Qui sont les 10 incontournables du rap game UK ?
Lava La Rue, l’alchimiste C’est sous l’anagramme Lava La Rue qu’Aiwa (prononcez “Ava”) Laurel, 23 ans, mixe rap et pop. Elevée par sa grand-mère jamaïcaine puis par une famille d’accueil, elle s’imprègne de l’ambiance de l’Ouest londonien,...
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Lava La Rue, l’alchimiste
C’est sous l’anagramme Lava La Rue qu’Aiwa (prononcez “Ava”) Laurel, 23 ans, mixe rap et pop. Elevée par sa grand-mère jamaïcaine puis par une famille d’accueil, elle s’imprègne de l’ambiance de l’Ouest londonien, où le croisement des communautés caribéennes, espagnoles, portugaises et marocaines a accouché du dub, du ska, du carnaval et des premières radios pirates qui bercent ses oreilles d’enfant. Après avoir créé le collectif pluri-artistique NiNE8, elle sort deux mixtapes à la croisée des genres, Lavaland puis Stitches. Programmée dans l’édition en ligne du précieux festival de jeunes talents Eurosonic en janvier, elle s’apprête à sortir un nouvel EP, Butter-Fly. Collection de “morceaux queer”, comme elle les appelle, avec en highlight l’addictif et très pop Angel en featuring avec Deb Never. C. B.
Pa Salieu, le golden boy
Tout simplement dément ! Pa Salieu a 22 ans, est né près de Londres de parents gambiens, a grandi en Gambie avant d’être rapatrié à Coventry, une ville pauvre de la banlieue de Birmingham. Des allers-retours qui imprègnent sa personnalité comme sa musique, où gravitent mélodies gambiennes, grime, drill, dancehall et road rap (un gangsta rap typique du Sud londonien), le tout ramené par nos ami·es britanniques sous l’appellation “afroswing”. Envoûté par le chant de sa folkeuse de tante, Pa Salieu note de courts poèmes sur son téléphone, et un beau jour, lui qui deale “pour survivre”, dit-il, parvient jusqu’à un studio d’enregistrement. Armé de son téléphone, il pose sa voix sur des beats et kiffe.
En 2019, l’apprenti rappeur se fait tirer dessus à vingt reprises… Il survit, le déclic se fait. Lancé à fond dans le rap qu’il exerçait jusqu’alors en dilettante, il sort quelques freestyles et signe chez Warner Music. Son premier morceau officiel, Frontline, conte la vie “mazza” (tarée) dans son quartier et cumule aujourd’hui plus de trois millions de vues sur YouTube. Les succès s’enchaînent jusqu’à la sortie en novembre dernier d’une première mixtape, Send Them to Coventry. Y figure notamment le tube Block Boy, du dancehall sombre, bien profond, suintant, enlevé par son rap d’effronté, dont on doit la prod à Kwes Darko, avec lequel il travaille étroitement, tout comme slowthai.
“Je veux que l’on s’intéresse à Coventry, à ma version de l’histoire”, martèle-t-il. Des Coventry, de la douleur et de la violence, il y en a partout en Angleterre, mais aussi en France, aux Etats-Unis. Coventry te coupe totalement du système”
Après un featuring avec Mahalia, c’est FKA twigs qui s’est empressée de contacter le vainqueur du BBC Sound 2021. “C’est un banger de fou, que le monde va très bientôt découvrir”, se marre-t-il au téléphone. Son plus beau fait d’armes reste jusqu’à présent son featuring avec l’autre rappeur à suivre, BackRoad Gee, sur My Family – un morceau d’une authenticité abrasive, insolente et grinçante à vous mettre à terre. Pa Salieu est moins dans la compét que dans le partage.
“Je veux que l’on s’intéresse à Coventry, à ma version de l’histoire”, martèle-t-il. Des Coventry, de la douleur et de la violence, il y en a partout en Angleterre, mais aussi en France, aux Etats-Unis. Coventry te coupe totalement du système. J’ai été coupé du système. J’ai perdu des amis. Je ne reverrai jamais certains car ils ne sortiront jamais de prison alors qu’ils y sont pour avoir cherché à survivre. Nous sommes une génération obstinée et très consciente de ce qu’il se passe. Nous sommes réveillés.” C. B.
