Régionales: Après la claque de LREM, quel avenir pour Guérini?

POLITIQUE - Trois ans, trois élections et deux déroutes. Voilà le bilan dans les urnes de Stanislas Guérini à la tête de la République en marche. Le moment est-il venu pour Emmanuel Macron de changer de chef de parti? Le délégué général de...

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Quel avenir pour Guérini après la claque de LREM aux régionales?

POLITIQUE - Trois ans, trois élections et deux déroutes. Voilà le bilan dans les urnes de Stanislas Guérini à la tête de la République en marche. Le moment est-il venu pour Emmanuel Macron de changer de chef de parti? Le délégué général de la formation présidentielle n’a pu que constater, dimanche 27 juin, le deuxième acte de la claque infligée à ses troupes pour ces élections régionales. 

Comme attendu, le second tour est venu confirmer le 1er: LREM, cinq petites années d’existence, n’a toujours pas l’ancrage nécessaire pour briller aux scrutins locaux. Prévisibles, les résultats de la majorité, parfois faméliques, conjugués à un taux d’abstention record, ne sonnent pas moins comme un avertissement pour le chef de l’État, à quelques mois de l’élection présidentielle.

Emmanuel Macron a beau expliquer ne pas vouloir tirer de conclusions nationales de ces camouflets régionaux, d’autres le font pour lui. Élus ou conseillers macronistes, nombreux sont ceux à ne pas avoir attendu le soir du 27 juin pour cibler le parti majoritaire, parfois son chef. Et si la plupart le font anonymement, d’autres n’hésitent pas à monter au créneau à découvert.

Une sortie du patron, mais pour aller où?

Des doutes dont Stanislas Guérini pourrait être une des 1ères victimes. L’élu, macroniste depuis le 1er jour qui fait le tour des médias pour commenter des résultats “décevants” et défendre ses militants face aux pics de son propre camp, démentait pendant l’entre-deux-tours, avoir “prévu de démissionner au lendemain des élections.” Et après? Son mandat court jusqu’à la fin de l’année 2021, comme nous le rappelle son entourage, pour qui, le délégué général “pleinement investi, n’a pas l’intention de le remettre en cause en juillet, comme certains le demandent.” 

Il n’empêche, le renouvellement du bureau exécutif de La République en marche, prévu quelques semaines après ce second tour, pourrait être l’occasion d’un départ à l’heure où son bilan est effectivement contesté en interne. Encore faudrait-il lui trouver une porte de sortie.

Remplacer Guérini, on aurait dû faire ça il y a un an, après les municipales. Maintenant c'est trop tardSacha Houlié, député LREM de la Vienne

“Les deux élections qu’il a menées, c’est une débâcle! Est-ce qu’il a les épaules pour mener la campagne présidentielle?”, faisait mine de s’interroger un conseiller ministériel, jeudi dernier dans les colonnes du Parisien, à quelques jours du second tour des régionales. Et il n’est pas le seul à douter. “Nos scores des régionales s’expliquent par notre absence de stratégie nationale. On n’a pas réussi à dire notre identité, et on n’a pas réussi à mobiliser notre électorat”, analyse pour Le HuffPost le député Sacha Houlié dans une critique de l’équipe dirigeante actuelle.

L’élu de la Vienne, réputé comme appartenant à l’aile gauche de la majorité, plaidait, lui, pour “remplacer Guérini” dès l’après-municipales. “On aurait dû faire ça il y a un an”, nous dit-il, en référence aux tensions et à la vague de démissions qui avaient ébranlé sa formation en juillet 2020, avant d’ajouter, plus fataliste: “Maintenant, c’est trop tard, ça ne vaut plus le coup. En 2017, Emmanuel Macron a gagné sans LREM, l’an prochain on sera dans la même configuration. Le président bénéficie d’un taux de confiance énorme pour un sortant, mais personne ne peut blairer LREM.” 

Dans ce contexte, c’est peut-être le patron, lui-même, qui a des envies d’ailleurs. Ou de promotion. “Il n’a qu’un souhait, c’est se barrer et être ministre”, croît savoir un marcheur historique, pour qui le député de Paris “espérait la victoire de Marc Fesneau aux régionales” pour le remplacer dans l’équipe de Jean Castex, aux Relations avec le Parlement. Las, le ministre Modem a été sévèrement battu et l’hypothèse d’un large remaniement ministériel s’éloigne.

Des bruits de couloirs, récurrents, qui laissent perplexe l’entourage du principal intéressé. ”À chaque rumeur de remaniement, on lui prête une envie, une ambition, voire même un projet personnel. Il est flatté par cela mais pour l’instant, il est à la tête de La République en marche”, nous dit-on, dans un demi-sourire. 

