Qu’est ce qu’on regarde ce soir ? “Ratatouille” sur M6

Pendant une décennie, le studio Pixar a été un lieu magique où la découverte des possibilités offertes par ces nouveaux outils technologiques a donné lieu à des mises en scènes réfléchies et des scripts d’une rare audace théorique (avec un...

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Pendant une décennie, le studio Pixar a été un lieu magique où la découverte des possibilités offertes par ces nouveaux outils technologiques a donné lieu à des mises en scènes réfléchies et des scripts d’une rare audace théorique (avec un vrai sommet : Monstres & Cie). De fait, seules les sœurs Wachowski et leur trilogie Matrix peuvent prétendre rivaliser, au même moment, et sur ce même terrain, avec John Lasseter, le cerveau de Pixar, et avec le diptyque Toy Story.

Brad Bird, qui signe Ratatouille (2007), incarne, plus qu’aucun autre, le visage de ce second Pixar, “disneyifié”, plus ancré dans l’histoire et l’humain que dans le technologique et le conceptuel. Cela explique sans doute le nouveau point d’équilibre que l’on trouve ici et qui manquait encore à Cars, sorti l’année d’avant. Les inconditionnel·les du studio apprécieront sans doute cette histoire de rat d’égout au palais si délicat qu’il décide de partir à la conquête des cuisines parisiennes. Ils y verront sans doute une dernière métaphore de la façon dont la révolution numérique a permis à quelques informaticiens sensibles de sortir de leur cave pour entrer dans le temple de l’art. Et ceux qui restaient nostalgiques des grands films à la Disney seront heureux·euses de retrouver une (assez vaine) histoire d’amour entre seconds rôles humains et tout le décor charmant d’un Paris de pacotille. Moins pittoresque que son titre pourrait le laisser penser, le film propose ainsi une synthèse, précisément dosée, entre deux ingrédients principaux : le signe Toy Story et l’ascendant Aristochats.

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Mondialisation du goût et de vins californiens

Ratatouille ne limite pas, d’ailleurs, son sens de la proportion aux seules questions plastiques. Il l’applique aussi aux relations internationales entre la France et les Etats-Unis. Il faut dire que Les Indestructibles ne faisait pas preuve de la même mesure. Hanté par le 11 Septembre et réalisé pendant la furie antifrançaise précédant le conflit en Irak, il transformait le pauvre mime Marceau en dangereux terroriste. Avec un sens narquois de la contrition, Ratatouille prend la peine de le replacer à sa juste place dans le cliché : en show pour touristes devant Notre-Dame. 

Mais c’est évidemment sur la question culinaire que la dialectique est la plus experte, puisqu’il s’agit moins ici de guerre du Golfe que de mondialisation du goût et de vins californiens. En résumé, cela donne à peu près ceci : les grand chefs français sont morts, leurs héritiers directs sont de charmants  incompétents et leurs successeurs officiels des escrocs qui se contentent d’exploiter leur image pour vendre n’importe quoi. En ces circonstances, seul un étranger peut redonner vie à la tradition perdue. Attention, donc, à ce petit rat. Il se peut que son but profond ne soit pas seulement de grignoter les parts de marché du cinéma français, mais aussi de s’en prendre à nos antiques vignobles et à nos plateaux de fromages.

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