Qu’est-ce qu’on regarde en streaming ce soir ? “La Rencontre” sur LaCinetek

A travers La Rencontre, Alain Cavalier poursuit son travail à la marge d’un cinéma conventionnel, narratif et explore au contraire, dans un geste poétique, une nouvelle façon de faire des films. Le réalisateur français filme seul, avec une...

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A travers La Rencontre, Alain Cavalier poursuit son travail à la marge d’un cinéma conventionnel, narratif et explore au contraire, dans un geste poétique, une nouvelle façon de faire des films. Le réalisateur français filme seul, avec une caméra vidéo, la rencontre amoureuse entre un homme et une femme, la sienne avec Françoise Widhoff. Ce long-métrage sorti en 1996 est autant la formulation intime du sentiment amoureux que la tentative personnelle d’un cinéma épuré.

Derrière chaque objet, une histoire

Comme un journal intime, La Rencontre met en scène de façon singulière les fragments personnels de ce duo amoureux. S’affranchissant totalement d’une grammaire classique, Alain Cavalier compose son film avec presque exclusivement de gros plans fixes : des objets, des parties de corps et des paysages qui, une fois conjugués par le montage, restituent, en 75 minutes, un quotidien ponctué par le désir et les rires. 

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A travers cette attention aux détails, il crée aussi comme un inventaire de souvenirs : les chaussures du défunt père, ou encore le galet ramassé lors de la 1ère rencontre. Le cinéaste ou sa compagne commente et leur donne alors du sens, une histoire. Un objet en particulier revient régulièrement dans le film : une montre. En plus d’être le 1er objet que le couple ait échangé en gage d’un amour naissant, elle rappelle aux spectateur·trice·s la trajectoire temporel de cette relation. “Nos histoires de montre vont être sans fin, comme le temps”, ironise le filmeur hors-champ. 

Petit à petit, l’incarnation des dialogues par la voix off se substitue à la présence de leur voix hors-champ jouée en son direct. D’une image à l’autre, elle ou il murmure les émotions ressenties. Le film interroge finalement la manière dont le sentiment amoureux peut être filmé. “L’amour impossible à filmer ? Mais qu’est-ce que tu filmes ? L’amour de l’amour.” 

Les pièces d’un puzzle

D’eux, le film ne nous montre pas grand-chose à vrai dire, à l’exception de bribes corporelles (bouche, épaule, pied, main). Leurs visages, fugaces et filmés à de rares occasions, sont insaisissables, flous. “Quand tu n’es pas là, je commence à devenir une ombre”, avoue le cinéaste.

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A bien des égards, ce film résonne avec l’expérience littéraire et photographique d’Annie Ernaux et Marc Marie, qui à partir de clichés pris après l’amour, vont constituer un récit témoignant de leur relation. “Nous avions pensé jusque-là être suffisant pour garder la trace de nos moments amoureux, les photos, ne l’étaient pas, qu’il faille encore quelque chose de plus, de l’écriture”, signale l’autrice des Années dans l’introduction à L’usage de la photo

Avec La Rencontre, Alain Cavalier ne met pas seulement en images la chronique intime d’un couple. Sans nous présenter de manière frontale ses deux protagonistes, il nous invite à constituer nous-même, comme un puzzle, le portrait de ce couple.

La Rencontre d’Alain Cavalier est disponible sur LaCinetek