Régionales en Paca: la droite a-t-elle pris LREM à son propre piège?

POLITIQUE - Après des jours à s’arracher les cheveux, on bombe le torse ce mercredi 5 mai chez Les Républicains, après l’issue de la Commission d’investiture, confirmant que Renaud Muselier pouvait bien se présenter sous l’étiquette LR en Paca,...

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Le président LR de la région Paca Renaud Muselier à sa sortie du siège des Républicains à Paris

POLITIQUE - Après des jours à s’arracher les cheveux, on bombe le torse ce mercredi 5 mai chez Les Républicains, après l’issue de la Commission d’investiture, confirmant que Renaud Muselier pouvait bien se présenter sous l’étiquette LR en Paca, mais sans que ce dernier puisse sceller d’accord avec LREM, en dépit du soutien apporté par le Premier ministre Jean Castex au président sortant. Un dénouement célébré comme une victoire par l’état-major du parti de droite. 

“Le Premier ministre s’était avancé en annonçant qu’il y avait un accord entre Les Républicains et La République en marche” en Paca mais “il a reçu une gifle qui, à mon avis, a eu des résonances jusqu’à l’Élysée”, s’est félicité sur RTL le président des Républicains Christian Jacob. Même satisfaction affichée par Gérard Larcher, le président LR du Sénat. “La recomposition politique annoncée de Paris par le Premier ministre a échoué”, a-t-il estimé, applaudissant “la journée de clarté” vécue mardi par le parti de droite.

“Opération de sauvetage” 

“Le Premier ministre a tenté de forcer la porte, il vient de la prendre en pleine figure”, réagissait dès mardi soir le numéro 2 du parti, Aurélien Pradié. Des éléments de langages qui, en réalité, cachent mal la crise traversée par le parti de la rue Vaugirard qui, quoi qu’en disent ses responsables, n’est parvenu qu’à sauver les apparences.

Ce que constate par ailleurs le député LR des Bouches-du-Rhône Guy Tessier. “Je dirais que c’est une opération de sauvetage en quelque sorte qui s’est opérée hier avec un accord qui n’est finalement pas quelque chose de certain”, analyse l’élu de droite sur France Bleu Provence-Alpes-Côte d’Azur, considérant que, malgré ce qui est dit en façade, la situation débouchera sur une alliance qui ne dira pas son nom: “Au lieu de foncer avec son bilan positif, il va s’allier, il va faire une espèce de contrat à somme nulle avec un parti qui n’a pas d’élus”. 

Et au regard de ce qu’en dit Renaud Muselier, difficile de lui donner tort. Ce mercredi sur France 2, le président de la région Paca a laissé la porte ouverte à l’accueil de Sophie Cluzel sur sa liste, à la condition qu’elle quitte le gouvernement. “Si madame Cluzel veut démissionner, apporter ses compétences de responsable des handicapés pour le redémarrage de la région, je prends les compétences d’où qu’elles viennent, comme je l’ai fait durant cette période de crise pour faire en sorte que ma région fonctionne”, a-t-il déclaré.  

Une hypothèse qui, le cas échéant, reviendrait sans le dire à accueillir des macronistes sur sa liste, sans pour autant franchir la ligne rouge tracée par son parti, exigeant “qu’aucun causementaire En Marche et aucun membre du gouvernement” n’en fasse partie. Une situation qui présente l’avantage pour Les Républicains de ne voir aucune liste LREM face à celle de Renaud Muselier, mais qui sera forcément perçue comme une forme d’accord tacite entre les deux formations. Ce qui était bien l’objectif de l’exécutif.  

Pousser LR à la division

Autre élément permettant de relativiser la victoire revendiquée par Christian Jacob, les divisions internes sur lesquelles l’initiative de Jean Castex a jeté une lumière crue. Après la sortie hasardeuse d’Éric Ciotti sur la différence entre LR et RN, la perspective d’un accord à Paca a poussé le parti de la rue de Vaugirard à s’interroger sur ses alliances avec le parti de Nicolas Dupont-Aignan Debout la France (comme c’est le cas en Bourgogne-France-Comté). 

“On ne peut pas s’allier avec Debout la France tant que Debout la France n’a pas renoncé à la stratégie qui l’avait conduit en 2017 à soutenir madame Le Pen”, a estimé sur franceinfo Gérard Larcher. “Le combat contre le RN doit être total, sans ambiguïté possible”, a renchéri le président du groupe LR à l’Assemblée nationale Damien Abad, rappelant que “Nicolas Dupont-Aignan devait être le Premier ministre de Marine Le Pen”. 

Dans son communiqué réaffirmant l’investiture à Renaud Muselier, le président des Républicains Christian Jacob a rappelé qu’ils restaient “les opposants déterminés à l’idéologie du Rassemblement national”. Or Gilles Platret, tête de liste LR en Bourgogne-Franche-Comté, a confié la tête de sa liste départementale dans la Nièvre à Pascal Lepetit, un membre de DLF et ancien du Front national. Une situation qui ne fait que renforcer le discours de la majorité dans le sillage de l’annonce en Paca, insistant sur la coexistence au sein de LR de “deux droites irréconciliables”.  

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