Au sein d’Agir, nous avons très bien travaillé avec lui. Il est disponible et a une approche fine et politique des sujetsFranck Riester, ministre délégué au Commerce extérieur et président d'Agir

D’autant que si le bateau LREM tangue, le député parisien peut compter sur des soutiens dans le reste de la majorité. “Chez Agir, nous avons très bien travaillé avec lui. Il est disponible et a une approche fine et politique des sujets”, fait valoir Franck Riester. Le ministre délégué au Commerce extérieur loue “un partenaire qui nous respecte et qui nous considère. Dans la relation avec les partenaires, il a fait le job”. 

Des qualités suffisantes pour convaincre les marcheurs? Pas sûr, quand, même du côté des “loyalistes”, on envisage de tirer les leçons de la débâcle des régionales. Sans qu’elles se limitent toutefois à des enjeux de personnes.

Que faire de La République en marche?

“Qu’on se pose en permanence des questions sur notre fonctionnement interne, c’est sain. C’est important de se remettre en question”, reconnaît Prisca Thévenot, une des porte-parole de la République en marche, après les critiques internes qui ont rythmé l’entre-deux-tours. Mais pour ce qui est de l’avenir de Stanislas Guérini “les questions qui devront se poser se poseront après les régionales, nous dit-elle: Il nous faut une ligne claire, c’est le cas. Maintenant, il faut voir comment on s’inscrit dans la suite. Et Stan, ou non, peu importe.”

Mêmes sentiments pour Roland Lescure, un député proche de l’actuel patron, que certains voient, au même titre que Gabriel Attal ou Julien Denormandie, comme un successeur potentiel. “Les choses viendront en leur temps, si elles doivent venir”, nous dit-il, sans démentir son intérêt pour la fonction. Mais l’influent président de la commission des Affaires économiques veut surtout profiter des échéances du mois de juillet pour “rassembler et remobiliser les troupes”, avant de, pourquoi pas, réfléchir à une réorganisation.

Car si l’urgence d’un changement d’équipe n’est pas partagée par tous les marcheurs, une ligne semble toutefois faire consensus: La République en marche va devoir entamer une mue, si elle veut devenir un outil au service de la réélection d’Emmanuel Macron. Mais sous quelle forme? Le sénateur François Patriat, l’un des 1ers à s’engager derrière le chef de l’État en 2016, plaide, depuis longtemps, pour une formation plus ouverte et mieux organisée. 

Il faut dépasser La République en marche, il faut garder tous nos militants et s’inscrire dans un grand mouvement de majorité présidentielleFrançois Patriat, sénateur LREM

“Il faut dépasser La République en marche, il faut garder tous nos militants et s’inscrire dans un grand mouvement de majorité présidentielle qui comprend une partie de l’UDI, les radicaux ou le mouvement Territoire de progrès”, nous dit-il, après avoir fustigé, après le 1er tour chez Public Sénat, “l’entre-soi” d”un parti présidentiel trop virtuel et pas assez concret.

D’autres, en revanche, ne veulent pas trop compter sur ces “histoires de plomberies”, selon un député marcheur. Comprendre: des discussions internes qui ne mènent pas à grand-chose. “Je ne crois pas à l’hypothèse de construire une organisation formelle, un parti qui rassemblerait autour de lui. Je n’y crois pas, chaque composante de la maison commune a sa propre histoire”, nous dit cette source bien placée à l’Assemblée pour qui toutes ces questions ne sont “qu’accessoire”, “perte de temps.”

″Un président sortant n’est pas un homme de parti. Si Emmanuel Macron est réélu, c’est parce qu’il aura réussi à mobiliser au-delà de sa base”, appuie-t-il encore, citant le cas de François Mitterrand et Jacques Chirac en 1988 et 2002 qui ne comptaient pas seulement sur l’appareil pour l’emporter. “Ce ne sera pas le candidat d’En Marche, mais on sait qu’on aura notre rôle à jouer comme force militante importante”, veut croire, de son côté, l’entourage de Stanislas Guérini, visiblement moins emballé que certains par un grand chambardement à neuf mois de la présidentielle.

Cette campagne se mènera-t-elle, alors, sur des airs de chant du cygne pour LREM? C’est après sa victoire écrasante sur Jean-Marie Le Pen, que Jacques Chirac avait décidé de réunir la droite et le centre au sein de la grande maison UMP, contribuant à la mort du RPR qu’il avait créé 25 ans plus tôt.

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