Régionales 2021: Darrieussecq regrette "l’indifférence de nos concitoyens"
POLITIQUE - Ils ne sont pas si nombreux, les ministres, à s’être engagés frontalement pour les élections régionales. Au-delà des très médiatiques Marlène Schiappa ou Éric Dupond-Moretti, tous deux candidats sur les listes de la majorité, seuls...
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POLITIQUE - Ils ne sont pas si nombreux, les ministres, à s’être engagés frontalement pour les élections régionales. Au-delà des très médiatiques Marlène Schiappa ou Éric Dupond-Moretti, tous deux candidats sur les listes de la majorité, seuls quatre membres du gouvernement Castex sont chefs de file pour les scrutins des 20 et 27 juin prochain: Laurent Pietraszewski, Marc Fesneau, Brigitte Klinkert et Geneviève Darrieussecq.
Une campagne bien difficile pour les troupes d’Emmanuel Macron entre désintérêt général et montée en puissance du Rassemblement national. Dans ce contexte périlleux, la ministre déléguée aux Anciens combattants, élue locale de longue date sous l’étiquette du MoDem, semble tirer son épingle du jeu: elle flirte avec la barre des 20% d’intentions de vote en Nouvelle-Aquitaine, à quelques jours du 1er tour.
Dans cette dernière ligne droite, Geneviève Darrieussecq espère que ses concitoyens se “mobilisent” après une campagne marquée du sceau de “l’indifférence.” “Tout ceci est très inquiétant, je voudrais que les gens se réveillent”, exhorte, la Landaise, sans ambages, qui accueillait Gabriel Attal mercredi 16 juin pour son dernier meeting, à Gradignan, en Gironde. Entretien.
Le HuffPost: On sent un climat politique particulièrement tendu en marge de ces élections régionales. Pour vous, comment s’est déroulée la campagne sur le terrain?
Geneviève Darrieussecq: La campagne se passe bien, franchement. On est bien reçu, il n’y a pas du tout d’agressivité ou de rejet. Ce qui nous marque un peu en revanche, c’est l’indifférence de nos concitoyens vis-à-vis de ces élections. Je n’en veux pas aux Néo Aquitains ni aux Français en général, on vient de passer une année difficile, compliquée, particulière, on commence à respirer un peu, à entrevoir la reprise d’une vie presque normale. Je crois que tout le monde est dans cet avenir immédiat et ne se projette pas vraiment dans les élections, mais je le regrette, car elles sont importantes. Ce sont les collectivités territoriales qui mettent en œuvre des politiques pour la vie quotidienne de chacun.
Comment faire pour aller chercher les citoyens?
Je ne sais pas s’il s’agit d’arguments, mais, pour cette fin de campagne, j’ai demandé à mes équipes d’avoir des messages très clairs, très simples: il y a des élections, ça concerne votre quotidien, allez voter car ne pas le faire c’est, en définitive, renoncer à porter les gens que vous souhaitez pour votre région. Pour moi, ça fait le lit de l’extrémisme. Tous ceux qui ont les valeurs républicaines chevillées au corps et qui veulent continuer à pouvoir vivre dans ces territoires avec des conditions démocratiques favorables, et bien il faut aller voter!
Est-ce difficile de mener ce combat électoral quand on est ministre d’Emmanuel Macron?
J’appartiens à la majorité présidentielle, je suis membre du gouvernement Castex, mais je n’ai jamais pensé que cela pouvait être un handicap, contrairement à ce qu’une certaine presse a pu expliquer sur les “ministres repoussoirs″. Mais pourquoi repoussoir? Moi je suis très fière de servir mon pays et le président de la République depuis quatre ans, à l’heure où l’on peut s’enorgueillir d’avoir été au chevet de l’économie, d’avoir aidé les plus fragiles, la jeunesse et tant d’autres dans cette crise sanitaire.
J'ai toujours pensé que le RN était une impasse. (...) Leur façon de faire campagne, d’exacerber la haine, d’utiliser les sujets clivants, de déformer la vérité, d’entretenir un discours populiste... C’est un vrai danger.Geneviève Darrieussecq, ministre et candidate aux élections régionales en Nouvelle Aquitaine
Selon les enquêtes d’opinion, les ministres têtes de liste qui s’en sortent le mieux, pour l’instant, sont issus du MoDem. Comment l’expliquez-vous? Peut-on en tirer des enseignements sur la place de votre formation dans la majorité?