Headie One, l’embusqué
Alors que son compatriote et ami Stormzy a préféré s’emparer, avec brio, d’un rap plus mainstream à grand renfort de collaborations avec Ed Sheeran, Headie One en a profité pour devenir le nouveau héros du rap UK. Membre du collectif drill OFB, Irving Adjei a connu une année 2020 mouvementée : un tour par la case prison dès janvier, puis un featuring avec la superstar Drake en juillet, pour le propulser dans une tout autre dimension, lui qui s’est fait connaître en 2018 grâce au méchant Know Better avec son acolyte RV. Après la superbe mixtape élaborée à quatre mains avec Fred Again…, son premier album Edna, paru en octobre dernier, a tout pour faire rayonner le rap UK au-delà de ses frontières. T. D.
SL, le rookie
Chouchou du producteur américain Kenny Beats (Denzel Curry, Vince Staples), avec lequel il a signé l’EP Selhurst E25, SL, nouvelle sensation cagoulée du rap UK, n’en finit plus d’impressionner. Du haut de ses 19 ans, le jeune rappeur tord les sonorités drill avec son flow nonchalant et des inspirations qui lorgnent vers le r’n’b. Après cette livraison abrasive, la mixtape bien nommée Different Dude est un manifeste à la versatilité et à l’originalité du natif de la banlieue est londonienne, dont le flow plein de morgue donne corps à de vicieuses instrus drill comme à des productions plus apaisées, à la beauté singulière. T. D.
>> A lire aussi : slowthai : “Sans la musique, je traînerais dehors, je ferais n'importe quoi”
© Victor Victor808Melo, l’architecte
Si l’on devait distinguer l’instigateur du retour en force de la drill, mouvement rap ultra-violent initié par de jeunes artistes de Chicago comme Chief Keef à l’aube des années 2010, puis récupéré et transformé par la jeunesse londonienne dans la foulée, notre choix se porterait sur le producteur britannique 808Melo. Architecte sonore derrière la plupart des morceaux du regretté rappeur de Brooklyn Pop Smoke, le beatmaker originaire de l’East London a su réconcilier les deux côtés de l’Atlantique et prendre d’assaut les charts. Entre la force de frappe du rap américain et l’esthétique des productions drill UK (Roland TR-808 à l’appui), le mouvement s’est étendu jusque dans nos contrées françaises. T. D.
Flohio, la snippeuse
Vêtue d’une combinaison rouge faisant écho aux marginaux·ales du second long métrage de Jordan Peele, Us, c’est peu dire que Flohio nous avait impressionné·es, un soir de novembre 2019, sur la scène du Pitchfork Festival, à Paris. Autrice en fin d’année de No Panic No Pain, un album à la production aussi immaculée que son ensemble couleur sang, la rappeuse londonienne issue de la diaspora nigériane s’est imposée, avec son flow nerveux, comme une nouvelle tête d’affiche du rap féminin aux côtés de Little Simz ou Stefflon Don, trop souvent laissées de côté par la drill, genre hyper-masculin qui a fait son grand retour ces deux dernières années. T. D.
Dizzee Rascal, le pionnier
Avant de clore les années 2000, le rappeur originaire du district londonien de Bow, lieu de naissance du grime, s’était rendu coupable de l’imparable Bonkers qui, deux semaines durant, s’installera tout en haut des charts anglais. Si la collaboration avec le DJ américano-néerlandais Armand van Helden réaffirmait les racines électroniques du grime, la tentative de transposer ce genre dans un format pop avait pu décontenancer les plus intégristes. Trop fun, trop coloré ou trop extatique, Bonkers apparaît finalement comme la quintessence de l’expansif Dizzee Rascal et de ses velléités pop.
