Qu’est-ce qu’on regarde en streaming ce soir ? “Grave” sur Netflix

Sorti en 2016, Grave était présenté la même année en compétition à La Semaine de la critique à Cannes. Le film, interdit aux moins de 16 ans à sa sortie en salle, est désormais disponible sur Netflix. Si les réalisatrices s’aventurent trop...

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Sorti en 2016, Grave était présenté la même année en compétition à La Semaine de la critique à Cannes. Le film, interdit aux moins de 16 ans à sa sortie en salle, est désormais disponible sur Netflix.

Si les réalisatrices s’aventurent trop rarement dans le genre horrifique, il est étrange de constater que c’est souvent par le biais du cannibalisme qu’elles l’ont fait : Claire Denis et sa Béatrice Dalle croqueuse d’hommes dans Trouble Every Day (2001) ; et Dans ma peau de Marina de Van (2002), sur un vampirisme new age.

Le changement de millénaire ne faisait pourtant qu’annoncer, à travers ces deux films géniaux, la mutation de l’héroïne de cinéma en ogresse, car il a fallu attendre quinze ans pour qu’une nouvelle cinéaste s’empare de ce sujet.

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Une appétence pour le sang et pour la chair humaine

Premier long métrage de Julia Ducournau (repérée à Cannes pour son court métrage Junior), Grave explique le parcours semé d’embûches de Justine, étudiante en 1ère année d’une école vétérinaire. Parachutée en pleine période de bizutage, ce personnage végétarien devra avaler pas mal de couleuvres (au propre et au figuré, puisque l’un des gages consiste à gober un rein de lapin cru). Mais surprise : passé le dégoût, Justine se découvre une appétence pour le sang, et bientôt pour la chair humaine.

Plutôt qu’un don – comme les pouvoirs surnaturels de la Carrie de Brian De Palma – l’héroïne de Grave (Garance Marillier, élève modèle puis bestiale) hérite d’un sacré fardeau. La fonction de ce soudain appétit est de souligner les métamorphoses propres à l’adolescence, capables de détruire tout ce qui gêne ou encombre Justine dans sa vie. Notamment sa sœur aînée (Ella Rumpf) charismatique, étudiante en dernière année de la même école, également cannibale, qui empêche sa cadette de grandir.

Un sens aiguisé de la mise en scène

Voici comment Ducournau, avec un beau sens aiguisé de la mise en scène (hérité de maîtres comme Cronenberg cité en référence du film), règle le problème du passage à l’âge adulte : il faut “tuer” – mieux : absorber et assimiler en soi – pour survivre. Peut-être peut-on y voir une image pour décrire le parcours difficile d’une cinéaste qui a dû digérer ses modèles pour faire son propre cinéma. Aussi Grave est-il un parfait acte de naissance.

Il n’a pas fallu longtemps pour que la presse internationale et les festivals se l’arrachent (un carton à Toronto), voyant dans ce film et l’identité de son auteure, une OPA du féminin sur le gore et une promesse de renouveau (Ducournau, en plus d’être une fille, est jeune : 33 ans).

La renaissance de ce cinéma girly et anthropophage est effectivement à bien des égards une aubaine : gonflé, poétique, féroce, il incarne la prise de pouvoir d’une nouvelle génération fracassante de réalisatrices.

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