Qu’est-ce qu’on regarde ce soir ? “Princesse Mononoké” sur LaCinetek

Sorti en 1997, Princesse Mononoké confirme déjà à l’époque l’éclatante santé de l’animation japonaise qui apporte un salutaire contrepoint à la domination américaine dans ce domaine. Réalisateur, producteur et directeur-fondateur du Studio...

Qu’est-ce qu’on regarde ce soir ? “Princesse Mononoké” sur LaCinetek

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Sorti en 1997, Princesse Mononoké confirme déjà à l’époque l’éclatante santé de l’animation japonaise qui apporte un salutaire contrepoint à la domination américaine dans ce domaine. Réalisateur, producteur et directeur-fondateur du Studio Ghibli, Hayao Miyazaki pourrait bien être comparé à Hawks ou Kurosawa par ses thèmes, son esthétique et son ambition artistique.

En France, le cinéaste s’est fait connaître par le biais d’une de ses réalisations Porco Rosso, récit d’aventures dans le cadre de l’aviation évoquant Seuls les anges ont des ailes , et par une de ses productions, Le Tombeau des lucioles d’Isao Takahata, bouleversant récit d’enfance et de guerre plus proche cette fois de Rossellini. Nulle cuistrerie dans ces citations de maîtres du cinéma mondial, juste l’intention de bien faire comprendre que loin des sous-produits à la Goldorak, Miyazaki, bien avant la nouvelle génération des Satoshi Kon, a su gonfler l’animation nippone d’un véritable souffle artistique.

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La quête d’un héros du Moyen Age

L’action de Princesse Mononoké se déroule dans le Moyen Age japonais, ère féodale de conflits et de violences, de guerriers en costumes et d’oriflammes, de superstitions et de légendes. Le village d’une tribu pacifique est attaqué par une divinité maléfique ayant pris l’apparence d’un sanglier géant. Le jeune Ashitaka, futur chef du clan, réussit à vaincre le monstre mais sort du combat avec une blessure venimeuse au bras qui le condamne à terme. Il doit alors quitter son village et partir vers l’ouest du pays à la recherche d’un certain dieu-cerf, seule divinité susceptible de lever le sortilège de sa blessure et d’apaiser les démons.

Au cours de son voyage, il rencontre une fille élevée par les loups (la princesse Mononoké), la cheftaine d’une communauté de forgerons (Dame Eboshi), des forêts enchantées ou maléfiques, des divinités incarnées par tout le bestiaire forestier (loups, sangliers, singes, cervidés, sylvains)…

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Un mélange de genres

Grande fresque épique, Princesse Mononoké tient à la fois du récit picaresque, du conte initiatique et de la fable politique, Miyazaki alternant avec une réelle maestria narrative les séquences de batailles, les scènes de combats et les moments plus intimistes.

Au fil du film, on se rend compte que, s’agissant du traitement des situations et des personnages, Miyazaki s’avère nettement moins manichéen que l’ami Disney (euphémisme) : le conflit central du film oppose les habitants de la forêt (genre d’écolos hardcore) au village des forgerons, qui ont besoin du bois et des arbres pour exercer leur activité. Le héros Ashikata, tel un personnage renoirien, prend alternativement parti pour l’un et l’autre camp, ayant le souci de protéger la forêt et de calmer les dieux mais comprenant aussi les intérêts vitaux des forgerons, dans une vision qui réconcilierait les hommes, la nature et le ciel.

Une beauté de l’écriture et de l’image

Que ce soit sur le plan intime ou à l’échelle collective, Miyazaki met en jeu une mosaïque d’intérêts divergents où rien n’est jamais tout noir ou tout blanc, où chacun a ses raisons. Tout cet écheveau d’histoires et de situations est porté par une beauté graphique (poésie des couleurs, clarté du trait ­; seule l’animation, admettons-le, est moins fluide que chez les Américains) et une mise en scène dont l’ampleur n’a rien à envier au grand cinéma d’aventure (utilisation de toute l’échelle des plans, travellings et panoramiques majestueux, magnificence de la cité des forges perchée sur une haute montagne, meute de loups blancs striant la nuit, sortilèges multiples de la forêt, voluptueuses envolées de la musique de Joe Hisaishi…).  Les raisons de vibrer ne manquent pas au cours du film.

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On peut dire que Princesse Mononoké est un grand spectacle à l’américaine : mais un spectacle infusé par les légendes et mythologies japonaises qui nous changent du politiquement correct yankee, un dessin animé porteur d’une complexité psychologique qui le situe plus près de Renoir ou de Mizoguchi que de Disney.

Princesse Mononoké de Hayao Miyazaki est disponible sur LaCinetek.