Régionales 2021 en PACA: Macron poursuit sa conquête de LR
POLITIQUE - C’est un habile coup politique de la part de LREM qui met la droite dans tous ses états. En annonçant dimanche 2 mai, par la voix du Premier ministre Jean Castex, que la liste LREM en Paca menée par la ministre Sophie Cluzel allait...
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POLITIQUE - C’est un habile coup politique de la part de LREM qui met la droite dans tous ses états. En annonçant dimanche 2 mai, par la voix du Premier ministre Jean Castex, que la liste LREM en Paca menée par la ministre Sophie Cluzel allait rejoindre celle du candidat sortant Renaud Muselier (LR) avant le 1er tour, la Macronie poursuit sa conquête de LR.
Après avoir débauché à tout va en 2017, du Premier ministre de l’époque Édouard Philippe à Bruno Le Maire et poursuivi en 2020 lors du dernier remaniement avec la promotion de Gérald Darmanin à l’Intérieur et celle de Jean Castex à Matignon, deux sarkozystes historiques, Emmanuel Macron continue de troubler le jeu à droite.
“Champ de ruines”
Avec cet accord, dont “personne ne doute qu’il a été visé par l’Élysée”, Emmanuel Macron “veille à ce que le champ de ruines des oppositions reste un champ de ruines et ne permette pas une reconstruction”, analyse pour l’AFP Gaël Sliman, président de l’institut Odoxa. En particulier, une reconstruction de la droite, qu’il “craint le plus” car “sans l’affaire Fillon, la présidentielle de 2017 était gagnée pour elle”.
Une situation qui place LR face à ses contradictions et qui rend la tâche du parti éliminé pour la 1ère fois du second tour de la présidentielle en 2017 encore plus délicate. “Nous payons le fait que nous sommes à cheval sur une faille qui traverse tout le pays entre la France du oui et la France du non, la France des villes et la France des campagnes, la France qui réussit et la France déclassée”, analysait ce 3 mai Julien Aubert sur BFMTV. “Ces deux pôles sont attirés entre le RN et LREM. La vocation des Républicains c’est de réconcilier les deux. LR a fait beaucoup d’erreurs, nous sommes au pied du mur. Il faut montrer que nous sommes crédibles et pas une force d’appoint”, réclamait encore le député de Vaucluse.
???? "Je plaide depuis 2017 pour une clarification. (...) LREM et le RN opposent deux France."#regionales2021#PACApic.twitter.com/TebQCDU0zO
— Julien Aubert (@JulienAubert84) May 3, 2021
Mais n’est-ce pas trop tard? En quatre ans d’opposition, LR n’a pas réussi à imposer ses idées ou son programme dans le débat public, encore moins à faire émerger un ou une candidate crédible, rassembleur et définitif pour se mettre en position de remporter le pouvoir. Le parti de Christian Jacob se retrouve donc écartelé entre sa proximité idéologique avec le gouvernement, comme le prouve cette alliance dans le Sud et son attrait pour certaines idées de Marine Le Pen.
La semaine dernière, un nouveau cafouillage venait démontrer ce manque de boussole. Dans une entrevue à Valeurs Actuelles, Éric Ciotti reprenait la plupart des propositions du RN pour lutter contre la délinquance et l’insécurité et confessait: “Ce qui nous différencie globalement du Rassemblement national, c’est notre capacité à gouverner”. Une entrevue qui a fait bondir le reste du paysage politique pour sa proximité manifeste avec les idées du RN et qui a été relayée telle quelle par le compte Twitter de LR, avant de retirer le tweet dans l’embarras.
Alliance avec Dupont-Aignan acceptée
Au même moment, en Bourgogne-Franche-Comté, la droite faisait alliance avec le parti de Nicolas Dupont-Aignan pour les régionales de juin, sans que la direction du parti ne trouve rien à y redire. “Aucun des membres de la commission d’investiture des Républicains n’a émis la moindre objection. Il y a une logique. On travaille en Bourgogne-Franche-Comté avec Nicolas Dupont-Aignan parce qu’il est dans l’opposition nationale et parce qu’il se retrouve sur des valeurs de patriotisme et de gaullisme”, justifiait le chef de file LR, Gilles Platret, dimanche sur CNews. Une union qui a troublé en interne alors que l’ex-candidat à la présidentielle avait scellé une alliance de second tour avec Marine Le Pen après le 1er tour de 2017, brisant un nouveau plafond de verre pour la candidate d’extrême droite.
Deux réunions stratégiques attendent les cadres de LR dans les prochains jours. La réunion du comité stratégique mardi 4 mai au matin et celle de la commission d’investiture en fin d’après-midi. Il s’agira pour le parti de décider s’il présente ou non une liste indépendante en Paca, alors que l’investiture de Renaud Muselier lui a été retirée. “Nous devons constituer une liste en Paca pour porter haut nos couleurs et redire que nos convictions ne sont pas à vendre contre un accord électoral contre nature ou quelques portefeuilles ministériels”, plaidait le patron des sénateurs LR au Sénat, Bruno Retailleau, lundi 3 mai au matin.
La droite ne peut pas laisser faire ces petites manœuvres d’appareils. Nous devons constituer une liste en PACA pour porter haut nos couleurs et redire que nos convictions ne sont pas à vendre contre un accord électoral contre nature ou quelques portefeuilles ministériels.
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) May 3, 2021
Muselier rétropédale et laisse LREM pantois
Vu le tollé général et le risque de divisions, Renaud Muselier lui-même a rétropédalé dans la journée pour assurer sur BFMTV que “les détenteurs de mandats nationaux, que ce soit les ministres et les députés, les sénateurs et les députés européens” ne seraient pas sur sa liste, excluant de fait Sophie Cluzel et laissant ses partenaires pantois.
“J’estime que Sophie Cluzel a toute sa place, mais j’imagine qu’il a besoin de calmer le jeu alors que les LR sont prêts à le destituer”, réagissait auprès du HuffPost le négociateur du MoDem en région PACA, Philippe Michel-Kleisbauer. “C’est très dur vis-à-vis d’elle d’autant plus qu’elle a annoncé qu’elle se retirait. Elle apportera un plus”, tentait-il de peser tout en découvrant l’information en même temps que nous. “Si ça permet de garder la région...”, soufflait encore le député de Fréjus qui se dit “traumatisé” par la victoire du RN en 2014 dans sa ville et “prêt à tout pour la conserver”.
Il n’y a pas de ministres, pas de causementaires, il faut juste maintenant dire qu’il n’y aura plus de LREMPierre-Henri Dumont, député et secrétaire général adjoint de LR
Côté LR, on voyait en fin de journée lundi d’un bon œil cette ”évolution” de Renaud Muselier. “Les annonces qui viennent d’être faites montrent une évolution”, saluait pour Le HuffPost, Pierre-Henri Dumont, député LR et secrétaire général adjoint du parti, avant d’ajouter, un brin rieur: “Il n’y a pas de ministres, pas de causementaires, il faut juste maintenant dire qu’il n’y aura plus de LREM”.
Et comme une ultime pichenette dans ce jeu sans doute dangereux que joue Emmanuel Macron, l’Élysée annonçait en début de soirée lundi la nomination de Christophe Béchu, maire d’Angers, comme “président du conseil d’administration de l’Agence de financement des infrastructures de transport de France”. Ce proche d’Édouard Philippe a quitté LR en 2017, mais la prise est symbolique et le timing certainement pas dû au hasard de la part du “maître des horloges” qui entend bien reprendre la main.
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