le regard bienveillant de son ami, le réalisateur et journaliste Thierry Klifa. On découvre son autodérision, l’amour intense qu’il vouait à sa mère, sa rencontre décisive avec Barthes ou sa passion inconditionnelle pour le cinéma. Ceux qui le dépeignent le mieux sont peut-être ses acteurs - Isabelle Adjani, Catherine Deneuve, Daniel Auteuil, Juliette Binoche, le regretté Patrick Dewaere ou encore Sandrine Kiberlain - et ses scénaristes, Cédric Anger et Olivier Assayas. À travers des archives rares et des extraits de films précieux, toutes les vies de cet artisan de l’ombre se dessinent enfin.