Qu’est-ce qu’on regarde à Côté Court ?
Après une édition 2020 en ligne, le festival Côté Court a débuté ce vendredi 18 juin pour sa trentième édition. Jusqu’au 23 juin, direction le Ciné 104 à Pantin, pour des projections, des séances jeune public et un hommage à la cinéaste Danielle Arbid....
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Après une édition 2020 en ligne, le festival Côté Court a débuté ce vendredi 18 juin pour sa trentième édition. Jusqu’au 23 juin, direction le Ciné 104 à Pantin, pour des projections, des séances jeune public et un hommage à la cinéaste Danielle Arbid.
Pour l’occasion, La rédaction des Inrocks livre parmi ses 5 films favoris.
Sainte-Baume de Laetitia SpigarelliAprès un beau 1er film dans lequel elle arpentait, devant et derrière la caméra, des appartements parisiens vides pour s’occuper de félins délaissés par leur maître en plein mois d’août, Laetitia Spigarelli réalise un film de famille, grande tradition française. À
les villes, brûle le ciel de Frédéric BernardBrûlent les villes, brûle le ciel est un film de désœuvrement adolescent. Un film qui tourne autour de l’ennui des petites villes, de l’écrasante chaleur de leurs étés sans fin. C’est un film de ronde dans lequel deux garçons traînent en vélo, ensemble, se retrouvent pour chanter et faire cracher les guitares dans un garage délabré, et attendent que quelque chose se passe – à moins que rien ne se passe ? Nous les suivrons mutiques, tout le reste du film comme deux ombres perdues, petits démons lâchés dans la ville prêts à foutre le bordel, quelque part entre les ados égarés de Bruno Dumont, et ceux silencieux de Gus Van Sant. Sous la tranquillité de ses cadres, longs travellings ou panoramiques suivant les déambulateurs comme des infiltrés dans un monde étranger, Brûlent les villes, brûle le ciel fait crépiter un sentiment de rage, une sensation de rêve fané qui ne dit pas son nom, mais à tout à voir avec l’époque.
Too Many Cowboys Elles allaient danser de Laïs DecasterRemarquée avec l’excellent court-métrage J’suis pas malheureuse, Laïs Decaster place à nouveau avec Elles allaient danser la figure de la jeune fille au centre de son cinéma. Dans ce second film, deux banlieusardes se retrouvent un soir d’été à Paris pour flâner sur les bords de la Seine, à la recherche d’une soirée. Si le charme infini de J’suis pas malheureuse reposait sur une accumulation de situations amicales arrachées au réel et ce sur une assez longue période de temps, Elles allaient danser semble légèrement plus fabriqué. On y retrouve cependant les qualités de son 1er film ; un formidable appétit pour la spontanéité, un amour infini pour ses personnages et un tropisme pour l’enregistrement de ces moments où une mise à nu existentielle jaillit de la plus grande trivialité. La déambulation de ces deux amies rappellent les derniers films de Guillaume Brac et de Sébastien Lifshitz, mais dans un registre plus directement en prise avec la jeunesse contemporaine.
Palma d’Alexe PoukineDans Palma, il y a une peluche en forme de singe que la petite Palma et sa mère Jeanne (la réalisatrice Alexe Poukine) baladent partout à Majorque, où elles passent quelques jours de vacances. A plusieurs reprises, Jeanne s’arrêtera pour photographier le doudou dans des mises en scène censées prouver aux camarades de classe de l’enfant, la beauté du lieu mais surtout le bonheur de ces vacances à deux. Palma est un film qui travaille, sous son apparente fraîcheur estivale, la question de l’injonction au bonheur, vaste concept cadenassé autour d’une autre idée qui serait celle d’une maternité parfaitement épanouie. Le film d’Alexe Poukine, réalisatrice de deux longs métrages, retourne les images que l’on promeut et que l’on vend pour en dévoiler leur négatif : un lieu paradisiaque finit par faire apparaître sa laideur, une relation qu’on disait naturelle se montre plus retorse. Alexe Poukine et la jeune Lua Michel, en mère et fille, ont une évidente attraction, elles se jaugent et s’apprivoisent, renversent parfois leurs rôles pour finir par se retrouver.
ce territoire connu, fait de personnages haut en couleurs plongés dans une atmosphère bruyante de tendresse et de rancœurs, elle greffe une ingénieuse idée de scénario et de mise en scène qui consiste à faire éprouver à son personnage de violents vertiges dès que celle-ci s’éloigne du sol. Pourtant, c’est durant une retraite en terre d’enfance pour visiter le grand-père malade, qu’elle décide de grimper, à plusieurs reprises, une montagne qui la mène à la Grotte de Sainte-Baume, unique refuge de ce retour dans le passé asphyxiant où elle fera bientôt la rencontre d’une communauté de sœurs. C’est dans ce rapport physique au lieu, cette mise en danger qui dit le mal-être, la tristesse, la solitude, toujours traités sur le mode de la cocasserie, du burlesque léger que Sainte-Baume trouve ses plus beaux moments. Son personnage funambule, Marie (Pauline Lorillard) évoque la Delphine du Rayon Vert d’Eric Rohmer.
