Qu’est-ce qu’on regarde ce samedi soir, 29 mai en streaming ? “Mystic River” sur Netflix

On avait presque complètement oublié l’intrigue de Mystic River, sorti il y a bientôt vingt ans, et plus vraiment cité ces dernières années dans le commentaire pourtant toujours nourri qui entoure l’œuvre elle-même très vivante de Clint Eastwood....

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On avait presque complètement oublié l’intrigue de Mystic River, sorti il y a bientôt vingt ans, et plus vraiment cité ces dernières années dans le commentaire pourtant toujours nourri qui entoure l’œuvre elle-même très vivante de Clint Eastwood. Est-ce parce que son trio d’acteurs, alors au sommet du cinéma d’auteur américain (Sean Penn, Tim Robbins, Kevin Bacon – les deux 1ers emporteront un Oscar), a depuis été cruellement relégué à son second, voire troisième plan ? Est-ce parce que son appartenance de genre, mélange de polar bleu pétrole et de tragédie prolétaire, est un petit peu passée de mode, et l’a fondu dans une mélasse de souvenirs lointains ?

A revoir aujourd’hui le film, c’est effectivement toute une époque de cinéma qui reflue ; époque marquée par ledit genre, par la grisaille et la crasse des villes de l’Est américain (Boston, théâtre de tous les romans de Dennis Lehane), l’immigration irlandaise, les ports noirs et huileux et la fumée des raffineries. Marquée, aussi, par le charisme cabotin de Sean Penn, beau comme un poster de rock, acteur jusqu’à la caricature, tout en colères de cinéma qu’il assume jusqu’à un état de convulsion épileptique, et en placidité elle aussi de cinéma, faux calmes pas moins surjoués.

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On a oublié l’intrigue

Au faîte de sa gloire de cinéaste (il enchaînera avec Million Dollar Baby), Eastwood a sans doute voulu se hisser à la hauteur du 1er voire du seul de ses maîtres, et signer son Il était une fois en Amérique à lui. Une histoire de gosses des rues fauchés par la vie, le petit crime et les fatalités de la classe ouvrière américaine, ensorcelée par le mouvement entêtant d’un thème musical simple et sublime (de Clint lui-même, comme d’habitude), racontée avec un mélange paradoxal d’empathie extrême, viscérale (pas un personnage qui ne souffre et qu’on ne cherche à sauver de cette souffrance), et de léger surplomb mélancolique, l’air de se dire après chaque scène : “ainsi va la vie en Amérique”.

Le résultat n’est pas aussi ostensiblement théâtral que Leone et ne se compare plus vraiment à lui (aucune honte à ça), mais il s’en réapproprie néanmoins l’élégie, sous une forme de son temps, plus boueuse, plus urbaine, un peu roman de gare, limite plouc dans certains personnages (Sean Penn lui-même, parfois grotesque dans son numéro de patriarche irlandais old school). On a oublié l’intrigue, oui, malgré la construction dramatique pourtant époustouflante de l’orfèvre du roman noir Dennis Lehane, louvoyant élégamment entre les hypothèses variablement glauques, les secrets de famille et les cauchemars refoulés entourant le meurtre intolérable d’une jeune fille de 19 ans. Ce qui est revenu d’un coup, en revanche, c’est cette tonalité tragique décomplexée. On se promet de ne pas à nouveau l’oublier vingt ans.

Mystic River de Clint Eastwood est disponible sur Netflix.

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