Rap US : les artistes qui sont passés de l’étape d’élève au mentor
Dans toute l’histoire du rap américain, la sagesse musicale a toujours été insufflée d’une génération à une autre. C’est ce qui continue de faire d’ailleurs la résistance et l’émergence du game. Il est donc clair qu’il y a de véritables avantages...
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Dans toute l’histoire du rap américain, la sagesse musicale a toujours été insufflée d’une génération à une autre. C’est ce qui continue de faire d’ailleurs la résistance et l’émergence du game. Il est donc clair qu’il y a de véritables avantages à passer des moments sous l’arbre d’apprentissage. À cet effet, des cas sont légion où on voit des rappeurs accrochés aux bras des stars abouties pour devenir eux-mêmes des icônes.
En passant par les artistes de l’ancienne génération à ceux d’aujourd’hui, cette situation s’est maintes fois répétée. Pour plus de précision, nous nous intéressons à ceux qui sont passés de l’étape d’élève au stade de mentor. En termes clairs, vous découvrirez dans ce billet, ces icônes qui ont investi dans leurs mentors, tout comme leurs maîtres l’ont fait pour eux.
Jaz-O à Jay-Z
Avant d’être une véritable idole dans le rap game américain, Jay-Z n’était qu’un talent à l’état brut. Au début de sa carrière musicale, Sean Carter, comme il s’appelle à l’état civil, a été assez intelligent pour comprendre que seul son talent embryonnaire ne suffirait pas. Ainsi, la future légende a décidé de s’accrocher aux bras de ceux qui ont déjà des expériences avérées dans le game.
Chemin faisant, il rencontre Big Daddy Kane qui accepte lui offrir la chance d’une 1ère tournée. Mais bien avant de parvenir à cette collaboration florissante, il a été pris sous les ailes d’un autre MC de Marcy.
Pendant ce temps, il faut signaler que Jaz-O faisait énormément causer de lui non seulement dans l’univers du rap américain, mais également dans le monde. Ce producteur de disques américains était déjà signé chez EMI à l’époque et suscitait assez de fanfares autour de son talent et ses différentes sorties. Ayant même été référencé par DJ Clark Kent dans le top 3 des figures intemporelles, cet artiste était sur le point d’être une légende.
Cependant, il s’est avéré que son influence serait éclipsée par l’élève qu’il a rencontré avec son ami Clyde « Nike » Harewood. Il s’agit en l’occurrence de Jay-Z. Au cours de la rencontre, l’ami de Jaz soutenait que son futur mentoré serait un hitmaker en herbe. C’est à cette occasion de démonstration que le maître a décidé de garder un œil sur lui.
Quelques semaines après ladite réunion, Jaz décide d’accorder à Jay (alors connu sous le pseudo de Jazzy) une 1ère chance d’être un rappeur. Cela s’est fait notamment remarquer sur un long métrage sur Hawaiien Sophie.
Au moment où il lançait son deuxième projet à succès en 1990, Jay-Z gagne deux différentes places qui lui ont permis de faire ses preuves sur des singles comme The Originators. Ainsi, Jazzy d’alors a réussi à créer sa propre image dans le game avant de s’engager dans une longue querelle avec son mentor. Compte tenu de son succès, le rappeur et futur président de Def Jam tend la main à d’autres artistes.
JAY-Z perpétue la tradition de son mentor Jaz-O
Après s’être excellemment illustré sur The Dynasty en 2000, Hov décide de perpétuer la tradition de son mentor. En effet, il a alloué une partie de sa plateforme pour faire émerger la carrière d’autres artistes de Roc-A-Fella. Il s’agit notamment de Marcy MC Memphis Bleek, Beanie Sigel et Freeway. Son objectif était d’œuvrer à ce que chacun de ses talents émergeants aient des disques classés au palmarès Billboard. De même, il voulait s’assurer que ces derniers bâtissent leur richesse dans le domaine.
À cet effet, son affirmation à propos de Memphis en dit long : « Tant que je suis vivant, il est millionnaire ». Cette déclaration de Hov montre combien de fois il accorde plus d’importance non seulement à la création, mais également à une vie meilleure de tous ses élèves.
Comme ancré dans son habitude, Jay-Z, jusqu’à ce jour ne cesse de venir au secours des artistes qui sont dans le besoin. En dépit de sa présence moins active dans le milieu de RnB ces dernières années, la légende du rap américain a pu épauler Meek Mill et Lil Uzi Vert. Il a aidé le 1er à reprendre sa carrière après sa sortie de la prison. En ce qui concerne le deuxième, il l’a fait sortir de son contrat avec Generation Now. Il a d’ailleurs signé son ex-mentor Jaz-O à Roc Nation.
Bref, Jay est connu aujourd’hui comme étant un véritable repère en raison de ce qu’il a énormément participé à l’éclosion et la promotion de nombreux talents du rap game américain.
Jay-Z à Kanye West
Si Jay-Z a été un résultat de Jay-O, il n’a pas cessé d’étendre également ses ailes à d’autres artistes qui l’ont suivi. La preuve, jusqu’à ce jour, Kanye West ne cesse de dire qu’il le considère comme son « grand-frère », son producteur numéro 1 et surtout comme son « mentor ». Le rappeur basé à Chi-Town a sorti cette déclaration pour la 1ère fois en 2006 pour exprimer sa joie d’être à Roc-A-Fella.
