Qu’est-ce qu’on regarde ce dimanche soir, 18 juillet ? “Florence Foster Jenkins” sur Arte à 21h
Le film de Stephen Frears s’appelle Florence Foster Jenkins, mais il aurait aussi bien pu s’appeler “St Clair Bayfield”, du nom de l’époux et agent de cette cantatrice abyssalement nulle, mais n’ayant pas conscience de l’être, qui exerça ses...
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Le film de Stephen Frears s’appelle Florence Foster Jenkins, mais il aurait aussi bien pu s’appeler “St Clair Bayfield”, du nom de l’époux et agent de cette cantatrice abyssalement nulle, mais n’ayant pas conscience de l’être, qui exerça ses “talents” à New York jusqu’à sa mort d’une crise cardiaque en 1944.
C’est qu’entre Meryl Streep, qui prête sa virtuosité Actors Studio au personnage éponyme, et Hugh Grant, qui offre sa bonhomie habituelle au dévoué mari, le génie n’est pas forcément réparti comme on pourrait le croire. Non que la comédienne la plus nommée aux Oscars de l’histoire ait quoi que ce soit à se reprocher, mais sa légendaire justesse apparaît ici pour ce qu’elle est : une agile récitation de gammes, certes agréable mais profondément dénuée d’enjeux.
Meryl Streep, compositrice hors pair, est ainsi l’antithèse de Florence Foster Jenkins, artiste dénuée de talent mais dont l’ingénuité faisait tout le charme (à en croire la fiction du moins).
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Grant n’a pas bougé de son posteHugh Grant au contraire, fidèle à sa ligne historique, ne joue pas, ou pratiquement pas ; il ne fait rien, c’est-à-dire beaucoup, mais tout pour que ça ne se voie pas – une autre idée de l’acteur, hélas moins en vogue. On lira sans doute ici ou là que le comédien britannique fait avec ce film prestigieux (comme tous ceux de Frears) son come-back.
Pour cela, il faudrait qu’il soit parti, or depuis Le Come-Back, précisément (Music and Lyrics en VO, de Marc Lawrence, 2007), Grant n’a pas bougé de son poste. Il n’a ainsi cessé de jouer – ou plutôt d’être, puisque chez lui les deux se confondent – ce paon au plumage un peu passé, tout à fait conscient d’être has been mais n’ayant rien abdiqué de sa superbe (dans Les Mots pour lui dire, The Rewrite, par exemple, également de Marc Lawrence). Ici, il trace une nouvelle fois ce sillon avec une délicatesse inouïe, et donne à l’ambigu St Clair Bayfield une humanité foudroyante.
Un pur geste d’amourComme dans Marguerite de Xavier Giannoli (fondé sur la même histoire, mais déplacé en France dans les années 1920), le sujet du film est la croyance. La croyance en quelqu’un quand bien même personne, à part ce quelqu’un, ne se fait d’illusions.
Mais là où le soutien d’André Marcon à Catherine Frot était conditionnel et peu sincère, celui de Hugh Grant vis-à-vis de Meryl Streep est absolu et indéfectible, déplaçant le centre de gravité vers son personnage. Et c’est ce pur geste d’amour, envers et contre tout, d’un paon pour une oie, de celui qui déploie sa parure pour protéger celle qui crie sans protéger ses arrières, qui nous émeut tant.
Florence Foster Jenkins, le 19 juillet 2021 à 21h sur Arte.