Rapport du GIEC: le “zéro émissions nettes”, un mince espoir (à condition d’agir maintenant)

CLIMAT - Que se passera-t-il, si le sursaut tant attendu avait bien lieu? Durant trois ans, le GIEC a agrégé les études scientifiques sur le climat les plus fiables et les plus récentes. Le but: mesurer l’impact des émissions de gaz à effet...

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Les feux de forêts, la canicule, les inondations. Ces événements sont imputables au réchauffement climatique, et vont s'accentuer, prévient le GIEC. Image d'illustration.

CLIMAT - Que se passera-t-il, si le sursaut tant attendu avait bien lieu? Durant trois ans, le GIEC a agrégé les études scientifiques sur le climat les plus fiables et les plus récentes. Le but: mesurer l’impact des émissions de gaz à effet de serre sur les températures, le niveau des océans, les glaciers et les catastrophes naturelles. Et permettre aux décideurs du monde entier de mieux lutter contre catastrophe déjà bien amorcée. 

Le 1er volet de ce travail, centré sur l’impact des gaz à effet de serre, a été dévoilé ce lundi 9 août 2021. Si cette partie du 6e rapport de l’organisation confirme que le réchauffement est “d’origine humaine”, “généralisé”, “rapide” et “de plus en plus intense”, “dans chaque région du globe”, les scientifiques du GIEC démontrent également que la crise climatique et ses conséquences dramatiques pourraient en partie se résorber, si dès maintenant, les États réduisent et compensent entièrement leurs émissions - un des objectifs de l’accord de Paris, appelé “zéro émissions nettes”.

Pour arriver à ces conclusions, le “groupe 1”, du GIEC -234 auteurs de 66 pays différents- a défini 5 scénarios prolongeant de différentes manières les émissions de gaz à effet de serre provenant des activités humaines et “responsables d’1,1°C de réchauffement depuis 1850-1900”. Deux d’entre eux décrivent une baisse marquée, jusqu’à atteindre zéro émissions nettes, autour de 2050. Les trois autres épousent des trajectoires allant de la baisse très progressive au doublement du CO2 émis par l’homme. 

1,5 degré de plus..

À court terme, ces scénarios se confondent: “En moyenne au cours des 20 prochaines années, la hausse des températures devrait atteindre ou dépasser 1,5°C de plus”, résume le GIEC. Mais si les gouvernements du monde entier s’inscrivent dans les scénarios “zéro émissions nettes” envisagés par le GIEC, en mettant en place “des réductions importantes et durables des émissions de dioxyde de carbone (CO2) et des autres gaz à effet de serre”, cela “limiterait le changement climatique (...) en 20 à 30 ans”. 

En effet, il existe désormais un consensus sur l’absence d’inertie du réchauffement climatique. Lorsque l’on coupe les gaz, l’incendie s’éteint, en partie. “Si l’on stoppe, ou compense suffisamment les émissions, le réchauffement se stabilise”, précise Sophie Szopa, chercheuse en chimie atmosphérique et auteure principale du rapport, interrogée par Le HuffPost. 

... avant de refroidir?

Autrement dit, si les États instauraient dès maintenant les politiques publiques nécessaires pour atteindre “zéro émissions nettes” de gaz à effet de serre, “la température moyenne à la surface de la Terre refroidirait, après un pic”, peut-on lire dans le résumé destiné aux gouvernements des 195 pays membres du GIEC. 

Ainsi, entre les différentes catastrophes attendues se dessine un mince espoir: “Le rapport montre que si on agit rapidement on peut avoir des bénéfices sur 10 ou 20 ans”, souligne Valérie Masson-Delmotte, paléoclimatologue et coprésidente du groupe 1 du GIEC, interrogée par Le HuffPost. La hausse des inondations, des sécheresses ou l’acidification de la surface des océans, résultant du réchauffement climatique, seraient stoppées, dans un laps de temps comparable.

Hausse inévitable du niveau des océans

Mais d’autres phénomènes persisteraient des dizaines d’années, comme la fonte des glaces. Le permafrost, cette surface gelée en permanence contenant notamment des gaz et des bactéries, ne regagnerait pas d’épaisseur avant des centaines d’années. Quant au niveau global des océans, “il continuera de monter durant le XXIe siècle quoiqu’il arrive”, peut-on lire dans le résumé à l’attention des décideurs politiques, rendu public lui aussi ce lundi 9 août. 

Sur les 5 scénarios établis, deux simulent l’impact sur le climat d’un doublement des émissions de CO2, et d’une hausse très forte des autres gaz à effet de serre, comme le méthane, en forte hausse depuis dix ans. Dans ce cas, le climat se réchauffera “très probablement“, de 2,1 ou 2,4°C à l’horizon 2050, puis de 3,6 ou 4,4, à la fin du siècle, selon la rapidité à laquelle le monde réduirait ses émissions. Les chaleurs les plus extrêmes, survenant une fois tous les 50 ans en 1900, seraient environ 39 fois plus fréquentes et 5 degrés plus intenses. 

+2°C, plus de phénomènes extrêmes

Enfin, un scénario intermédiaire, qui semble se rapprocher le plus de notre trajectoire actuelle, teste les effets d’un ralentissement très progressif des émissions, pour atteindre la quasi-neutralité carbone, en 2100. Cela aurait pour conséquence un réchauffement de l’atmosphère d’environ 2°C en 2050, et 2,7°C en 2100. 

À 2°C de réchauffement, les canicules qui survenaient 1 fois tous les 10 ans en 1900, seraient 4 fois plus fréquentes, et seraient 1,9 degré plus chaudes, en moyenne. Le GIEC reproduit cet énoncé probabiliste pour toutes sortes d’événements météorologiques: les inondations seraient 1,7 fois plus nombreuses et 10% plus graves. Les sécheresses 2,4 fois plus courantes...  

Ce 1er volet du 6e rapport du GIEC ne se prononce pas sur les chances d’atteindre ces différents scénarios. C’est le sujet d’une prochaine publication. Pourquoi alors tenter de mesurer les effets des scénarios “zéro émissions nettes” pouvant paraître idéalistes? 

Zéro émission mais peu d’actes

Nous tenions à vérifier si la stratégie ‘zéro émissions nettes’, aujourd’hui très populaire chez les décideurs, peut stabiliser le réchauffement climatique. Des travaux scientifiques récents apportent la preuve que cela peut marcher, en théorie”, explique Joeri Rogelj, climatologue à l’Imperial College et auteur principal du rapport. 

Depuis l’accord de Paris, en 2015, plus de 120 pays se sont déclarés favorables à la mise en place d’un agenda pour atteindre le net zéro, selon l’université d’Oxford. Un signal encourageant, mais rarement traduit dans la loi. En septembre 2020, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) dénonçait l’écart entre les annonces et la mise en œuvre réelle des politiques économiques et environnementales. En prenant en compte uniquement les mesures déjà promulguées, le réchauffement dépasserait rapidement les 3°C. Pour les deux prochains volets de ce 6e rapport du GIEC, attendu dans les prochains mois et explorant la faisabilité de chaque scénario, la température est donnée.

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