Pour l’histoire, il a d’abord fait ses preuves en qualité de hitmaker après sa collaboration brillante avec Jay-Z sur The Blueprint. Suite à ce succès fulgurant, Ye ne perd plus de temps avant de lancer sa propre filiale. Cette dernière a été lancée en 2004 sous l’acronyme de G.O.O.D qui signifie Getting Out Our Dreams.
Très tôt, la filiale de Kanye West est devenue une référence pour des voix résonnantes de l’industrie du hip-hop. Cela est dû à la capacité du rappeur d’Atlanta à apporter un coup de pouce à la carrière des futures stars. C’est ainsi qu’il associe des artistes tels que Common on Be et la superstar John Legend. Outre ceux-ci, il a réussi à attirer également l’attention d’autres talents émergents.
De même, le jeune rappeur Kid Cudi avait sollicité l’auteur de Donda pour décoller sa carrière musicale. Il se souvient même qu’il n’avait pas de « pitch » et précise ses efforts à se faire produire : « J’étais ce gamin qui me disait “pouvez-vous me signer ? ».
Par ailleurs, Ye a été le héros d’autres artistes comme Big Sean. Même si les rappeurs tels que Consequence et M. Hudson ne se sont pas révélés au monde sous sa houlette, les positions actuelles de Cudi et Sean sont la preuve vivante de son mentorat. Il a réussi à accentuer et mettre de lumière sur ces talents jusqu’à succès comme Jay l’a fait pour lui-même.
Plus tard, Travis Scott se place aussi sous son radar. En l’espace de quelques années, il vient révéler au grand public qu’il était resté sous les bras de Ye pour l’enregistrement du « Rodeo ».
Kanye West-Travis Scott
Grâce à Jay-Z, Kanye West est devenu un titan dans la sphère du rap américain. Sa collaboration avec les rappeurs qu’il prend sous son aile est toujours jalonnée de succès. C’est à ce titre d’ailleurs que Travis Scott le considère amicalement comme son « beau-père ».
Il va plus loin en déclarant : « Nous avons toujours eu cette relation où nous concoctons des idées. Nous [parlons] tout le temps de [trucs] aléatoires : la vie et comment nous pouvons faire mieux en tant que personnes et en tant que rock stars. Notre objectif est d’aider les gens à comprendre qui ils veulent être ».
En gros, étant dynamique à la créativité dans le monde de la musique et du design, Kanye, initialement élève de Jay-Z est devenu le maître d’un grand nombre de jeunes rappeurs américains.
Birdman à Lil Wayne
En début de sa carrière, le futur PDG de Young Money s’est vu accorder un contrat d’enregistrement à l’âge de 12 ans. En effet, cet adolescent qui allait devenir le king du hip-hop au milieu des années 2000 a reçu la bénédiction de Birdman. Ce dernier, voyant du talent en lui à cet âge, a su se muer à la fois en son patron, mais également en une figure paternelle. « Je voulais juste l’aider parce qu’il vit ma vie… » disait-il. « Je viens de voir un frère avec un certain talent et je voulais l’aider. Et c’est ce que j’ai fait ». Ainsi, c’est grâce à ce mentorat que Wayne est devenu la star la plus rentable de Cash Money.
En 2005, Weezy, grâce à ses projets bien accueillis du public, reçoit sa propre empreinte Young Money. C’est justement avec cela qu’il s’est lancé dans la création de son propre empire.
Lil Wayne transmet également la sagesse de la musique américaine
Suite à la grande réussite de sa carrière, Tunechi va parcourir l’Amérique du Nord de long en large pour mettre certaines futures superstars sous son aile. Il s’agit notamment de Drake, Nicki Minaj ou encore Tyga. À son sujet, Drake affirme en 2020 : « Cet homme a cru en moi après que tant de gens ne l’ont pas vu au début. Il est l’artiste le plus altruiste de tous les temps nous ayant poussés vers l’avant. Il a consacré toute une série de son émission à nous présenter pendant des années. Tous les éloges et le mérite lui reviennent ».
Plus loin, « le meilleur artiste de la décennie passée » s’exprime en d’autres termes sur sa collaboration musicale avec Weezy : « La 1ère rencontre n’a pas vraiment été quelque chose de crucial. C’était cool. Je pense qu’il a vu que j’étais un bon enfant, ou que j’essayais d’être un bon enfant, et je regardais juste une de mes idoles. Je suis resté sur la route avec lui pendant un moment, environ une semaine et demie. Et je pense que c’était la dernière nuit avant mon retour à la maison, nous sommes finalement entrés en studio et avons fait de la musique ».
