“Red Rocket”, la nouvelle pépite de Sean Baker
Après les prostitués trans des trottoirs de L.A. (Tangerine), après les gosses laissés à eux-mêmes dans les bas-fonds d’Orlando (The Florida Project), Sean Baker continue son exploration des marges de l’Amérique, dans ce Red Rocket lancé à...
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
REJOINDRE L'ÉQUIPE DE RÉDACTION
Tu penses avoir un don pour la rédaction ?
Contacte-nous dès maintenant pour rejoindre notre équipe de bénévoles.
Après les prostitués trans des trottoirs de L.A. (Tangerine), après les gosses laissés à eux-mêmes dans les bas-fonds d’Orlando (The Florida Project), Sean Baker continue son exploration des marges de l’Amérique, dans ce Red Rocket lancé à vive allure sur l’autoroute de la Compétition cannoise.
À vive allure ? Pas tout à fait. L’indolence est reine, dans ce magnifique portrait d’un ancien acteur porno en galère, qui retourne vivre chez son ex (ancienne actrice X elle aussi) et sa belle-mère toxico, à Texas City. Là, il rencontre une gamine de 18 ans moins trois semaines (détail drôlement retors) dont il tombe amoureux…
>> À lire aussi : Pourquoi il faut aller voir “The Florida Project”
Texas foreverInterprété par le génial Simon Rex, acteur de seconde zone, apparu lui-même dans quelques pornos gays dans les 90’s avant de faire un peu de télé et de série B (et Scary Movie !), et qui tient là le rôle de sa vie, Mickey Saber est ce que les Américains appellent un “hustler” : un même mot pour désigner les prostituées et les filous, ceux qui doivent se battre au jour le jour pour survivre dans une société sans filet de sécurité. Très vite, on comprend qu’il a du mal à bander, qu’il est un paria dans l’industrie du X, et la précarité de sa situation va le pousser dans les marges économiques, mais aussi, et surtout, morales. Ce glissement est précisément le sujet du film.
Mickey, assurément, n’est pas un chic type, mais il n’est pas non plus un authentique salaud. Il marche en équilibre sur un fil, et Sean Baker ne cesse de le placer dans des situations extrêmement ambigües, testant sa probité, sans jamais toutefois le faire basculer d’un côté ou de l’autre. Plutôt que de le juger, il le regarde avec une infinie tendresse, lui ainsi que sa petite communauté de glandeurs qui observent benoîtement, affalés sur des canapés miteux, Trump inexorablement monter (ça se passe en 2016, les mois précédents l’élection).
Comme toujours chez Baker, tout se concentre autour d’une poignée de lieux dont il révèle la paradoxale beauté : en l’occurrence, un magasin de donuts, des petites maisons décaties, et les cheminées d’une raffinerie de pétrole dont les flammes strient le ciel sublime du Texas. La caméra se tient toujours à bonne distance, sans forcer le sens et s’amuse avec les personnages (belle utilisation du zoom). Il y a même une dimension burlesque dans les tribulation de Mickey, baratineur de 1ère qui vadrouille avec son petit vélo, comme un adolescent qu’il n’a jamais cessé d’être.
Volontairement répétitif (c’est peut-être sa limite, d’étirer un chouia trop son chewing-gum narratif), mais d’une grande précision derrière ses airs désinvoltes, Red Rocket est une réussite éclatante.
Red Rocket de Sean Baker, en compétition – sélection officielle Cannes 2021