Reconfinement: trois raisons qui incitent Macron à la prudence
POLITIQUE - “Reconfinement imminent”. Ainsi titrait le JDD le 24 janvier, provoquant une avalanche de commentaires et de pronostics hasardeux dans les jours qui ont suivi, sans que personne ne connaisse vraiment les intentions de l’exécutif....
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POLITIQUE - “Reconfinement imminent”. Ainsi titrait le JDD le 24 janvier, provoquant une avalanche de commentaires et de pronostics hasardeux dans les jours qui ont suivi, sans que personne ne connaisse vraiment les intentions de l’exécutif. Toute la semaine, Emmanuel Macron est resté silencieux, pendant que les membres du gouvernement redoublaient d’euphémismes pour souligner que le chef de l’État voulait s’accorder encore un peu de temps avant de prendre une décision qui serait forcément difficile pour une population déjà éprouvée par les “stop and go” successifs.
Cinq jours après la Une de l’hebdomadaire, le cycle des concertations demandé par le président de la République arrive à son terme. Et, d’un point de vue strictement politique, un “consensus” s’est dégagé quant à la nécessité de procéder à un nouveau tour de vis, assure l’exécutif. Reste à savoir lequel, l’Élysée s’efforçant de trouver la meilleure formule, d’un confinement qui ne dirait pas son nom à un “reconfinement hybride” évoqué par BFMTV. Si l’équation est si difficile à trouver, c’est notamment parce que l’exécutif doit composer avec plusieurs facteurs contradictoires.
Le poison de la défiance
Durant la semaine, un mot a particulièrement été martelé à la presse par les conseillers de l’exécutif: “acceptabilité”. Car du côté du gouvernement, on surveille avec inquiétude les signaux faibles montrant qu’une part croissante de Français conteste l’hypothèse d’un troisième confinement. Sur les réseaux sociaux, en particulier sur Twitter, le hashtag #jenemeconfineraipas a particulièrement attiré l’attention. Et pour cause, à l’heure de la rédaction de cet article, le mot-dièse comptabilisait près de 120.000 mentions, selon les données fournées par Visibrain, plateforme de veille médiatique.
Si les sondages montrent que les Français sont majoritairement favorables à l’idée d’un troisième confinement, la progression d’opinions négatives est particulièrement notable. Selon une étude Odoxa réalisée pour Le Figaro et franceinfo, 62% des Français se disent favorables à cette décision mais 42% des sondés affirment qu’ils sont prêts à transgresser les restrictions.
“Le consensus autour du confinement n’existe plus. Cette baisse est due à la lassitude, l’effet d’accumulation, le sentiment que nous sommes durablement dans un monde incertain, mais aussi à une interrogation sur l’efficacité du confinement”, prévient dans Le Monde Bernard Sananès, président de l’institut Elabe, précisant que “les atermoiements de l’exécutif ces derniers jours ont nourri le doute”. Résumé d’un conseiller de l’exécutif: “nous prenons en compte tous ces critères, notamment l’aspect psychologique”.
La détresse étudiante
Autre donnée avec laquelle doit composer Emmanuel Macron: la détresse étudiante, qui s’est affichée en Une de tous les médias ces derniers jours. Une question prise très au sérieux par l’exécutif, en témoigne l’intervention de Jean Castex auprès d’un Youtubeur, au cours de laquelle le locataire de Matignon a indiqué que les hypothèses liées à des exceptions concernant cette tranche d’âge restaient “ouvertes”. Cité par BFMTV, un conseiller élyséen affirme que “le président est plus inquiet que jamais des impacts psychologiques d’un troisième confinement”.
Raison pour laquelle l’idée de “rééquilibrer en faveur des jeunes” a été confirmée à l’AFP par un proche du chef de l’État, sans préciser quelle piste était privilégiée. Car, qui dit exception dit risque de voir le virus se propager. Par ailleurs, les étudiants ne vivent pas dans une bulle qui les tiendrait forcément éloignés de personnes à risque. D’où le caractère délicat de l’arbitrage qui sera fait par le chef d’État, sans compter les critiques en discriminations auxquelles il pourrait s’exposer en épargnant une classe d’âge de restrictions jusque-là imposées à tous.
Le coût économique et social
Les deux précédents confinements l’ont montré: mettre le pays sous cloche, ça a un coût, notamment pour les commerces. Selon le ministère de l’Économie, le confinement pourrait entraîner une perte mensuelle d’activité allant de 10 à 18% par rapport au niveau d’avant la crise. En novembre, l’activité avait baissé de 12% par rapport à son niveau de fin 2019 et en avril, de plus de 30%.
Lors du dernier confinement, la question des biens dits “essentiels” ou “non essentiels” avait cristallisé les débats, et donné lieu à des critiques dont le gouvernement se serait bien passé. Alors, pour ce confinement troisième génération, la question est la suivante: comment prendre des mesures de restrictions sans pénaliser les commerces, déjà lourdement plombés par la crise? Une équation difficile à résoudre, d’autant que la décision tombera en plein pendant la période des soldes. La Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a déjà tiré le signal d’alarme: “Si en temps ordinaire, les soldes sont une période importante pour les commerçants, cette année pour nombre d’entre eux, ils sont vitaux. Les interrompre brutalement empêcherait l’écoulement des stocks et la reconstitution de trésorerie”.
Pour éviter une fermeture pure et simple, plusieurs scénarios ont été évoqués, comme la possibilité de rester ouvert, mais uniquement pour pouvoir récupérer une commande. Resterait alors à étudier la faisabilité d’un tel dispositif. Quoi qu’il en soit, et au delà des chiffres, l’effet “stop and go” sur le commerce n’est pas sans effet sur le plan humain. Récemment, c’est le suicide d’un patron de bar dans les Vosges qui a fait couler beaucoup d’encre. Emmanuel Macron, qui lui a rendu hommage, aura nécessairement ce souvenir en tête lorsqu’il prendra sa décision ce week-end.
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