Qu’est-ce qu’on regarde ce dimanche soir, 30 mai ? “Total Recall” de Paul Verhoeven sur RTL9

Inspiré d’une nouvelle de Philip K. Dick, Souvenirs à vendre (1966), Total Recall de Paul Verhoeven, s’apparente à une histoire paranoïaque, comme souvent chez l’auteur d’Ubik. Nous sommes en 2048, une société nommée Rekall propose à ses potentiels...

Qu’est-ce qu’on regarde ce dimanche soir, 30 mai ? “Total Recall” de  Paul Verhoeven sur RTL9

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Inspiré d’une nouvelle de Philip K. Dick, Souvenirs à vendre (1966), Total Recall de Paul Verhoeven, s’apparente à une histoire paranoïaque, comme souvent chez l’auteur d’Ubik. Nous sommes en 2048, une société nommée Rekall propose à ses potentiels clients de leur implanter des faux souvenirs d’évasion et/ou de vie meilleure. Contre l’avis de ses proches, Douglas Quaid décide de se faire implanter un souvenir.

Pourquoi voyager au bout de l’univers, clame la publicité, quand vous pouvez avoir immédiatement, et sans bouger de chez vous, le souvenir de l’avoir déjà fait ? Séduit par la proposition, le modeste ouvrier Doug Quaid choisit le package “Aventure d’agent secret sur la planète Mars”. Problème : quand le programme se met à dérailler, il n’est plus possible de savoir – ni pour le héros, ni pour le spectateur – si l’incident fait partie (ou non) de la simulation.

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C’est plutôt à la part la plus bête de Schwarzenegger que le génie de Verhoeven décida de s’associer

Lorsque l’acteur de Terminator est allé chercher le réalisateur de RoboCop pour adapter Souvenirs à Vendre, tout laissait pourtant penser que les deux hommes allaient se retrouver plus simplement dans le goût commun des armures froides. Et cependant, contre toute attente, c’est bien plutôt à la part la plus bête de Schwarzenegger (celle d’Un Flic à la maternelle sorti la même année que Total Recall) que le génie de Verhoeven décida de s’associer.

Et ce combo est assez magique. En particulier au début du film. Tant le corps démesuré de Schwarzenegger fait exploser d’entrée, et de manière hilarante, l’hypothèse du “petit ouvrier modeste”. Dès le départ donc, le film est un rêve. Un rêve où des gens modestes gonflés à l’hélium croisent, sans surprise, des hologrammes de joueuse de tennis et des pantins robotiques travaillant comme chauffeurs de taxi. Et cette façon d’évacuer aussitôt le réalisme fait que “le vrai / le faux” n’est pas seulement le sujet du film mais sa matière même.

Par un pur effet du hasard, qui n’est jamais (c’est connu) que l’autre nom de la destinée, cette manière onirique n’a fait que s’amplifier au fil des années. Quand on revoit aujourd’hui Total Recall on a l’impression que d’autres films, depuis sa sortie, sont venus s’y greffer. A part que, comme dans les rêves, tout semble ici étrangement modifié et déplacé. On se souvient bien par exemple d’un film des années 90 de Paul Verhoeven avec Sharon Stone, mais que penser de la Sharon Stone de Total Recall – athlétique, joufflue, cheveux bouclés, très éloignée de la bourgeoise glacée de Basic Instinct (1992) ?

Une petite pilule rouge ?

Ce mouvement d’incorporation et de distorsion atteint son point maximum au milieu du film. Quand le patron de la compagnie Total Recall apparaît devant Doug pour expliquer à ce dernier qu’il est en plein délire schizoïde. Et qu’il lui faut, s’il désire retrouver la réalité, avaler une petite pilule rouge. Impossible maintenant de voir cette scène sans y surajouter mentalement la scène du choix laissé à Néo par Morpheus, dans Matrix (1999), entre réalité et illusion – pilule bleue et pilule rouge.

Avec Total Recall, Verhoeven cherche à inquiéter les images mais il le fait en restant encore ancré dans des artifices à l’ancienne (maquillage, animatroniques) qu’il pousse simplement à leur point de parodie. Un an plus tard, en revanche, dans Terminator II, James Cameron et le même Schwarzenegger montreront qu’un autre régime des images peut de fait renverser le monde ancien et instaurer une nouvelle bascule (digitale) entre rêve et réalité.

En 1990 Verhoeven n’anticipe rien de cette rupture historique. Mais il se souvient de tout ce qui l’a précédé. Il ramène tout une dernière fois. Tous les tours, tous les trucs, toutes les techniques. Pour un grand recall. Un grand défilé hystérique et potache de tous les freaks cinématographiques. Avec femme à trois seins et bébé baveux encastré dans le thorax. Comment ne pas l’aimer précisément pour ça ?

Total Recall de Paul Verhoeven est diffusé dimanche 30 mai sur RTL9 à 22h40.

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