Dès son premier album, Boy in Da Corner (2003), la nervosité du flow élastique se parait déjà de productions bubblegum, presque cartoonesques, qui installaient la personnalité hors cadre de leur auteur. Désormais créativement dépassé par d’autres pionniers (Skepta, Jme) et quelques nouveaux venus (AJ Tracey, Frisco), Dizzee Rascal aura, à n’en point douter, transformé la face du grime.
De la greffe, sûrement trop forcée, de Bonkers ou Dirtee Disco à la musique populaire anglaise, Dizzee Rascal a manifesté toute la versatilité du genre et finalement abattu tous les murs qui confinaient le grime à l’underground dans une réjouissante collection d’albums. Opportuniste ou activiste, l’histoire du grime retiendra Dizzee Rascal pour son art jubilatoire du décloisonnement entre rap, drum’n’bass ou rock, qui culmine sur Temptation, en collaboration avec Alex Turner des Arctic Monkeys. T. D.
IAMDDB, l’affranchie
Alors que la suite de l’excellent Swervvvvv.5 (2019) se fait encore attendre depuis la parution du single Wa’hum à l’aube de la nouvelle année, l’autrice de l’implacable Shade s’est taillé une place de choix dans le rap anglais. Véritable monstre d’aisance dès qu’elle approche le micro, IAMDDB semble capable de faire sienne n’importe quelle production : des incartades jazz (Urban Jazz) aux incursions dancehall, en passant par la trap (Ooo) ou le cloud rap. Issue de la diaspora angolaise au Portugal puis installée à l’âge de 6 ans à Manchester, la Britannique cultive l’imprévisibilité de ses influences sur une formule rap qui ne cesse d’impressionner. T. D.
>> A lire aussi : Il a suffi d’un seul morceau à la rappeuse IAMDDB pour conquérir le monde
Skepta, la superstar
A la faveur de l’immense Shutdown (2016), Skepta, le MC du quartier de Tottenham, a replacé Londres sur la mappemonde du rap. Alors actif en tant que rappeur depuis 2006 et la mixtape Joseph Junior Adenuga (son vrai nom), le pionnier du grime aura attendu de souffler sa trente-deuxième bougie pour connaître le succès et reconfigurer l’esthétique de ce sous-genre du rap, qui puise ses influences dans la musique électronique anglaise.
Plébiscité, depuis la parution de Shutdown, par A$AP Rocky, Drake ou encore Kanye West, ce stakhanoviste signera, dans la foulée, l’immaculé Konnichiwa. Majoritairement produit par ses soins, cet immense disque est devenu l’album de grime le plus vendu de tous les temps, couronné du prestigieux Mercury Prize. Œuvre matricielle et désormais mètre étalon de la scène UK, Konnichiwa a établi de nouveaux standards d’élégance, de précision et d’efficacité pour les productions grime, tout en réaffirmant les influences premières du genre.
Un tour de force qu’il réitérera dans une palanquée de featurings (notamment Praise the Lord, avec A$AP Rocky) et sur le plus apaisé Ignorance Is Bliss, qui rend hommage au tube anglais Murder on the Dancefloor de Sophie Ellis-Bextor. De quoi renforcer une affirmation maintes et maintes fois répétée dans l’Hexagone : le rap est la nouvelle pop. Avec Skepta, et pour la première fois depuis le Bonkers de Dizzee Rascal, l’assertion vaut désormais pour le rap anglais. T. D.
Enny, la relève
“We weren’t meant to stay here but to grow and fly”, claque sur For South Enny, cette kid de Thamesmead, au sud de Londres. Mis en boîte avec le collectif The Silhouettes Project, le second single de la jeune rappeuse et chanteuse (25 piges au compteur), qui s’est fait connaître en avril dernier avec le très infusé soul He’s Not Into You, a tapé dans l’œil d’une certaine Jorja Smith, qui s’est empressée de la signer sur FAMM, son label. Bingo ! En novembre, Enny cartonne avec Peng Black Girls et s’offre un beau remix aux côtés de Jorja. L’incipit d’une belle trajectoire, qui semble déjà toute tracée. F. M.
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