Qu’est-ce qu’on regarde en streaming ce soir ? “A Most Violent Year” sur OCS

Avant le film catastrophe Deepwater (2016) et le drame psychologique Monos (2020), J. C. Chandor présentait en 2014 A Most Violent Year, s’imposant comme une des valeurs sûres du cinéma américain, section néoclassique. Est-il un fils de Scorsese...

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Avant le film catastrophe Deepwater (2016) et le drame psychologique Monos (2020), J. C. Chandor présentait en 2014 A Most Violent Year, s’imposant comme une des valeurs sûres du cinéma américain, section néoclassique. Est-il un fils de Scorsese pratiquant l’ascèse ou un descendant de Lumet plus esthète ? Toujours est-il qu’avec Chandor, on ne s’endort pas.

Conquérir sa part du rêve américain

A Most Violent Year nous ramène dans le New York hivernal de 1981, alors que la ville souffre d’une montée de la criminalité. Dans ce contexte tendu, Abel Morales, homme d’affaires trentenaire et immigré hispanique, tente de développer sa société de convoyage d’essence. Alors qu’il essaie d’acquérir un nouveau local, les ennuis lui tombent dessus de tous côtés. Ses camions-citernes sont régulièrement et brutalement braqués, (Gangsters ? Concurrence musclée ?) et il se retrouve face à un vaste contrôle fiscal. 

Comme son prénom l’y prédispose, Abel s’efforce d’être du côté du bien. C’est un homme ambitieux, matérialiste certes, mais il veut conquérir sa part du rêve américain en toute honnêteté et légalité. Même si son épouse, son avocat et les circonstances l’encouragent à commettre de petites (ou grandes) entorses à la loi, il n’en démord pas : le beurre oui, mais en pouvant se regarder droit dans la glace. Pas simple, dans un pays corrompu à tous les niveaux…

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Le thème de l’homme droit contraint à tordre son éthique rappelle le Livre de Job ou les tragédies antiques, notamment les déclinaisons contemporaines new-yorkaises qu’en livre James Gray. Stylistiquement aussi, Chandor rappelle l’auteur de La Nuit nous appartient (2007) avec sa facture classique, sans esbroufe, mais enluminée d’éclats discrets.

Une vision pessimiste et lucide

Le choix d’un New York enneigé, tout en teintes brunes et beiges striées par le vert des camions ou le rouge d’une giclée de sang, la transformation de Jessica Chastain en blonde vénéneuse, celle d’Oscar Isaac en parvenu intégré tiré à quatre épingles (coupe brillantinée, pull mohair, pardessus poils de chameau, gants noirs et visage de sphinx très Pacino, loin d’Inside Llewyn Davis des frères Coen malgré New York et la neige) : tout porte la marque d’un cinéaste élégant mais pas flashy. Une discrète mais ferme tenue formelle qui ne brille pas dans le vide mais rehausse une vision pessimiste et lucide de l’Amérique.

Chandor pourrait faire sien le fameux vers du non moins célèbre contemporain de Llewyn Davis, Bob Dylan : “To live outside the law, you must be honest.” (“Pour vivre hors la loi, il faut être honnête.”)

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A Most Violent Year de J. C. Chandor, disponible en streaming sur OCS et myCANAL