Qu’est-ce qu’on regarde ce soir ? “Les Neiges du Kilimandjaro” sur France 3

Avec Les Neiges du Kilimandjaro, Robert Guédiguian retourne à ses pénates (après l’assez peu réussie fresque historique L’Armée du crime). Nous revoici à Marseille, avec des visages familiers et un format plus modeste de série B. Mais, loin...

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Avec Les Neiges du Kilimandjaro, Robert Guédiguian retourne à ses pénates (après l’assez peu réussie fresque historique L’Armée du crime). Nous revoici à Marseille, avec des visages familiers et un format plus modeste de série B. Mais, loin de constituer un retour à la routine, le film est un des plus vibrants de son auteur.

Élire une troupe d’acteur·rices et lui être fidèle, c’est à un moment donné rendre visible son vieillissement, et le film est très beau sur le passage du temps. Le temps qui passe, ce n’est pas seulement la mort qui travaille. C’est aussi quelque chose qui s’est déposé, se dépose encore et lie ces époux amoureux après trente ans de mariage. Guédiguian fait le choix d’un portrait idéalisé de la douceur de vivre des vieux compagnonnages (conjugaux, amicaux, familiaux), de la douceur de vivre de la petite bourgeoisie, ses apéros entre amis, ses week-ends en famille avec de grands et de petits-enfants, ses chamailleries qui sont encore des signes d’amour.

Tout cela est émouvant, parce que très fiable, cerné par un grand danger de débâcle économique, qui dès la 1ère scène, découpée en thriller, dépose un germe de menace dans le quotidien charmant de la petite communauté qui se pensait à l’abri.

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Cela est aujourd’hui mais est filmé comme presque déjà hier.

La petite-bourgeoisie, ce n’est plus qu’une toute petite embarcation flottant sur un océan démonté, et dont de plus en plus d’exclus tombent, au risque de la noyade. Et certain·es, pour ne pas se noyer, s’accrochent, quitte à faire chavirer d’autres occupant·es du radeau.

Un des plus beaux coups formels de ce film, où la mise en scène est peu tapageuse mais toujours précise, c’est une scène de hold-up domestique, dans laquelle on entre avec les victimes (nos petits-bourgeois aimables) et d’où on ressort avec le braqueur. Cette bascule du point de vue est forte comme le brusque retournement d’une manche permettant de voir en un éclair l’endroit et l’envers d’un même tissu social.

La tension de la scène chute, mais aux côtés de celui qui l’a brutalement provoquée : Grégoire Leprince-Ringuet enlève sa cagoule, range son flingue, puis prend calmement le bus, rentre chez lui et réintègre un quotidien finalement proche de ses agresseurs (mais en nettement plus pauvre).

Ces gens auraient dû vivre ensemble et un ordre économique les a dressés les uns contre les autres. C’est le mérite du film de l’incarner aussi fortement par les moyens du cinéma.

Les Neiges du Kilimandjaro de Robert Guédiguian, ce lundi 23 août à 21h05 sur France 3. 

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