C’est ainsi que Wayne a fait le succès de nombreux autres artistes tels que Aubrey Graham et Onika Maraj. Ces derniers sont également issus de ses instructions pour devenir des noms imposants dans le game. Cela a également été le cas avec Nicki et Thug. La preuve, la légende ne le cache pas dans ses différentes interventions. « Il vaut probablement mieux savoir que j’ai une partie de ce qui se passe avec Nicki et Drake et Thug », a déclaré Wayne à Brett Berish de Sovereign Brands lors d’un Instagram Live 2020. Il explique mieux sa relation avec eux : « ce sont des gens que je connais avec certitude, nous avons commencé par le bas. Je suis parti du sol et je les ai aidés à arriver là où ils sont arrivés. C’est comme une graine que vous n’avez qu’à arroser une fois et elle ne cesse de pousser ».
En gros, il importe de rappeler que chacun de ces protégés de Lil a pu se faire une place importante dans l’univers du rap. Ils évoluent aujourd’hui de manière totalement indépendante de leur maître.
Dr. Dre à Eminem
Vers la fin des années 90, Dr. Dre se retrouvait déjà sur un terrain assez florissant. Il avait réussi à sortir une série de singles qui faisaient énormément causer de lui. Pendant ce temps, Eminem vit encore dans des conditions précaires. Les choses vont commencer par changer pour lui après qu’un assistant d’Interscope a reçu une démo de lui. Cela s’est rendu possible grâce après son set aux Jeux Olympiques du rap de 1997. Effet, cet assistant va jouer la démonstration de Marshall Bruce Mathers III, comme il s’appelle à l’état civil, auprès de Jimmy Lovine. Ce dernier à son tour la porte à la connaissance de Dr. Dre. C’est ainsi que le producteur place Em sous son radar en participant ainsi à sa réussite musicale.
Le témoignage de l’interprète de I’m not affraid constitue d’ailleurs une preuve de son accompagnement. « Je te regarde Dre., comme, mec, je te vois tout le temps à la télévision », a déclaré Eminem sur The Defiant Ones de HBO. « Tu es l’une de mes plus grandes influences dans la vie… C’est le plus grand producteur… Je voulais juste m’assurer que pour chaque beat qu’il me joue, j’ai une rime prête pour ça. »
Cependant, il faut notifier que son succès a été mitigé au début, mais quand il a voulu décoller, il a fait sensation forte. Sous les ailes de Dre, il est rapidement devenu une superstar. Depuis qu’il s’est hissé au rang des légendes, Eminem a hâte de porter son aide à d’autres aspirants rapeurs.
Eminem, à son tour, tend la main à 50 cent
Après son succès, Em tend la main à 50 cent pour faire de lui une légende charismatique et révolutionnaire du game. Bien qu’il ait vite quitté sous le radar de son mentor, Fif a été franc sur le fait qu’il se doit d’être fidèle à son maître. À ce propos, il affirme qu’il n’aurait aucune carrière sans le concours de son mentor : « Ce serait assez difficile pour nous d’avoir une dispute, car je le tiens avec le genre d’estime que je porte à mes grands-parents. Il m’a permis de prendre soin de moi. Quand je ne pouvais pas à ce moment-là. En fait, je ne pouvais pas y arriver sans l’aide que j’ai reçue de lui ».
Sur la base de ces allégations, on peut comprendre que l’amour d’Em pour le hip-hop ne se limite pas à sa carrière. Cela prend également en compte l’aide qu’il porte à d’autres légendes en devenir.
Gucci Mane à Young Thug
Certes, les artistes évoqués jusqu’ici sont issus des années entre 90 et 2000. Toutefois, cela ne signifie que les talents de la génération actuelle ne s’efforcent d’en mettre aussi. L’incontournable de l’ATL, Young Thug enest une preuve incontestable.
En effet, Thugger a bénéficié de l’expérience de Gucci Mane. Ce dernier l’a signé et, grâce à ses prouesses, il l’a fait connaître des rappeurs aboutis au travers d’une série de collaborations. « Il m’a tout appris », a déclaré Jeffrey à The Fader en 2016. « Il m’a certainement appris à ne jamais m’arrêter. Il rappait tous les jours, toute la journée et toute la nuit. Il sera en colère contre moi si je ne travaille pas dur ». Après avoir appris l’éthique du travail inébranlable auprès de son mentor, le natif de l’Atlanta devient presque inséparable de ce dernier. Dans tous les cas, il importe de retenir qu’il a pu s’imposer à la fois aux professionnels du game et au grand public.
Par ailleurs, dans le processus de retransmission de sagesse, Thug a manifesté le même genre de volonté à l’endroit de certains nouveaux talents. Il a notamment récupéré Lil Baby et l’a incité à prendre sa carrière au sérieux. « Il m’a littéralement payé pour quitter le quartier », a révélé Lil Baby. « Il a dit, “Bruh, tu peux rapper, tu l’as compris. Tu pourrais être le prochain. Tu dois quitter le “capot… Je vais te payer pour venir au studio ».
Pour finir, Jef a également récupéré de nombreux autres artistes sous ses ailes. Il s’agit notamment de Gunna, Lil Keed, Lil Duke et plein d’autres talents du game.
En résumé, on peut notifier que la réussite de la plupart des artistes américains se base sur le principe de transmission de sagesse ou de mentorat. Les différents cas évoqués dans ce billet en sont une preuve palpable.