Régionales 2021: le RN surfe sur le mouvement anti-éoliennes
POLITIQUE - Son ralliement avait fait grand bruit. En mai dernier, on apprenait qu’Yves Bonnet, ancien patron de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) se portait candidat aux élections régionales sur la liste de Nicolas Bay (RN)...
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POLITIQUE - Son ralliement avait fait grand bruit. En mai dernier, on apprenait qu’Yves Bonnet, ancien patron de la Direction de la Surveillance du Territoire (DST) se portait candidat aux élections régionales sur la liste de Nicolas Bay (RN) en Seine-Maritime. Parmi les motifs invoqués: “seul Nicolas Bay peut mettre fin au mirage éolien”. Sur le terrain, Marine Le Pen ne manque elle non plus jamais une occasion de dire tout le mal qu’elle pense de cette énergie renouvelable.
De fait, le Rassemblement national a su se saisir du mouvement anti-éoliennes pour battre campagne et s’appuyer sur les actions d’un nombre croissant d’associations locales, comme celle du collectif du Vent des maires, regroupant déjà plus d’un millier d’élus contre l’installation de nouvelles éoliennes.
Le sujet est dans l’air du temps: la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili a annoncé le 28 mai avoir lancé une cartographie des zones favorables au développement éolien, ceci afin de porter à 15% la part de l’énergie éolienne dans la production d’électricité française en 2028. Du pain bénit à moins d’un moins du scrutin des élections régionales.
La “guerre” aux éoliennes
Au delà de ses thèmes de prédilection que sont la sécurité et l’immigration, le parti de Marine Le Pen s’est ainsi trouvé un nouveau cheval de bataille avec la lutte anti-éolienne qu’il peut décliner dans presque toutes les régions. Dans les Hauts-de-France, qui détiennent le record du nombre d’implantation d’éoliennes, Sébastien Chenu propose de “faire la guerre” à cette énergie renouvelable en accusant le président sortant Xavier Bertrand d’être responsable de l’invasion des hélices dans sa région.
Le porte-parole du RN s’engage même à initier un référendum pour réclamer un moratoire des projets éoliens sur toute la région, la déclinaison régionale d’une promesse nationale du parti lepéniste.
Son collègue Julien Odoul, candidat en Bourgogne-Franche-Comté, multiplie lui aussi les initiatives pour se positionner sur ce thème porteur. Ce dernier va jusqu’à proposer un “plan de démontage” des éoliennes en activité.
Mais le combattant le plus obstiné est sans aucun doute Hervé Juvin, eurodéputé et tête de liste dans les Pays de la Loire. Partisan d’une écologie “des civilisations” louant les frontières contre “les espèces invasives”, ce “Monsieur écologie” du parti lepéniste est le pourfendeur en chef des “escroqueries renouvelables”. Dans une vidéo publiée par son groupe “Identité et démocratie” au Parlement européen, le candidat RN va jusqu’à voir derrière les éoliennes “les intérêts de la finance (et) du commerce international”.
???? Ces éoliennes détruisent nos paysages, les riverains ont-ils été consultés alors que les éoliennes sont dangereuses pour le sommeil, pour les animaux, pour les exploitations...#Localisme#Juvin2021#Regionales2021#PaysDeLaLoirepic.twitter.com/6RxpbIbHS2
— Hervé Juvin (@HerveJuvin) May 27, 2021
Écologie, identité, territoire
Nuisances sonores, conséquences sanitaires, baisse du rendement des exploitations agricoles, des ressources halieutiques... Le RN s’empare des craintes des populations locales, des agriculteurs et des pêcheurs (qui ont manifesté à Saint-Brieuc le 29 mai contre l’installation d’un parc éolien offshore) qui sont autant de clientèles électorales potentielles. D’autant que le sujet entre en résonance avec les préoccupations du parti d’extrême droite, qui a fait du “localisme” et de la préservation de l’identité des territoires les fondations de son projet écolo.