Il faut bien le dire, notre parti est un pilier fort de la majorité: notre groupe de députés est de grande qualité, il fournit un travail important, il fait entendre sa voix et il a raison de le faire. Ensuite, Marc Fesneau et moi-même sommes des élus locaux, nous sommes implantés depuis longtemps dans nos territoires respectifs, nous les connaissons bien. Le MoDem a un ancrage plus ancien, des élus reconnus et des habitudes de gouvernance qui donnent, peut-être, une meilleure capacité à rassembler. J’ai pu rassembler la majorité présidentielle mais aussi plusieurs formations centristes comme l’UDI et le mouvement radical autour de mon projet régional. Le fait que je sois au Modem a peut-être facilité les choses.
Comme dans l’ensemble du pays, le Rassemblement national progresse dans votre région. Cela vous inquiète-t-il étant donné que la Nouvelle-Aquitaine n’est pas une terre historiquement favorable à l’extrême droite?
Ce n’est pas un fait nouveau. J’ai été très frappée, en 2012, lors des élections présidentielles et législatives, des poches de vote frontiste très nombreuses dans les zones rurales. En 2015, le Front national était à 23% au 1er tour dans notre région, donc le phénomène existe depuis une dizaine d’années. Il monte, même si je n’en sens pas une forte progression en Nouvelle-Aquitaine comme on peut le voir dans d’autres territoires français.
Edwige Diaz, la candidate du Rassemblement national pourrait arriver en tête au soir du 1er tour...
Elle est donnée en tête dans un seul sondage. Mais son score est de toute façon trop haut. C’est un vote dont il faut tenir compte, c’est un vote cristallisé, qui ne bouge plus et bien sûr, cela m’inquiète: j’ai toujours pensé que le Rassemblement national était une impasse sur la question politique comme celle des valeurs. Leur façon de faire campagne, d’exacerber la haine, d’utiliser les sujets clivant, de déformer la vérité, d’entretenir un discours populiste... c’est un vrai danger. Ça participe au clivage de notre société.
Pour moi il n’y a même pas de question à se poser sur le front républicainGeneviève Darrieussecq, ministre et candidate aux élections régionales en Nouvelle Aquitaine
Plus largement, les paroles politiques sont très violentes en ce moment. Tout ceci est très inquiétant, je voudrais que les gens se réveillent... Une société ne peut pas adhérer à ces discours. Les extrêmes qui arrivent au pouvoir, c’est une catastrophe pour nos libertés individuelles et collectives, une catastrophe pour notre économie, pour les plus fragiles. Ce sont ceux que ce parti essaie d’hameçonner qui en seront les 1ères victimes.
Si le Rassemblement national emporte une région, Emmanuel Macron va-t-il devoir tirer des conclusions nationales alors que son gouvernement s’est particulièrement impliqué dans les scrutins?
De toute façon, le président de la République analyse tout en permanence et il saura proposer un chemin, c’est ce qu’il faut, pour notre pays et notre société. Je lui fais confiance sur ce plan-là, comme sur le reste.
Envisagez-vous une stratégie de retrait ou d’alliance s’il existe un risque de bascule vers l’extrême droite au second tour en Nouvelle-Aquitaine?
Pour moi il n’y a même pas de question à se poser, mais je ne crois pas que dans notre région les choses se passent ainsi.
À titre personnel, vous êtes créditée de quelque 17 ou 19% dans les sondages au 1er tour. Envisagez-vous de quitter le gouvernement en cas d’échec?
Quel que soit le résultat, ce n’est pas moi qui vais décider de ma présence au gouvernement, ce sont le Président et le Premier ministre d’abord. J’accepterai toutes les solutions, je n’ai aucun problème avec ça. Je suis certainement celle qui a le plus de liberté, je n’ai aucun enjeu ou agenda caché. Mais j’ai bon espoir de faire bien plus que 20%!
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