Rachida Dati a changé d'avis sur le cannabis de manière stupéfiante
POLITIQUE - Légaliser le cannabis ? “Pourquoi pas”, répond Rachida Dati. Longtemps opposée à la dépénalisation et la légalisation de l’usage de stupéfiants, l’ancienne garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy envisage désormais à voix haute d’assouplir...
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POLITIQUE - Légaliser le cannabis ? “Pourquoi pas”, répond Rachida Dati. Longtemps opposée à la dépénalisation et la légalisation de l’usage de stupéfiants, l’ancienne garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy envisage désormais à voix haute d’assouplir la législation française considérée comme l’une des plus répressives des états européens jusqu’à la récente généralisation d’une amende forfaitaire délictuelle qui sera tout de même bientôt inscrite au casier judiciaire des contrevenants.
“J’ai évolué sur mes positions”, a admis Rachida Dati ce 3 février, comme vous pouvez le voir dans notre vidéo, lors d’une table ronde organisée par l’Assemblée nationale via la Mission d’information sur la réglementation et l’impact des différents usages du cannabis. Jusqu’alors inflexible sur le sujet, comme en février 2018 sur LCI où elle estimait que “maintenant la majorité des responsables politiques admettent qu’il ne faut pas dépénaliser car on connaît les dégâts irréversibles du cannabis”, la maire LR du VIIe arrondissement de Paris entrevoit aujourd’hui les “vertus” d’une réglementation moins sévère.
Et si ses convictions prônant une stricte interdiction se sont effritées avec le temps, c’est en raison dit-elle de son “vécu” d’ancienne magistrate et de l’implication de membres de sa famille dans des affaires de stupéfiants.
De “maintenir l’interdit” à “pourquoi pas”
“Il faut maintenir l’interdit [car] nous sommes un pays très en avance sur la prévention et la prise en charge médicale”, affirmait Rachida Dati en 2018 sur LCI. Mais de constater l’inverse trois ans plus tard face aux députés. “Les campagnes de sensibilisation dans les écoles, où des policiers ou un substitut du procureur viennent montrer des photos de toxicomanes, ne sont plus du tout adaptées à l’heure des réseaux sociaux où tout le monde est au courant de tout. On est encore très archaïques”, concède-t-elle. Quant à l’injonction thérapeutique prévue par le Code de la santé publique, “elle est à revoir, elle n’est pas efficace”, déplore l’ex-ministre de la Justice.
Lorsque Vincent Peillon, alors ministre de l’Éducation de François Hollande, s’était prononcé en octobre 2012 pour l’ouverture d’un débat sur la dépénalisation du cannabis afin de lutter contre les trafics, Rachida Dati lui reprochait alors d’avoir exprimé une “position grave, lâche et irresponsable”.
Quatre mois auparavant, elle s’en prenait à une Cécile Duflot faisant soi-disant “l’apologie d’une drogue” après que la ministre du Logement avait réaffirmé vouloir appliquer au cannabis “le même régime” réglementaire que pour l’alcool et le tabac. Presque neuf ans après, l’élue LR amorce un début d’adhésion aux préconisations de l’ancienne patronne d’EELV : “Cécile Duflot, c’est vrai que vos propositions m’interrogent. Pas en disant ‘c’est pas bien, il ne faut pas le faire’ mais cela m’interroge parce que je me dis ‘pourquoi pas’”, avance-t-elle.
“On va faire secouer la société”
Désormais convaincue qu’“il faut qu’on bouge sur cette législation”, Rachida Dati anticipe les contours d’une future régulation: de la production à la distribution du cannabis, la nouvelle convertie semble en pleine réflexion en se demandant si “on en fait une entreprise comme pour le tabac, c’est-à-dire qu’on en fait une économie avec des taxes ?”. Et de poursuivre son questionnement : “Faut-il une production privée et une distribution d’État ?”.
Constatant que “la consommation reste parfois au même niveau” dans les pays ayant franchi le pas et que “l’effet d’aubaine du trafic” s’y effondre, la maire du VIIe arrondissement a vanté aux députés une des principales “vertu” de la légalisation : disposer de produits dont la qualité serait enfin “contrôlée”, en citant l’exemple français de la vente controversée du cannabidiol (CBD), une molécule présente dans le cannabis qui n’a “pas d’effet stupéfiant”.
“Dire demain ‘on légalise tout : la production et la consommation’, on va faire secouer la société”, prévient Rachida Dati, devançant sans doute les remous prévisibles à droite, dans sa propre famille politique traditionnellement hostile aux réformes en matière de stupéfiants, tout en croyant détecter dans les enquêtes d’opinion que “les gens sont prêts” à accepter la légalisation du cannabis. Et de prévenir les législateurs : “une fois qu’on aura fait le cannabis, on aura un sujet avec les autres drogues”.
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