RDC: à Goma, une éruption limnique est le pire scénario envisagé

SCIENCE - Une éruption limnique, voilà le pire scénario envisagé depuis le réveil du volcan Nyiragongo en République démocratique du Congo, le 22 mai. Les scientifiques craignent non pas une nouvelle éruption de lave “traditionnelle” en surface,...

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SCIENCE - Une éruption limnique, voilà le pire scénario envisagé depuis le réveil du volcan Nyiragongo en République démocratique du Congo, le 22 mai. Les scientifiques craignent non pas une nouvelle éruption de lave “traditionnelle” en surface, mais une éruption souterraine, comme l’explique notre vidéo en tête d’article. 

L’éruption limnique survient quand les eaux profondes de lacs très riches en gaz remontent soudainement à la surface, libérant des quantités gigantesques de CO2 dans l’air et asphyxiant les populations alentour.

Ce type de catastrophe, rare, a déjà frappé le Cameroun en 1986, où le retournement du lac Nyos a tué près de 1800 habitants et décimé plusieurs milliers de têtes de bétail.

Antoine de Maximy avait tourné un documentaire sur place au milieu des années 1990 pour suivre une expérimentation scientifique du professeur Michel Halbwachs qui cherchait à “dégazer” ce lac. Le reporter était revenu en détail sur l’histoire du lac Nyos en mai 2020 sur sa chaîne YouTube, comme vous pouvez le revoir ci-dessous.

Un scénario peu probable, mais...

Des multiples scénarios envisagés par les experts après l’éruption du volcan Nyiragongo, celui de l’éruption limnique est de loin le plus sombre. Mais a priori “pas le plus probable”, rassure le volcanologue Patrick Allard, interrogé par l’AFP à l’issue d’une réunion avec l’Observatoire volcanologique de Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).

Actuellement, les coulées du volcan ont cessé. En revanche, le magma qui les a provoquées est en train de se propager sous terre, à une profondeur estimée entre 0 et 4 km au-dessous du niveau de la mer.

Ce “filon” de magma - des centaines de millions de mètres cubes - est déjà passé sous Goma, et se dirige vers le lac Kivu, au sud de la ville, sans qu’il soit possible de savoir précisément ce qu’il fera, selon cet expert de l’Institut de physique du globe de Paris (IPGP-UMR). Une éruption limnique surviendrait si ce magma arrivait au fond du lac.

Il s’agit d’un lac “tectonique”, qui contient dans ses profondeurs de gigantesques quantités de gaz - du dioxyde de carbone (CO2) et du méthane. Une composition particulière au Grand Rift, cet ensemble géologique d’Afrique de l’Est constitué de failles de volcan riches en gaz.

“Comme quand on ouvre une bouteille de Perrier”

Les profondeurs du lac Kivu sont donc alimentées par ces “fuites de gaz” issues du manteau terrestre. Ces gaz étant plus denses que les couches supérieures de l’eau, ils restent heureusement stockés au fond... sauf quand le lac est déstabilisé et que ses couches s’inversent, brusquement.

“Si le magma arrive, il relâche du gaz qui chauffe l’eau et remonte sous forme de bulles, ce qui vient alléger la couche profonde et lui permet de remonter à la surface. Comme quand on ouvre une bouteille de Perrier”, développe le volcanologue, chercheur émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France. 

Le lac s’est “retourné”, et laisse s’échapper son immense stock de CO2. Un gaz plus lourd que l’air - il ne s’évapore pas, contrairement au méthane - et mortel au-delà de 15% dans l’atmosphère.

Asphyxie foudroyante

“Si on le respire, notre coeur s’arrête de battre. C’est inodore, incolore, mais l’asphyxie est foudroyante”, explique le chercheur.

Au Cameroun en 1986, les habitants avaient péri dans leur sommeil, explique-t-il. Il évoque également ces 149 villageois indonésiens retrouvés morts “les uns sur les autres” après avoir traversé, sans le voir, un nuage de CO2 qui sortait du sol - ce qu’on appelle “une éruption phréatique”, du même type que sa cousine limnique et tout aussi dangereuse.

À l’échelle d’une ville comme Goma, ”ça n’est jamais arrivé”, souligne le scientifique. “Je ne pense pas que ses habitants soient exposés au risque d’une libération massive de gaz. Je pencherais plutôt pour l’hypothèse d’une éruption localisée, qui reste néanmoins dangereuse”.

Peut-on prévenir la catastrophe? Difficile de savoir, mais il existe des moyens de surveillance (capteurs sur le lac, sismographes permettant de tracer le magma...). L’évacuation de la ville de Goma le 27 mai est justement une mesure de précaution face à ce risque.

La dangerosité dépendra aussi de la direction que prendrait le nuage toxique. Pour s’en protéger, un masque à oxygène peut fonctionner.

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