En ligne de fond: le refrain de ruraux enracinés victimes des élites urbaines déconnectées. “Ce sont les Français les plus fragiles, les plus modestes, les grandes victimes de la fracture territoriale qui sont évidemment en 1ère ligne”, a d’ailleurs taclé Nicolas Bay, également en guerre contre le “mirage éolien” en Normandie.
La préservation de la biodiversité, la protection des paysages et “du patrimoine écologique” deviennent ainsi des objets de revendication nationaliste. Hervé Juvin dénonce “la destruction de l’art de vivre tellement français”. Selon le candidat, “la véritable transition écologiste est un combat identitaire, citoyen et national”.
De quoi faire du sujet un argument électoral de poids. Un cadre du RN déclarait ainsi au journalLe JDD: “On appuie davantage sur le thème qu’en 2015 (...) à l’époque, on avait le sentiment que l’opinion publique n’était pas totalement mûre et entretenait des illusions. Mais aujourd’hui, être anti-éoliennes, c’est devenu un truc écolo”.
Rivalités et surenchères
À noter que le RN se heurte sur ce terrain à la concurrence des Républicains, dont certains membres sont très mobilisés contre cette énergie renouvelable, comme l’a rappelé la récente tribune de Stéphane Bern sur le sujet (très applaudie à droite). Résultat, l’hostilité vis-à-vis des hélices est devenue peu à peu un objet de surenchère politique entre la droite et l’extrême droite. Xavier Bertrand a par exemple dénoncé un “scandale national”, dont “la méthode de développement anarchique méprise les populations”. Attaqué sur ce thème par Sébastien Chenu, le président sortant des Hauts-de-France n’hésite pas à agiter la menace de poursuites judiciaires contre les futurs projets éoliens.
Dans une tribune publiée le 19 avril dans le journal Le Monde, 3 candidats LR, Gilles Platret, tête de liste en Bourgogne Franche-Comté, Nicolas Forissier, député de l’Indre et candidat en Centre-Val de Loire, et Nicolas Florian ancien maire de Bordeaux et candidat en Nouvelle-Aquitaine, avaient demandé “un moratoire absolu et immédiat sur tout nouveau projet d’éolien terrestre dans (leurs) régions”.
Une concurrence qui pousse les candidats à devancer la science. Ce lundi 31 mai, en visite chez un éleveur de Loire-Atlantique accusant un parc éolien de décimer son troupeau, Hervé Juvin a ainsi pointé -selon sa propre expertise - la “responsabilité des ondes électromagnétiques”.
Des “campagnes de désinformation”
Face à cette vague anti-éolienne, la ministre Barbara Pompili a tenu à démonter les “contre-vérités” accablant l’éolien. “Non, rien ne dit que l’éolien fait chuter les prix de l’immobilier, hors cas particulier” alors que l’argument immobilier est souvent employé par les militants pour décrédibiliser cette énergie verte. Elle a dénoncé des “campagnes de désinformation alimentées avec cynisme par quelques opportunistes politiques”.
Si le créneau semble porteur pour le RN, l’éolien n’est pas toujours le repoussoir espéré. Selon l’Institut de sûreté nucléaire (IRSN), 82% des Français ont une bonne image de l’énergie éolienne. Et si 41% des personnes interrogées accepteraient de vivre près d’éoliennes, ils ne sont que 22% à souhaiter vivre près d’une ligne à haute tension et 16% près d’une centrale nucléaire.
Un avant-goût des débats à venir en vue de l’élection présidentielle de 2022? Le RN, qui entend pleinement se positionner et entretenir sa singularité sur les questions environnementales, avait proposé en mars dernier un contre-projet de référendum en réponse à la Convention citoyenne sur le climat. Le parti avait alors formulé 15 questions pour “sortir d’une vision punitive ou idéologique de l’écologie”. La 7e se voulait sans détour: “Souhaitez-vous suspendre
tout projet de construction d’éoliennes?”
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