(c) Les Films de la Nuit Dustin de Naïla GuiguetLabélisé Semaine de la Critique en 2020, Dustin nous fait pénétrer dans une soirée techno aux côtés d’un groupe de noctambules queer, jeunesse ivre de fête, de drogue. Au milieu de la foule, il y a Dustin, jeune fille trans aux cheveux rouges. La nuit s’achève déjà, mais les am·ies continuent la fête dans un appartement. Là, un dealeur maladroit demandera à Dustin si elle est un mec ou une meuf. Le film de Naïla Guiguet est un beau film sous-terrain, d’abord tapi dans l’ombre de la nuit pour mieux remonter à la surface et faire éclore son émotion au petit matin, avec le léger pincement au cœur de la mélancolie. Mais, à voir Dustin marcher dans les rues réveillées de Paris, l’espoir de quelque chose à venir renaît. C’est un film de bande, mais aussi un portrait qui sait faire exister à l’écran, au centre, des corps et des visages souvent relayés au second plan ou accessoirisés. Dustin ne vaut pas seulement comme la topographie d’un milieu et d’une génération. Il explique dans le fond, ce que le cinéma, la littérature, les arts, n’ont cessé de expliquer : la blessure d’une histoire d’amour qui s’achève et l’apprentissage, l’affirmation de soi, multiple, complexe.
(c) Alta Rocca Films>> À lire aussi : Mois des fiertés : 5 courts-métrages queer à voir sur Canal+
Brûlent les villes, brûle le ciel de Frédéric BernardBrûlent les villes, brûle le ciel est un film de désœuvrement adolescent. Un film qui tourne autour de l’ennui des petites villes, de l’écrasante chaleur de leurs étés sans fin. C’est un film de ronde dans lequel deux garçons traînent à vélo, ensemble, se retrouvent pour chanter et faire cracher les guitares dans un garage délabré, et attendent que quelque chose se passe – à moins que rien ne se passe ? Nous les suivrons mutiques, tout le reste du film comme deux ombres perdues, petits démons lâchés dans la ville prêts à foutre le bordel, quelque part entre les ados égarés de Bruno Dumont, et ceux silencieux de Gus Van Sant. Sous la tranquillité de ses cadres, longs travellings ou panoramiques suivant les déambulateurs comme des infiltrés dans un monde étranger, Brûlent les villes, brûle le ciel fait crépiter un sentiment de rage, une sensation de rêve fané qui ne dit pas son nom, mais à tout à voir avec l’époque.
Too Many Cowboys Elles allaient danser de Laïs DecasterRemarquée avec l’excellent court-métrage J’suis pas malheureuse, Laïs Decaster place à nouveau avec Elles allaient danser la figure de la jeune fille au centre de son cinéma. Dans ce second film, deux banlieusardes se retrouvent un soir d’été à Paris pour flâner sur les bords de la Seine, à la recherche d’une soirée. Si le charme infini de J’suis pas malheureuse reposait sur une accumulation de situations amicales arrachées au réel et ce sur une assez longue période de temps, Elles allaient danser semble légèrement plus fabriqué. On y retrouve cependant les qualités de son 1er film ; un formidable appétit pour la spontanéité, un amour infini pour ses personnages et un tropisme pour l’enregistrement de ces moments où une mise à nu existentielle jaillit de la plus grande trivialité. La déambulation de ces deux amies rappelle les derniers films de Guillaume Brac et de Sébastien Lifshitz, mais dans un registre plus directement en prise avec la jeunesse contemporaine.
Palma d’Alexe PoukineDans Palma, il y a une peluche en forme de singe que la petite Palma et sa mère Jeanne (la réalisatrice Alexe Poukine) baladent partout à Majorque, où elles passent quelques jours de vacances. A plusieurs reprises, Jeanne s’arrêtera pour photographier le doudou dans des mises en scène censées prouver aux camarades de classe de l’enfant, la beauté du lieu, mais surtout le bonheur de ces vacances à deux. Palma est un film qui travaille, sous son apparente fraîcheur estivale, la question de l’injonction au bonheur, vaste concept cadenassé autour d’une autre idée qui serait celle d’une maternité parfaitement épanouie. Le film d’Alexe Poukine, réalisatrice de deux longs métrages, retourne les images que l’on promeut et que l’on vend pour en dévoiler leur négatif : un lieu paradisiaque finit par faire apparaître sa laideur, une relation qu’on disait naturelle se montre plus retorse. Alexe Poukine et la jeune Lua Michel, en mère et fille, ont une évidente attraction, elles se jaugent et s’apprivoisent, renversent parfois leurs rôles pour finir par se retrouver.
(c) Kidam