Qu’est-ce qu’on regarde ce soir ? “À bout de course” sur TCM Cinéma

Engagé dans un mouvement perpétuel, A bout de course (1988) suit la cavale d’une famille d’activistes recherchée par le FBI, obligeant ainsi leurs deux garçons à vivre dans la clandestinité. Alors que la famille Pope trouve refuge dans le New...

Qu’est-ce qu’on regarde ce soir ? “À bout de course” sur TCM Cinéma

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Engagé dans un mouvement perpétuel, A bout de course (1988) suit la cavale d’une famille d’activistes recherchée par le FBI, obligeant ainsi leurs deux garçons à vivre dans la clandestinité. Alors que la famille Pope trouve refuge dans le New Jersey, l’aîné des deux enfants, âgé de 17 ans, tombe amoureux et impose sa liberté. En empruntant le titre à une chanson de Jackson Browne, Running on Empty, Sidney Lumet appelle au désir émancipatoire d’une génération en quête de permission.

La fureur de vivre

Avant sa disparition tragique en 1993, River Phoenix avait tout pour devenir le nouveau James Dean et la comparaison est d’autant forte lorsqu’on pense à ce plan anthologique dans lequel son personnage trouve refuge dans la chambre de l’héroïne où trône le poster de Géant. Contraint à la clandestinité avec sa famille et animé par sa passion pour le piano, le jeune Danny Pope est face à un dilemme, que Lumet représente en usant d’une image crépusculaire dans laquelle Danny chancelle constamment entre les ombres et la lumière.

Oscillant entre mutisme et goût de la rébellion, le jeune homme est en perpétuel mouvement à tel point que le cadre lui-même peine à le saisir. L’articulation de son corps illustre aussi toute la nuance d’un personnage à la fois fuyant et présent, aérien et insaisissable. Quelques plans suffisent pour que le regard soit happé par son agilité. River Phoenix n’est plus le petit garçon de Stand by Me (de Rob Reiner), il dévoile dorénavant un jeu plus complexe et abouti. En gravant sur pellicule l’effervescence du jeune homme, le cinéaste cristallise sa beauté angélique à jamais éternelle.

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Désirs incandescents

Suivant les 1ers pas amoureux, le film s’immisce dans les émotions juvéniles de Danny et Lorna (Martha Plimpton). Comme l’éclosion d’une fleur, le film accorde à ces jeunes personnages le temps de s’appréhender avant de s’embrasser, se dévoiler. À cet égard, les séquences dans le parc interviennent dans le récit comme des moments où l’un et l’autre peuvent respirer, s’évader de la réalité : Danny peut échapper au secret de ses parents, Lorna à son père qui la couve constamment.

Ce qui lie également ce jeune couple, c’est la musique, et plus précisément celle que nous fait entendre Danny et grâce à laquelle il peut prétendre à intégrer la Juilliard School, un prestigieux conservatoire de New York. Loin d’être un support ou une béquille à l’émotion, le piano semble bien au contraire le facteur d’intégration de Danny au cœur de cette nouvelle vie. Quand il joue sur le clavier engage souvent un mouvement de caméra. L’image se resserre sur Danny dans l’espoir de saisir au plus près ses évasions musicales. Lorsque Sidney Lumet met en scène Danny et sa mère jouant à quatre mains au piano une chanson d’autrefois, le cinéaste signale d’ores et déjà une séparation inéluctable.  

Une fuite à l’arrêt

Contrairement à ses polars précédents tels que The Offence, Sidney Lumet explore avec A bout de course un terrain inhabituel dans sa filmographie : la politique. Bien que la dimension militante des parents de Danny soit relayée au second plan, à l’exception d’une scène, le contexte historico-politique du film, celui de l’après-guerre du Vietnam, marque l’origine de cette fuite. Ayant participé activement à des attentats à visée non meurtrière, cette famille est recherchée par les autorités. Le quotidien est dès lors mené par un instinct de survie pour lequel l’attachement est impossible, en témoigne l’abandon du chien au début du film une fois la maison repérée par le FBI. Cette famille ne cesse alors de chercher une place, à l’abri des regards.

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Du motel à la maison, les scènes de quotidien de cette famille sont teintées d’une angoisse latente, celle d’être repérée par la police. Si l’inquiétude règne et oblige les 2 fils à changer d’identité, la scène d’anniversaire de la mère parvient à faire cohabiter dans un seul plan la connivence et l’inquiétude. De ce régime d’image se dégage une insouciante et un sentiment euphorique entre des personnages conscients de vivre, le temps d’une soirée, un instant rare, et peut-être le dernier. 

Comme un saut dans le vide, A bout de course éveille en chacun·e d’entre nous l’envie d’être ailleurs, partir en prenant le risque de s’éloigner des personnes aimées, réaliser des rêves un peu fous. Chaque plan de ce film porte simultanément le désir de fuir et l’éveil d’une génération, ici incarnée par River Phoenix.

A bout de course de Sidney Lumet, diffusé ce vendredi 18 juin, sur TMC Cinéma, à 22 h 40. Le film est également disponible en streaming sur LaCinetek.