Réforme de la pension alimentaire: "Il y a des trous dans la raquette"
FAMILLE - Emmanuel Macron se rend mardi 5 janvier à la caisse d’allocations familiales (CAF) de Tours afin de présenter sa réforme de la pension alimentaire, en vigueur depuis le 1er janvier.Olivia Barreau, fondatrice de l’association Moi Et...
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FAMILLE - Emmanuel Macron se rend mardi 5 janvier à la caisse d’allocations familiales (CAF) de Tours afin de présenter sa réforme de la pension alimentaire, en vigueur depuis le 1er janvier.
Olivia Barreau, fondatrice de l’association Moi Et Mes Enfants, qui accompagne des familles monoparentales, fait partie des interlocuteurs sur le terrain qui avaient interpelé Marlène Schiappa sur le sujet des pensions alimentaires lors du Grand Débat. Et qui ont été consultés en amont de la réforme.
Elle revient pour Le HuffPost sur les avancées et les bémols de ce nouveau dispositif promu par le président de la République. Désormais, la CAF peut devenir l’intermédiaire entre deux parents séparés ou divorcés et gérer pour eux chaque mois le paiement de la pension alimentaire de l’un à l’autre, et ce jusqu’aux 18 ans de l’enfant.
Que pensez-vous de cette réforme de la pension alimentaire?
Ce qui est important pour nous et ce sur quoi nous travaillons, c’est le fait d’alléger au maximum la charge mentale qui pèse sur les parents à la tête de familles monoparentales. Si, grâce à cette réforme, on arrive à en soulager une partie, c’est-à-dire le temps et l’énergie que l’on passe à récupérer la pension alimentaire auprès du parent mauvais payeur, ce serait déjà une très grosse réussite.
Car se dire tous les mois qu’on a un boulet au pied, que cela va être la croix et la bannière pour récupérer cet argent, on part en début de chaque mois avec le moral à zéro. Les familles peuvent désormais se dire qu’elles ont ce droit-là, que c’est acté.
Ne plus avoir de lien direct avec le parent mauvais payeur permet aussi de se dégager de toute forme d’intimidation et de se sentir plus en sécurité.
Quels angles morts avez-vous identifiés?
Il y a toujours des trous dans la raquette et cette réforme ne change rien aux cas les plus critiques. Que faire lorsque les parents qui ne paient pas se déclarent volontairement insolvables pour ne pas avoir à être débités du montant de la pension? Il faudrait avoir la possibilité de mettre en place des moyens d’aller débusquer ces personnes-là, par exemple à l’aide d’un contrôle fiscal. Pour ces cas-là, la réforme ne change rien.
Le fait que ce soit la CAF qui s’occupe du versement de la pension peut aussi avoir un effet négatif inverse, c’est-à-dire que le parent qui refuse de payer se détache encore plus de ses enfants. Mais, là le problème vient plus d’une question d’éducation à la base, à la vie et à la responsabilité liée à la parentalité...
Une autre question qui reste non réglée: celle des familles monoparentales dont le parent se remet en couple. Car si il ou elle refait sa vie, cela ne veut pas forcément dire que la personne qui partage sa vie au quotidien va partager les frais de l’éducation de son ou ses enfants. Or, aujourd’hui, lorsqu’on se remet en couple, la pension alimentaire n’est plus versée.
Que pensez-vous du fait qu’une fois cette procédure enclenchée, elle soit automatique jusqu’aux 18 ans de l’enfant?
C’est positif. C’est dans cette direction-là, une automatisation au maximum de ces procédures, qu’il faut aller.
On pourrait peut-être envisager un système où elle serait mise en place automatiquement lors d’une séparation ou d’un divorce, avec la possibilité de signaler si on ne veut pas en bénéficier. Parce que certaines personnes parfois n’osent pas faire ce genre de demandes ou n’ont pas les bonnes informations pour y avoir recours. Ce serait plus simple, plus rapide et plus sûr pour tout le monde.
Peut-on imaginer d’autres mesures pour aller plus loin?
La question de l’imposition est primordiale pour nous. Nous ne comprenons toujours pas pourquoi la pension est défalquée chez le parent qui la paye et est imposée pour celui qui la reçoit - celle, en l’occurrence, car ce sont en majorité des femmes qui sont à la tête des familles monoparentales.
Ce serait une vraie avancée. Car il ne s’agit pas d’un revenu, il s’agit d’une aide minimum pour faire tenir le foyer. Le calcul de son montant devrait d’ailleurs être fixé en fonction non seulement des revenus du parent qui n’a pas la garde, mais aussi des besoins de l’enfant.
Les parents qui ne paient pas ne se rendent souvent pas bien compte que cet argent est là pour répondre aux besoins de l’enfant et qu’il ne s’agit pas une somme dont dispose l’autre parent à sa guise...
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